Les Cantos d’Hypérion 1 : Hypérion

De Dan Simmons. Robert Laffont (Pocket SF), 1991. Science-fiction. Excellente lecture. [282+296 p.]
Titre original : Hyperion, 1989.
hyperionRésumé : « Quand les sept pèlerins se posent à Hypérion, le port spatial offre un spectacle de fin du monde. Des millions de personnes s’entassent derrière les grilles : les habitants de la planète sont sûrs que le gritche va venir les prendre et ils veulent fuir. Mais l’hégémonie ne veut rien savoir. Une guerre s’annonce et les routes du ciel doivent être dégagées. Et tout ce que le gouvernement a trouvé, c’est d’envoyer les sept pèlerins. La présidente le leur dit d’emblée : « Il est essentiel que les secrets des Tombeaux du Temps soient percés. C’est notre dernière chance. » Mais les pèlerins n’y comprennent rien : c’est tout simple, ils ne se connaissent même pas entre eux ! Heureusement, le voyage leur permettra de se rapprocher. Chacun raconte son histoire, et l’on s’aperçoit vite que nul n’a été pris par hasard. Celui qui a fait la sélection, au fil des confidences, paraît bien avoir fait preuve d’une lucidité… diabolique. Et d’une cruauté… raffinée !« 
Vous me voyez bien embêtée : Hypérion ne possède pas de fin réelle. En effet ces deux tomes, dans cette édition, ne sont que la première partie de la série Les Cantos d’Hypérion, qui continue avec Les Chants d’Hypérion, eux aussi souvent trouvables en deux tomes. Je vois que Endymion et l’Éveil d’Endymion (même remarque quant aux éditions) feraient eux aussi partie de la saga des Cantos, reste à voir si c’est un deuxième cycle dans la série, donc lisible à part de Hypérion, ou si c’est encore une suite directe avec une intrigue en lien avec nos sept pèlerins. Autrement dit je n’aurai plus qu’à revenir à cette chronique pour la finir lorsque j’aurais lu la suite, à moins que je n’en écrive une deuxième si celle-ci devient trop longue !

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Night Ocean et autres nouvelles

De H. P. Lovecraft. Éditions J’ai Lu, 2005. Recueil de nouvelles. Excellente lecture [250 p.]
Titre original : The Night Ocean, 1936 (pour la nouvelle éponyme ; 1919-193? pour les autres)
nightoceanRésumé : « Océans qui ne sont pas de ce monde, eaux maudites par la lune, lugubres rivages et, dans le mystère des profondeurs, l’innommable… Pourtant, réduire Lovecraft aux indicibles horreurs qui hantent les nouvelles liées au mythe de Cthulhu -dont certaines sont incluses dans le présent recueil – serait erroné. Car Lovecraft fut aussi un maître de l’onirisme poétique, influença les œuvres de nombreux écrivains en herbe, collabora avec plusieurs de ses contemporains publiés, tout comme lui, dans les  » pulps « , ne rechigna pas à écrire des textes empreints d’un humour absurde, pour le moins étonnant sous sa plume, et fut un essayiste au sens critique et à l’esprit analytique des plus affûtés. Découvrez ici toutes ces facettes peu connues de son talent…« 
De tous les recueils que j’ai pu trouver ou lire sur le Rêveur de Providence, en voilà un à la fois très bon, très intéressant et très varié ! Je suis tout à fait d’accord avec le résumé de l’éditeur, Lovecraft ne se résume pas plus à Cthulhu* que Tolkien aux Elfes, même si on les aborde souvent par ces deux points respectifs. J’ai ce recueil dans ma bibliothèque depuis assez longtemps pour ne plus savoir avec certitude d’où je le tiens (Imaginales 2011 ? Stand du village du Livre de Fontenoy-la-Joute ? ou pas), c’est je crois le seul livre de Lovecraft que je détiens en français – malgré le titre trompeur au premier abord – et d’ailleurs je ne peux m’empêcher de « lire l’anglais derrière » à certains passages (certains verront de quoi je parle), étant une habituée du style et du vocabulaire de l’auteur. Plusieurs des textes présents ici ont également été écrits à quatre mains, ou plus (avec R. H. Barlow surtout), et certains sont de véritables exercices de style.

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Au fil du temps

De G. R. R. Martin. ActuSf, 2013. Recueil de nouvelles. Pas convaincue par cette lecture. [323 p.]
Nouvelles originales écrites entre 1970 et 1980.
au_fil_du_tempsRésumé : « Mondialement connu pour sa série Le Trône de Fer, adaptée à la télévision par HBO, George R.R.Martin est également l’auteur de nombreux romans et nouvelles. Avec ce recueil, découvrez l’autre facette de sa bibliographie. Un voyage au fil du temps, mêlant imaginaire et science‑fiction. On connaissait le romancier de fantasy, ce recueil montre tout son talent de novelliste. Riche, foisonnant et passionnant !« 
La Forteresse : mon ignorance totale de l’histoire de la Finlande et de la Suède ne m’a pas du tout aidée à m’immerger dans l’histoire. Le contexte militaire n’est pas pour m’aider plus. Heureusement, c’était court ! Pas totalement inintéressant cependant.

