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L’Héritière du Temps
De Ludovic Rosmorduc. Jeunesse historico-fantasy. Pas si mauvais finalement, mais a manqué le « Raté » de peu.
Résumé : « La fête du solstice d’été amène chaque année à Sétiladom son lot de marchands ambulants et de curiosités. Il semble que cette saison ne fera pas exception car d’inquiétants phénomènes commencent à se produire au sein de la ville : à une grossesse contre nature succède en effet l’arrivée tonitruante d’une émissaire du Diable. Ces événements suffiront à convaincre la Sainte Inquisition d’intervenir. Et si le Grand Inquisiteur est assuré du bien-fondé de sa cause, il se pourrait qu’il soit également mu par des motivations plus sombres. Héritiers de l’histoire de la Cité Ocre, mais surtout de la sagesse du vieil érudit Ambroise de Liemmos, l’alchimiste Yorel, le guerrier Dungal et leur protégée de toujours, Sixéla, vont tout mettre en oeuvre pour découvrir ce qui se cache derrière ces manifestations démoniaques.«
Je ne suis pas à la page 100 que j’ai déjà un souci, de taille. Bon, techniquement c’est un détail, mais partant du principe qu’un livre se doit d’être cohérent, cohésif, et tout ce que vous voulez, je suis étonnée, surprise, ébahie voire carrément agacée quand je tombe sur des éléments ne collant pas du tout entre eux, jouant sur deux types de public différents, ou que sais-je encore.
D’après ce que je vois, l’auteur veut instaurer du suspense, une atmosphère sombre, oppressante, inquiétante. Malheureusement il s’est sabordé lui-même, dès les toutes premières pages, du moins en ce qui me concerne.
En effet – dommage pour ce monsieur – je suis grande amatrice de mots mêlés, et ma vitesse de lecture est suffisamment rapide pour que je lise parfois des choses sans avoir le temps de détourner les yeux. Je décerne donc le premier prix de « Manque d’inspiration additionné de manque de sens » concernant les noms propres suivants, qui me pourrissent ma lecture depuis le début, au point que j’en suis à les lire « correctement » depuis quelques pages : la ville de Sétiladom, la forêt d’Ertenef, le seigneur de Liemmos, l’héroïne Siléxa (qui serait « passée » sans aucun souci si elle était la seule dans ce cas, mais qui du coup me fait sans arrêt de l’œil), et Yorel, par conséquent, alors qu’en temps ordinaire ce nom ne m’aurait jamais choqué, dont j’espère très très fort qu’il n’ait pas un pote qui s’appelle Nilrem (vous voyez où j’en suis !…) Le personnage nommé Cudromsor aurait également pu être sujet à humour, aurait pu être exploité je ne sais comment – mais non, il se contente de faire une apparition qui ne sert à rien mis à part de me faire sortir une fois de plus de l’histoire et aller me cogner la tête contre le mur le plus proche.
Arrivée à la moitié du livre, les personnages ont quitté la région initiale, me soulageant quelque peu de bagages linguistiques handicapants ! Finalement j’entre dans l’histoire, qui ne casse pas des briques question originalité mais pose des intrigues politiques et religieuses pas si mal explicitées et décrites (avec un poil, mais juste un poil, de magie).
Dommage pour un auteur qui a un potentiel lexical et syntaxique tout à fait honorable, voire très bon. Je suis allée chercher deux ou trois termes dans le dictionnaire, et les descriptions sont particulièrement concrètes et complètes.
Je finis donc ce livre avec un peu moins de frustration qu’à la page 106, mais il ne restera pas dans ma mémoire.
La Divine comédie
De Dante Alighieri. 13** (début du siècle). Récit allégorique en vers. Lecture très instructive, mais difficile.
Titre original : La Divina Commedia
J’ai beaucoup à dire sur cette lecture, que je voulais faire depuis longtemps tout en me doutant qu’elle ne serait pas simple. Je vais parler un minimum de la structure du livre, mais dans ce cas précis il me semble que c’est primordial.
Un petit résumé à ma sauce : Dante, poète florentin, rencontre Virgile (poète romain, donc, auteur de l’Enéide), qui l’invite à aller dans l’au-delà, en passant par les Enfers et jusqu’au Paradis. Ça tombe « bien », Dante a justement perdu sa fiancée, la belle Béatrice, morte 11 ans plus tôt ; c’est l’occasion de la retrouver.
Ce sera tout pour le côté « actif ».
De là découlent trois livres, sans surprise : Enfer, Purgatoire, Paradis, composés chacun de 33 chants – comme les chants homériques. Pour les amoureux de la poésie : Dante utilise dans sa langue l’hendécasyllabe (vers de 11 pieds), ce qui est plutôt original. Oui, parce que ces 500 pages (grand format !) sont écrites intégralement en vers. Le terme « comédie » est utilisé car l’auteur l’a écrit en langue vulgaire, commune, car l’œuvre est adressée à un grand public. Le mot a aujourd’hui un autre sens qui n’est pas approprié ici. Bien qu’écrit avant le début de la période, la Divine Comédie est souvent retenu comme une préface au style et aux idées de la Renaissance.
Un souci technique s’est imposé à moi dès le départ : je n’aime pas (trop) lire de la poésie, or ce livre n’existe qu’en traduction en vers, du moins dans mon entourage immédiat. Je n’avais pas (je n’ai toujours pas) envie de l’acheter, ne sachant pas à quel point il allait me plaire ou m’être utile. En effet, ma principale raison de me lancer dans une lecture aussi ardue est essentiellement la frustration de voir des citations et références à cet auteur un peu partout, sans en connaître la source originale ; il fallait donc que je trouve une version la plus « lisible » possible, pour pouvoir avoir accès au texte, sans simplement aller chercher un résumé sur la Wiki*, ce qui donne forcément une version épurée, synthétisée. Or, l’essentiel du livre repose sur des références, des symboles, des métaphores : rien qui ne puisse réellement être transmis par un résumé ! Après avoir trouvé une version poche à la typographie dégueulasse (l’encre bavait de partout –‘) et traduit de façon vieillotte – voire pompeuse – à la médiathèque où je vais d’habitude, j’ai fini par trouver mon bonheur à la bibliothèque municipale, qui contient un fonds plus classique mais aussi plus ancien, et des beaux livres.
* Ledit résumé est ironiquement beaucoup moins détaillé quand il s’agit d’expliquer les histoires politiques et théologiques du Paradis que pour décrire les scènes de torture des Enfers.
Voilà la bête 😀
Un beau bébé de cinq kilos environ, 34 x 25,5 x 6 cm à la louche, relié en tissu, avec de belles pages cartonnées, une typographie très lisible, et une traduction moderne d’une spécialiste de l’œuvre : Jacqueline Risset, sur deux colonnes très claires, s’il vous plaît ! Ajoutez à cela une préface, des annexes, des notes de bas de page ET de fin de livre – bref tout ce qu’il faut pour attaquer la lecture la plus ardue. Et encore, je ne vous ai pas mentionné les dessins de Sandro Botticelli :).
Pour ceux qui ne voudraient pas fatiguer leur petits bras (j’ai souffert… et je dois encore le ramener !), il existe en plein d’éditions moins lourdes, souvent en trois volumes.
Alors, ça a donné quoi ?