Je suis ton ombre

De Morgane Caussarieu. Mnémos, 2016. Fantastique horrifique Excellente lecture. [330 p.]

Collection : Hélios.

Première édition : 2014 (page éditeur)

jesuistonombreRésumé : « Dans un village du Sud-Ouest de la France, un jeune garçon vivant avec son père handicapé, seul, malheureux, en échec scolaire, souffre-douleur de ses camarades, fait de son mieux pour survivre dans le désordre de sa vie. Le jour où il trouve un étrange carnet dans une maison calcinée, peut-être hantée, sa vie va basculer encore un peu plus dans l’horreur. Fasciné par ce petit livre, il l’ouvre et voit sur la première page : « Si tu lis ces lignes, prie pour que je ne sois pas déjà mort sinon c’est toi qui mourras. » Intrigué autant qu’effrayé, il continue sa lecture…« 

« Je suis ton ombre est un roman sombre, totalement atypique et l’un des meilleurs dans son genre. » nous vend l’éditeur, et je ne peux qu’être d’accord, encore que j’aie lu trop peu d’horreur / épouvante (bien peu de choses à côté de Stephen King) pour comparer ce roman à ses pairs.

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Le Protectorat de l’ombrelle, T.5 : Sans Âge

De Gail Carriger. Orbit, 2014. Fantasy urbaine / steampunk. Très bonne lecture. [445 p.]

Titre original : Timeless, 2012.

sansageRésumé : « Lady Alexia Maccon est en pleine béatitude domestique. Une béatitude à peine troublée par la fréquentation de quelques loups-garous de la haute société ou le comportement d’un bambin précoce ayant des dispositions incontrôlables au surnaturel… Mais Alexia vient de recevoir un ordre qu’elle ne peut ignorer. Avec mari, enfant et famille Tunstell au complet, elle embarque à bord d’un bateau à vapeur pour traverser la Méditerranée. Direction l’Égypte, une terre qui pourrait bien tenir en échec l’indomptable Alexia. Que lui veut la Reine vampire de la ruche d’Alexandrie ? Pourquoi un ancien fléau s’abat-il de nouveau sur le pays ?« 

Dernier tome de cette excellente série, prêté par Lynnae qui l’a également dévorée (ça remonte à loin mais je me demande bien si ce n’est pas elle qui me l’avait conseillée au départ d’ailleurs !).

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Les Aventures de Pinocchio

De Carlo Collodi. Éditions de Crémille, 1973. Conte / récit d’aventures jeunesse. Bonne lecture. [247 p.]
Titre original : Le avventure di Pinocchio, storia di un burattino, 1881-1883 (parution en feuilleton)
pinocchioRésumé : Pinocchio est un pantin parlant et bougeant, créé à partir d’une bûche de bois quelconque par un artisan démuni. Cela ne l’empêche pas de vouloir se comporter en petit garçon, avec toutes les difficultés du monde pour s’intégrer au monde des hommes à cause de son manque total de moralité, de volonté ou de gentillesse. Son caractère, qu’il désire pourtant changer, va lui causer maints tracas et mésaventures.
Encore un ouvrage de cet éditeur suisse qui m’est complètement inconnu mais qui publie (publia ?) des jolis petits classiques qui se tiennent bien en main, ont une mise en page très agréable, des dessins un peu partout (un peu vieillots à mon goût mais aussi assez en phase avec le contexte de l’histoire !), et sont reliés (simili- ?)cuir pour ne rien gâcher. Bref, de beaux objets à avoir dans sa bibliothèque !

