Le Monde des Ā

De A.E. Van Vogt. J’ai Lu, 1970. Science-fiction. Bof. [302 p.]

Titre original : The World of Null-A, 1945 ; trad. par Boris Vian

LeMondeDes_ARésumé : « Le matin même, Gilbert Gosseyn avait quitté Cress-Village, en Floride, pour se rendre dans la capitale et tenter sa chance auprès de la Machine des Jeux. A l’hôtel, il reconnaît un voisin et le salue. Ce simple geste fait basculer son univers quotidien en cauchemar. Ainsi, il apprend qu’il n’existe aucun Gilbert Gosseyn dans son petit village de Floride, et que sa femme Patricia, décédée un mois plus tôt, n’est pas morte et, qui plus est, n’a jamais été mariée ! Alors Gosseyn entreprend la plus fantastique quête qu’un homme puisse faire, celle de sa propre identité.« 

J’ai eu une bien drôle expérience de lecture plongée dans cette science-fiction « d’époque », et si je lui trouve des qualités objectives je n’en ressors pas moins sans la moindre envie de continuer le cycle des Ā.

Déjà le drôle de bidule sur le A, c’est bien une barre, pas un tilde comme sur mon édition : cela signifie « non-A », c’est une convention logico-mathématique générale et pas une invention de Van Vogt. Ce qui est par contre une invention de sa part (enfin je crois bien) c’est le concept de « non-aristotélicien » [créé par Alfred Korzybski], que je pensais avoir compris dès le début, mais à la fin de ma lecture je n’en suis plus sûre : l’auteur m’a perdue en cours de route, et si j’ai suivi les péripéties je n’ai franchement pas très bien compris comment il justifiait ce terme-là dans la narration : à quoi ça sert, pourquoi cette circonvolution, mis à part créer une humanité un peu plus évoluée que l’autre ? Si c’est bien cela alors je n’adhère pas trop, dans le sens ou les A me semblent être complètement idiots de manière globale, ce qui est un postulat qui me semble trop extrême. Et franchement à un moment donné je n’ai pas compris qui était de quelle « faction » ou contre qui non plus. Est-ce à mettre sur une défaillance de lecture de ma part ou sur une narration un peu circonvolutionnée, je ne sais pas.

Pourtant me lecture ne démarrait pas mal : j’ai notamment beaucoup appréciée d’être immédiatement propulsée dans l’intrigue, la 4e de couverture ne résumant qu’à peine 4 pages, c’est rarissime et presque perturbant, et comme je le disais à ce moment-là je suivais encore très bien, ou j’en avais l’impression, ce qu’il se passait dans le texte. Et puis… de péripéties en rencontres, j’ai eu l’impression que Gosseyn se faisait complètement balader dans un univers qui m’intéressait de moins en moins au fur et à mesure que les dévoilements tardaient ou se faisaient plus petits ou plus attendus que je l’imaginais, et j’ai aussi eu la forte impression d’avoir quelque part déjà lu cette histoire. Il y a aussi pas mal d’éléments que j’ai pu voir depuis dans des films, adaptés ou pas d’œuvres littéraires, et je trouve pas forcément mieux amenées. Peut-être est-ce tout simplement dû au fait que c’est vieux, que j’ai été déjà convaincue par 1984 paru à peine plus tard (même si pas tout à fait sur les mêmes sujets), que j’ai même apprécié la trilogie de SF de C.S. Lewis qui se passait déjà entre autres sur Vénus, également de la même époque, bref même si je ne peux pas qualifier l’ensemble de mauvais, loin de là, j’ai vraiment eu une impression de redite et de vieillerie. De plus j’ai eu le sentiment que le style, en plus du fond, avait mal vieilli.

Du coup je ne sais pas trop si j’ai raté quelque chose ou pas mais je vais abandonner là la découverte, déçue, de cette référence de la SF qu’on m’avait vendue, en me disant qu’elle serait peut-être mieux passée si je l’avais lue il y a longtemps, puisque si on prend les choses à l’envers, enfin plutôt dans le bon sens, il y a potentiellement toute une flopée d’œuvres qui s’en sont inspirées.

 

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