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Walhalla

De Graham Masterton. 1996. Horreur/Epouvante. Distrayant.
Titre original : The House that Jack Built*, 1994
*Je crois qu’il s’agit d’une référence à une comptine, ou une chanson populaire.
walhallaRésumé : « Séduits par le charme délabré d’une maison victorienne, Walhalla, Craig et sa femme Effie en font l’acquisition. Mais ils ne tardent pas à devenir les otages de ce manoir qui a appartenu à un milliardaire diabolique et excentrique qui s’est suicidé. Craig, de plus en plus violent, ira jusqu’au meurtre alors qu’Effie est l’objet d’effroyables visions qui la traumatisent…« 
(Je remarque une fois de plus un curieux estampillage sur la première de couv. : « roman », simplement.)
Je ne me suis pas ennuyée sur ce livre, mais si quelqu’un me disait qu’il n’aimait pas le livre ou l’auteur, je ne suis pas sûre d’arriver à trouver des arguments en leur faveur…
Le genre horrifique est respecté de bout en bout, avec des éléments très classiques : l’élément déclencheur, la montée de la tension, le cadre (maison type manoir, très grande et ancienne, qui renferme de sombres secrets), et des personnages que j’ai trouvés assez typiques de l’univers américain à suspense : le couple qui a des soucis, la femme trop conciliante, le mari pareil sans le -ciliant, la vieille folle hippie qui connait tous les trucs ésotériques de magie blanche, le gosse bizarre mais gentil… Idem pour les personnages du passé. Je m’y attendais un peu, donc je n’ai pas été déçue – mais je n’ai par conséquent pas été emballée non plus !
Le « méchant » est cependant bien détestable, à tous points de vue je pense, et plus que l’environnement un peu trop cliché à mon goût c’est lui qui m’a fait le plus ressentir de frissons et de répulsion.
Malgré le fait que cela s’explique dans l’intrigue et sa résolution, certaines scènes – de sexe ou de mort – sont très crues, très violentes (alors que le reste du récit est relativement neutre, et que l’auteur utilise peu de vocabulaire familier, et s’abstient du vulgaire, hormis donc dans ces quelques pages). Tomber sur la description d’une mort horrible qui prend deux pleines pages, alors que rien ne me le laisser présager, était une expérience de lecture peu agréable pour moi. Vers le milieu du livre des éléments horribles commencent à se mettre en place, alors ça m’a moins gênée ; mais les premiers sont je trouve amenés de manière très violente et soudaine pour le lecteur.
J’aurais aimé que l’intrigue, ou bien sa résolution, soit plus poussée. Ici j’ai eu l’impression de lire un « simple » roman d’horreur, avec ce qu’il faut en choses désagréables, mais qui manquait un peu de piment, de surprise. De plus j’ai trouvé le style tout à fait conventionnel – je n’ai rien noté d’intéressant ou d’original dans la manière d’écrire de l’auteur.
Peut-être que je n’aime tout simplement pas ce genre, ça je ne sais pas trop – c’est vrai que j’ai lu assez peu de romans classés en « Horreur » qui ne soient pas aussi des enquêtes type thriller.
De manière générale je n’ai absolument pas eu de surprises avec ce livre – l’auteur choisit parfois des voies qui lui sont personnelles, mais on le voit venir de très très loin, et l’ensemble du livre reste très classique pour le genre.
Le petit bonus qui n’a rien à voir : tiens, il y a Lucie Duff-Gordon, ou plutôt Lady Cosmo Duff-Gordon tel que j’ai plutôt retenu son nom, qui est citée en préface ! 😀 – d’ailleurs il s’agirait plutôt de « Lucy », je ne sais pas pourquoi son nom a été francisé. Autrement je n’avais aucun souvenir qu’elle écrivait quoi que ce soit, c’était juste drôle de voir son nom apparaître comme ça. ^^
/mode fan off.