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1502

De Michael Ennis. Le Cherche-Midi, 2013. Roman historique policier. Excellente lecture. [569 p.]
Titre original : The Malice of Fortune, 2012
1502Résumé : « Les Borgia règnent sur l’Italie. Le pape Alexandre VI, de son vrai nom Rodrigo Borgia, apprend que l’on vient de retrouver un indice qui permettrait peut-être d’expliquer, cinq ans après les faits, le meurtre mystérieux de son fils ainé, Juan. Une amulette dont celui-ci ne se séparait jamais est en effet réapparue près du corps d’une inconnue assassinée à Imola, siège de la cour de son autre fils, le Prince César Borgia. Il charge alors Damiata, l’ex compagne de Juan, d’élucider ce mystère. À Imola, Damiata apprend que le cadavre de l’inconnue, atrocement mutilé, a été confié à l’ingénieur général auprès de César Borgia, un certain Léonard de Vinci, passionné d’anatomie et précurseur de la médecine légale. Alors qu’elle vient de faire la connaissance d’un diplomate florentin, Nicholas Machiavel, en mission secrète auprès du Prince, une seconde femme est retrouvée assassinée dans des conditions tout aussi atroces. Damiata, aidée de Leonard de Vinci, l’éminent scientifique, et de Machiavel, le fin connaisseur de l’âme humaine, se mettent alors sur la piste d’un tueur, dont l’intelligence et l’érudition n’ont d’égale que la perversité. Bien vite, il apparaît en effet que celui-ci agit selon un schéma bien précis, en forme d’énigme, comme un défi lancé aux plus grandes intelligences de son temps. Œuvre monumentale, qui a demandé à son auteur plus de dix ans de travail, 1502 fourmille de détails sur la vie de Léonard De Vinci, dévoile l’histoire secrète qui a inspiré à Machiavel son chef d’œuvre, Le Prince, et recrée avec un rare bonheur ce moment de l’histoire de l’humanité où l’esprit de l’homme – et sa dimension criminelle – est entré dans l’époque moderne. Il ravira autant les amateurs d’Histoire que de suspense.« 
J’ai commencé ce roman il y a près de deux mois, et ai achevé sa deuxième moitié cette après-midi ! Eh oui, je ne sais pas pourquoi mais j’ai eu énormément de mal à avancer dessus, tout en ne lui trouvant aucun défaut (ou très peu). Il faut croire que je n’avais tout simplement pas très envie de lire ce style de livre. Quoi qu’il en soit, je ressors de ma lecture enchantée, et encore un peu perdue dans les méandres politiques et la richesse intellectuelle de cette Italie post-Quattrocento.
Loin d’être un thriller historique, c’est plutôt un « simple » roman policier. Oui, il se passe des choses horribles et les héros sont en danger, mais le rythme reste assez lent et entrecoupé de moments qui sont soit politiques, soit romanesques, soit historiques… C’est super intéressant mais ça n’a rien à voir avec Grangé, Maxime Chattham ou même Dan Brown. Il n’y a pas quantité de péripéties, chacune se passe assez vite et n’apporte pas forcément de dévoilement de l’énigme sur l’instant, et les mystères mêmes sont en assez petit nombre. Le côté historique prime largement, les personnages ont peu de moyens d’enquêter, et donc galèrent pas mal ! 😉
En fait le livre est très riche et touche à beaucoup de domaines, et j’ai véritablement senti les recherches effectuées par l’auteur. D’ailleurs je pense que le foisonnement de références et d’informations peut être vu comme une gêne autant que comme un plaisir : par exemple, l’auteur émaille son texte de mots italiens (en italique, hihi) : vecchia, designo (deux significations, il joue beaucoup avec d’ailleurs ! 😉 ), mappa, palazzo, ainsi que beaucoup d’autres. J’ai fait du latin et un peu d’italien, donc je reconnaissais la plupart des mots, qui sont de toutes façons explicités la première fois qu’ils apparaissent, dans leur majorité. Cependant j’imagine que ça peut perdre certains lecteurs – j’ai une expérience semblable assez mauvaise d’une trilogie de Arthuro Perez-Reverte : je ne conseille pas du tout ces livres à quelqu’un comme moi qui ne connaît rien de l’Espagne et s’en fiche assez royalement ! 1502 est aussi rempli de références intellectuelles et littéraires : le Prince, ainsi que les autres écrits de Machiavel, que je suis super contente d’avoir lu puisque ça m’a permis de relier plein de choses et de me remémorer la plume de cet auteur ; la Divine Comédie dont la lecture ardue a enfin pu également me servir à quelque chose 🙂 ; et tout un tas d’autres références à la mythologie latine, la culture romaine, les mœurs italiennes de la Renaissance, les Borgia, le fait que l’Italie n’était pas unifiée à l’époque mais constituée de différents Etats dépendant de villes (Venise, Florence…), les auteurs antiques classiques tant grecs que latins, les inventions de Leonardo da Vinci, les prémices de la médecine et de la psychologie/psychiatrie… Bien sûr je n’ai pas toutes ces références, et j’ai très bien suivi la plupart des propos de l’auteur (sauf, comme toujours, certains rouages politiques) – mais je pense que quelqu’un qui n’en connaîtrait aucune pourrait se retrouver perdu assez vite.
De même la langue est très riche, et bien que je n’ai pas eu de réelle difficulté à lire le livre je ne le qualifierais pas de lecture facile même au visu du style. J’ai d’ailleurs relevé quelques mots que j’aimerais rechercher dans le dictionnaire.
Je me suis très vite attachée aux personnages, qui ne sont en fait pas si nombreux. Simplement je me suis beaucoup perdue dans les liens politiques et familiaux, me référant souvent à l‘index des personnages sagement prévu par l’auteur au début du livre ! Bien sûr Damiata et Niccolò (Machiavelli, tous les personnages ont tendance à être appelés par leur prénom) ont ma préférence – j’ai juste eu un instant d’hésitation quand Machiavel est passé en tant que narrateur via la plume d’Ennis, vers le milieu du roman – et finalement je m’y suis faite et je l’ai même trouvé plutôt convaincant. J’ai également remarqué et apprécié les citations de l’historien données au début de chaque chapitre – pour moi Ennis lui a rendu dans cet ouvrage un très bel hommage, et je ne doute pas que certains lecteurs vont se tourner vers ses écrits ! J’ai eu nettement moins d’atomes crochus avec Leonardo (da Vinci), qui m’a paru plus proche du savant fou qu’autre chose, et carrément moins humain, tout simplement. On voit venir la romance de trèèèès loin, mais je l’ai trouvé bien intégrée à l’histoire, jolie, et n’empiétant pas trop sur le reste, en un schéma somme toute très classique.
A la fin de l’ouvrage l’auteur donne des précisions sur les faits réels dont il s’est inspiré, et la fiction qu’il y a ajouté. J’apprécie toujours le geste, je trouve que ça donne plus de valeur au livre. 🙂

