L’affaire de la licorne

De N. M. Zimmermann. Flammarion jeunesse, 2018. Policier jeunesse. Très bonne lecture. [220 p.]

Série : Angelica Varinen, T. 2.

angelica_varinenRésumé : « Angelica, une détective prête à tout pour résoudre les mystères ! Panique ! La licorne très rare et très précieuse de Mina a été kidnappée ! Heureusement, Angelica et Lisobel sont là pour se lancer sur la piste du ravisseur. Mais elles ne sont pas au bout de leurs surprises…« 

Lu en partenariat avec les éditions Flammarion jeunesse

Lors des dernières offres de SP de l’éditeur j’avais assez envie d’une lecture sympathique sans trop de prise de tête, c’est pourquoi j’ai jeté mon dévolu sur une énième enquête d’enfants, avec une licorne sur une couverture pleine de couleurs vives.

Bon, j’ai peut-être visé un peu hors de ma tranche d’âge, mais tant pis ! La décontraction, les couleurs et les animaux fantastiques et mignons étaient au programme et ça ne m’a pas déplu du tout.

Je vais tenter, comme sur d’autres avis, de séparer mon ressenti des qualités que je trouve à ce livre : comme noté ci-dessus Angelica Varinen est une série qui s’adresse aux enfants peut-être un peu plus jeunes que ce que j’ai l’habitude de lire et d’apprécier (« dès 9 ans » / je lis plutôt ce qui est catégorisé en 12 +), ce qui a quand même contribué à baisser légèrement mon plaisir de lecture : j’ai voulu tester, tant pis pour moi, et comme je disais ce n’est pas une mauvaise expérience non plus donc je n’ai pas de regrets. 😉

Quelques mots sur le livre en tant qu’objet : il est très beau, je dirais même magnifique. Relié avec une couverture cartonnée, il reste cependant très souple pour un relié, et je pense que des lecteurs plus jeunes que moi seront également attirés par les couleurs vives et le dessin plutôt mignon. L’intérieur contient plusieurs illustrations pleine page en noir et blanc, et chaque page est ornée d’un « cadre » décoratif – je crois avoir déjà vu ça sur les Chroniques du Bout du Monde. En plus, il y a un marque-page en tissu (jaune). Bref, un bien joli objet qui pourrait faire un beau cadeau.

Si comme je le disais le côté enfantin ne m’a pas comblée en termes de lecture, j’y ai néanmoins trouvé de très bonnes choses, ou du moins des choses qui m’ont beaucoup  plu. Si l’énigme reste simple elle est loin d’être simpliste et la contexte met en scène des personnages soumis à des problèmes divers – pauvreté, pression sociale, intolérance ou incompréhension, ce que j’ai trouvé étonnamment (selon mes attentes) réaliste pour un livre qui met tout de même en avant des jeunes filles en dentelles dans un monde de fantasy un peu culcul la praline avec entre autres des nobliaux qui élèvent des licornes naines de la couleur de leur choix ! J’ai trouvé cette dualité très rafraîchissante et intéressante.

Les personnages sont basés sur une forte contradiction, entre un univers qui reprend un peu des codes de la bonne noblesse richissime, ici fictive dans un monde d’animaux surnaturels et d’objets steampunk (tout à fait anecdotiques, cependant), mais à laquelle j’ai réussi sans mal à me raccrocher, avec ses bonnes manières, son hypocrisie et sa superficialité ; et Angelica qui est une fillette plutôt intelligente ayant décidé de se rebeller contre les codes qu’on lui impose, qu’ils soient de l’ordre de la féminité imposée ou des bonnes manières (porter des robes, bien se tenir, se pas se salir…). Si l’ensemble peut être casse-figure et mener à des accumulations de clichés, et si, je pense entre autres du fait de la longueur toute relative de l’ouvrage, on n’y échappe pas non plus tout à fait, j’ai trouvé que c’était dans l’ensemble une réflexion globale plutôt aboutie, dans le cadre d’un livre jeunesse qui ne promet paradoxalement rien de ce genre, sur les relations sociales et leur complexité. Le livre explore beaucoup ce domaine, mine de rien, en petites phrases sous-jacentes à l’intrigue principale. Par exemple les personnages faisant des choix moraux ou comportementaux discutables sont impitoyablement dénoncés (parfois dans sa tête) ou repris par Angelica, selon les situations, de manière très logique (parfois elle peut se permettre de le dire, parfois non, et souvent elle explique ses choix) ; je n’irai pas jusqu’à dire qu’elle a raison à 100%, ça reste une gamine, et d’ailleurs parfois elle commet des bourdes et reconnaît (ou pas) ses torts, mais j’ai trouvé ce texte incroyablement explicatif sur tous ces points. Pareil d’ailleurs pour les points rebelles d’Angelica : elle ne se rebiffe pas contre tout n’importe comment mais a au contraire des arguments pour tout (même si parfois ce n’est que : pourquoi nous les filles on serait obligées de… – ce qui est un argument tout à fait valable !)

Un texte jeunesse très bien « emballé », avec des messages forts, presque politiques à l’intérieur, et une enquête qui permet aux personnages (lecteurs ?) de mieux appréhender le monde adulte.

Vous trouverez ici la présentation sur le site de l’éditeur.

Une réflexion au sujet de « L’affaire de la licorne »

Déposer un petit caillou blanc