L’Étrange affaire de Spring Heel Jack

(Titre complet : « Burton & Swinburne dans… ») De Mark Hodder. 2013. Thriller steampunk / uchronico-fantastique. Excellente lecture.
Titre original : The Strange Affair of Spring Heel Jack, 2010.
springheeljackRésumé : « Londres, 1861.
Sir Richard Francis Burton. Un grand explorateur et un érudit de talent. Sa réputation a été salie et sa carrière ruinée. Il est dans de sales draps.
Algernon Charles Swinburne. Un jeune poète prometteur et avide de sensations fortes, disciple du marquis de Sade. Le cognac causera sa perte. C’est le cadet de ses soucis.
Les deux hommes sont au cœur d’un empire déchiré par les conflits. D’extraordinaires machines envahissent un monde soumis à des lois des plus répressives. Tandis que certains défendent une société fondée sur le génie créateur, d’autres repoussent les limites de la conscience en ayant recours aux drogues, à la magie et à l’anarchie. Lorsque des loups-garous terrorisent l’East End londonien et que des jeunes filles deviennent la proie d’une effroyable créature nommée Spring Heeled Jack, le duo n’a plus d’autre choix que d’agir. Au plus vite. Tous deux se trouvent confrontés à l’un des événements les plus décisifs de cette époque. Mais la pire de leurs découvertes pourrait bien provoquer la fin du monde tel qu’ils le connaissent… Quand une poignée d’hommes change l’Histoire, l’Histoire change tous les autres. »
J’ai emprunté ce livre sans grandes attentes ni craintes.
En fait, je l’ai adoré et dévoré en très peu de temps tant tout m’a plu dedans. Le genre steampunk (époque victorienne reprise partiellement, avec des machines et des technologies plus avancées que ce qui fut réellement) est quelque chose de très à la mode, dont j’entends régulièrement parler, mais que je n’ai encore que très peu lu. Je n’ai rien contre à la base, mais je ne suis tout simplement pas encore trop tombée sur des ouvrages de ce genre qui me donnaient envie de les lire, faisant mes choix tout autant par rapport aux thèmes qu’en fonction des scénarios, styles littéraires et auteurs.
Je pense que je vais m’en tenir à une critique assez courte, puisque l’essentiel de l’intérêt de cette lecture réside dans la découverte à la fois de l’univers mais aussi des personnages et du déroulement de l’intrigue.
Londres, l’époque victorienne, les drôles d’inventions, les savants fous, les mystères, les allées sombres de l’East End dans l’imagerie de Gustave Doré, Jack l’Eventreur… si ce type de sujet vous fait rêver, foncez ! C’est très bien écrit, prenant, dynamique, bien décrit (mais pas trop non plus) ; les personnages sont intéressants, fascinants, drôles, loufoques et vivent des trucs de fou qui pourtant s’enchaînent avec précision et de façon bien huilée.
Attention cependant : ce livre est une fiction ; bien qu’il reprenne tout un tas de gens fameux (Gustave Doré, Darwin, Swinburne & Burton, Oscar Wilde, Jack…), ce n’est la plupart du temps que pour en détourner la véritable histoire !
Une superbe fresque aventureuse sise dans le Londres de la fin du XIXe, reprenant des fragments d’Histoire pour mieux la mêler de fantastique, de science-fiction, et de fantaisie*.
* à ne pas confondre avec la fantasy.
Une autre chronique plus détaillée et un peu moins enthousiaste : celle de BlackWolf.

Ubik

De Philip K. Dick. « Classique » de science-fiction, relativement tourné « anticipation ». Première édition : 1969. Très bonne lecture malgré un démarrage difficile !
Lu en anglais. Même titre en VO.
ubikRésumé : « Dans les mondes de Philip K. Dick, tout peut arriver : l’auteur prend un malin plaisir à maltraiter la réalité. Dans Ubik tout commence quand Runciter, le patron de Joe Chip, est placé en état de semi-vie après un attentat, un état de suspension entre vie et trépas, quelques minutes de sursis congelées que l’on pourra utiliser pour converser avec le presque défunt. À partir de ce moment, la réalité dérape, le temps semble régresser. La seule parade à ce délitement généralisé : Ubik, le produit miraculeux. Encore faut-il savoir ce qu’il est vraiment et où le trouver… Télépathie et précognition, identité étouffée par une société qui cultive son totalitarisme et sa schizophrénie, réalité qui s’emmêle, se ramifie, se phagocyte, autant de thèmes que l’ont retrouve couramment chez l’auteur qui, après avoir semé une confusion quasi hallucinogène dans son récit, conclut magistralement. Un des romans les plus marquants de cet auteur majeur de la littérature. » (Résumé Fnac)
« UBIK is a dazzling future where man lives for centuries in dreamlike bliss…
UBIK is a terrifying past where people are killed years before they are born…
UBIK is the most electrifying experience of your life – or death ! » (4e de couv de l’exemplaire que j’ai lu)
Un livre qui m’a fait suer ! J’ai passé au moins deux fois plus de temps sur les 100 premières pages que sur les 100 dernières (le livre est assez court). Finalement j’ai accroché une fois l’intrigue réellement lancée. Ce court roman m’a assez fait penser à une nouvelle dans son style narratif, et aussi par rapport au déroulement du récit : un début assez longuet (de mon point de vue), où l’on va nous présenter des personnages dans des situations sans lien évident, avec une foultitude de détails, qui se révèleront importants par la suite, mais qui m’ont un peu ennuyée tant que je n’en étais pas consciente. Autour s’enroule soudainement une intrigue plutôt poignante, tordue, et je pense assez originale pour l’époque..
Le côté anticipatif est parfois franchement cocasse, je retiens tout particulièrement les objets du quotidien qui réclament de la monnaie à tout bout de champ pour accepter de fonctionner (heureusement qu’on n’en est pas là !), et dont l’auteur joue beaucoup. De manière générale le cadre de l’histoire est assez détaillé, on suit pas mal le regard des personnages, on est plongé dans leur environnement, et c’est agréable, ou parfois très désagréable selon la volonté de Philip K. Dick. La scène où le héros essaie de grimper les escaliers, vers la fin de l’histoire, est vraiment fabuleuse de ce point de vue-là. Il a passé un sale moment, et moi aussi.
Je ne vais pas en dire plus ou alors je vais définitivement vous enlever toute raison de lire le livre, mais la réflexion autour de la mort / la vie est très intéressante également. On est très loin de l’immortalité romancée placardée partout de nos jours 😉
Je pense que ça doit être un super livre à relire, passé la surprise de la première lecture.