Une planète dans la tête

De Sally Gardner. 2013. Science-fiction (dystopie) jeunesse. Excellente lecture. [254 p.]
Titre original : Maggot Moon, 2011.
Une planète dans la tête de Sally GardnerRésumé : « Depuis que ses parents ont dû fuir la répression d’un gouvernement brutal, Standish vit avec son grand-père dans la « zone 7 », celle des impurs, privés de tout, surveillés en permanence… Dyslexique, il subit à l’école brimades et humiliations jusqu’au jour où il se lit d’amitié avec son nouveau voisin, Hector. Ensemble, ils rêvent de s’évader sur Juniper, la planète qu’ils ont inventée. Mais Hector et ses parents disparaissent sans laisser de trace… Ont-ils été supprimés ?« 
« Un livre coup de poing » promettait la 4e de couverture – et, une fois n’est pas coutume, je suis d’accord avec cette affirmation. Je ne pense pas qu’on puisse rester indifférent à ce livre, ni en ressortir indemne.
Je repensais à 1984, puis aux « nouvelles dystopies » comme Hunger Games, et je me disais que la focalisation n’est en fait pas du tout la même, et que c’est peut-être bien un des éléments qui font toute la différence, qui font qu’il y a malgré tout deux lectorats, même si le mot « dystopie » est également utilisé pour les… néo-dystopies (allez hop ! adopté 🙂 ). Je n’ai pas tourné la dernière page triste d’abandonner le héros, je n’ai pas été impatiente de connaître la suite au fil du livre – ou en tous cas pas la même impatience qu’en lisant les aventures de Katniss. Ce livre me laisse un sentiment d’horreur, une sensation d’angoisse, et absolument aucun frisson de plaisir même coupable. Bienvenue dans un monde qui ne marche pas (dys-topie), qui écrase les gens, qui leur rend la vie dure et n’est en rien sauvé par des éléments narratifs « mignons ». Pas de petite sœur adorable à protéger, pas d’amourettes qui font battre nos petits cœurs d’artichauts, pas même d’espoir clairement affiché – ou si peu (j’ai pourtant aimé Hunger Games, mais les deux romans n’ont juste rien à voir) ! Inutile de préciser que la fin sera très loin d’être hollywoodienne, on s’en doute assez vite. Et pourtant, c’est bien du « jeunesse/ado », dans la forme et les codes ;).

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