Les Mots à la con

De Pierre Merle. Mango (Coll. Mots & Cie), 2005. Liste. Bonne lecture. [113 p.]
lesmotsRésumé : « Qu’y a-t-il de commun entre des mots comme eurocouple, convivialisation, gérer et espace ? A priori, rien. Le premier est une hasardeuse retombée conjugale de l’union européenne, le deuxième un avatar de l’omniprésente « convivialité « . Les deux derniers, bien que fort fréquentables puisque présents dans tous les dictionnaires, ne veulent plus dire grand-chose à force d’être surutilisés. Tous sont des mots à la con. Véritable  » industrie de proximité  » (pour employer une expression particulièrement à la con), la machine à fabriquer du mot à la con fonctionne, en ce début de siècle, à plein régime. Le mot à la con est à la mode et nous y succombons tous peu ou prou. Le tout est de le savoir. Et surtout de savoir en rire !« 
Ce petit ouvrage m’a quasiment sauté dans les bras, posté qu’il était en exposition au milieu d’un rayon. Je distinguerais plusieurs catégories de mots recensés :
– les mal utilisés de manière commune, fréquente (« au jour d’aujourd’hui »)
– les anglicismes ayant fait irruption en remplaçant des mots français déjà existants (« initialiser », « looser », « low cost »)
– ceux qui ont perdu tout sens, sont devenus trop synonymes de trop de choses (« improbable », « convivial », « magique »)
– les OVNIs médiatiques (« inforexiques », « écriture bloguienne » – oui, ce dernier est censé nous concerner, ou plutôt pas, enfin j’espère pas ! – en tous cas je ne l’ai jamais entendu ni lu, « télécrate »)
– les tendances langagières (« grave », « la cata », « lâcher prise »)
– des… néologismes ? (« intrusif », « pathos »)
– du verlan (« kesmo », « gen-ar »)
– le trop recherché/politiquement correct (« jouets sensibles », « orientation sexuelle », « quartier sensible », « tir ami »)

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Apprendre et mémoriser l’orthographe par la logique et le raisonnement

De Jean-Pierre Colignon. Ellipses : 2013. Manuel. Bonne lecture. [157 p.]
orthocolignonRésumé : « Chacun peut apprendre et mémoriser l’orthographe par le bon sens, parla logique, par le raisonnement. Fondé sur la conviction que culture générale et maîtrise du français sont indissociables, cet ouvrage pratique offrira au lecteur une explication claire sur l’origine de plus de 800 mots et expressions, dont l’orthographe est souvent sujet à questionnement. Il lèvera ainsi tout doute quant à leur écriture et assurera au lecteur une meilleure aisance dans son expression.« 
Honnêtement, je me suis ennuyée sur ce livre. Je pense que mon entraînement et mes lectures pour la Certification Voltaire il y a deux ans y est fortement pour quelque chose : j’avais emprunté cet ouvrage pour parfaire mon orthographe, pour trouver qu’il n’y avait plus grand-chose* à faire. D’ailleurs il y a tout même plein de mots que je ne saurais utiliser au quotidien que je sais néanmoins parfaitement écrire, quand à côté j’écris très souvent « rappeller » –‘ (c’est pourtant simple quand j’y réfléchis !). J’ai néanmoins interrompu ma lecture à la lettre L, que ce ne soit pas mon envie du moment, ou que vraiment ça m’ait lassé à cause du manque de nouveautés dans mon cas.
Bien entendu je continue de me planter régulièrement sur des choses particulières, et aussi des choses plus communes, mais c’est d’entraînement et d’automatisation dont j’ai besoin, la théorie je l’ai déjà lue et quand je la relis souvent ça me paraît absolument évident.
Ce livre donne donc des explication étymologiques, logiques, et relativement détaillées (en 2-10 lignes en général, parfois plus si cas particulier) sur les mots « difficiles à orthographier », toute objectivité mise à part, puisque je vais me planter là ou mon voisin n’aura jamais eu de mal ! J’ai trouvé absents certains mots que j’y aurais intégrés, et à côté je n’ai pas vu l’utilité de mettre certains termes footballistiques évidemment totalement britanniques, par exemple. Cependant cela reste un ouvrage utile plutôt bien pensé et conçu, que je ne saurais déconseiller à ceux qui auraient envie de booster leur niveau d’orthographe. Bien entendu, les mots sont présentés par ordre alphabétique, accompagnés d’exemples et de contre-exemples, et tout ça écrit et présenté de manière plutôt claire, même si l’auteur s’amuse de temps en temps à nous rappeler ce que c’est qu’un épicène ou une antonomase, ou à faire référence à des œuvres de manière non explicite (non, je n’ai pas vu l’adaptation de César de Pagnol, non j’ai rien suivi à votre bon mot) ! On va dire que malgré quelques petits détails critiquables, le but de l’ouvrage est respecté.

 

* De fil en aiguille je me suis tout de même rendu compte que j’écris systématiquement et soigneusement « grand’chose », ancienne orthographe. D’avant 1990 ? Non, non : d’avant le XXe. 😀 Je vais me corriger.

Une planète dans la tête

De Sally Gardner. 2013. Science-fiction (dystopie) jeunesse. Excellente lecture. [254 p.]
Titre original : Maggot Moon, 2011.
Une planète dans la tête de Sally GardnerRésumé : « Depuis que ses parents ont dû fuir la répression d’un gouvernement brutal, Standish vit avec son grand-père dans la « zone 7 », celle des impurs, privés de tout, surveillés en permanence… Dyslexique, il subit à l’école brimades et humiliations jusqu’au jour où il se lit d’amitié avec son nouveau voisin, Hector. Ensemble, ils rêvent de s’évader sur Juniper, la planète qu’ils ont inventée. Mais Hector et ses parents disparaissent sans laisser de trace… Ont-ils été supprimés ?« 
« Un livre coup de poing » promettait la 4e de couverture – et, une fois n’est pas coutume, je suis d’accord avec cette affirmation. Je ne pense pas qu’on puisse rester indifférent à ce livre, ni en ressortir indemne.
Je repensais à 1984, puis aux « nouvelles dystopies » comme Hunger Games, et je me disais que la focalisation n’est en fait pas du tout la même, et que c’est peut-être bien un des éléments qui font toute la différence, qui font qu’il y a malgré tout deux lectorats, même si le mot « dystopie » est également utilisé pour les… néo-dystopies (allez hop ! adopté 🙂 ). Je n’ai pas tourné la dernière page triste d’abandonner le héros, je n’ai pas été impatiente de connaître la suite au fil du livre – ou en tous cas pas la même impatience qu’en lisant les aventures de Katniss. Ce livre me laisse un sentiment d’horreur, une sensation d’angoisse, et absolument aucun frisson de plaisir même coupable. Bienvenue dans un monde qui ne marche pas (dys-topie), qui écrase les gens, qui leur rend la vie dure et n’est en rien sauvé par des éléments narratifs « mignons ». Pas de petite sœur adorable à protéger, pas d’amourettes qui font battre nos petits cœurs d’artichauts, pas même d’espoir clairement affiché – ou si peu (j’ai pourtant aimé Hunger Games, mais les deux romans n’ont juste rien à voir) ! Inutile de préciser que la fin sera très loin d’être hollywoodienne, on s’en doute assez vite. Et pourtant, c’est bien du « jeunesse/ado », dans la forme et les codes ;).

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