Jake Djones, Gardien du temps, T.1

Intitulé : Mission Venise. De Damian Dibben. Fantasy-S-F-aventure jeunesse. Pas mal, mais manque d’originalité.
VO : The History Keepers : The Storm Begins.
damiandibbenRésumé : « Tandis qu’il rentre du collège en un jour londonien pluvieux, Jake Djones, 14 ans, est enlevé par des ravisseurs peu communs. Ils prétendent agir pour sa propre sécurité et l’emmènent au quartier général de leur organisation, en Normandie au XIXe siècle! Ils connaissent bien les parents de Jake, et veulent comme lui les retrouver. Mais ça ne va pas être facile : ces derniers sont perdus… quelque part dans le passé.
Aux côtés d’agents truculents, embarquez pour un périple qui vous mènera aux quatre coins du monde et du temps, jusqu’à Venise, en plein cœur de la Renaissance. Espionnage et humour pour le premier tome des aventures de Jake Djones. »
Si vous souhaitez une lecture facile et pas ennuyeuse, c’est pas mal. Le style n’est pas mauvais, un minimum humoristique, le scénario n’a pas vraiment de temps morts, comme dans beaucoup d’aventures jeunesse. Il y a aussi quelques personnages assez drôles, ou qui se démarquent un peu de leurs congénères.
Par contre je déplore beaucoup de stéréotypes, d’abord pour le thème, qui a déjà été sur-utilisé, y compris dans les séries jeunesse (Tom Cox me vient en tête, ainsi que la série de Dale Peck avec l’Océan du Temps (bien meilleure à mon avis), mais il y en a d’autres, dont plusieurs que je n’ai pas pris la peine de lire) ; les personnages ensuite dont une bonne moitié ne sont que des fantoches, certes sympathiques mais pas vraiment creusés ! Enfin ce n’est qu’un détail mais pourquoi le méchant a-t-il encore un nom qui commence par un Z ?? ça devient lassant. (Trop lu de Spirou entre autres ? peut-être 😉 ). On passera aussi très vite sur les pièges et embuscades qui sont présentés vite fait, et exécutés de même.
En conclusion je conseille à tout le monde, mais surtout en lecture « détente ».

La Science-fiction (Que sais-je ?)

Par Jacques Baudou. 2003. Essai / livre-outil. Très bonne lecture.
SFCe livre est tout à fait ce que j’attends d’un Que sais-je ? : concis, clair (facile à lire), synthétique. Cette synthèse sur la S-F se propose surtout de définir le genre, par ses composants et thèmes associés, ses sous-genres, et aussi par anti-définition (ce que n’est pas la S-F) ; elle donne aussi beaucoup de titres et noms d’auteurs associés au genre, des origines aux années 2000 (livre publié en 2003).
Une lecture agréable et utile, qui m’a donné envie d’ajouter de la S-F à ma PàL prochainement 🙂
Bémols : c’est un Que sais-je ?, et en 91 pages on ne saurait être exhaustif. De mon point de vue il y a beaucoup de références, mais certaines personnes plus calées que moi font peut-être être frustrées de ne pas y voir figurer tous leurs auteurs favoris. De plus, l’étude elle-même est centrée sur la S-F aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en France, et seulement vaguement (petits paragraphes) sur le reste de l’Europe.