Démons et Merveilles

De H.P. Lovecraft. Éditions 10/18, 1955. Nouvelles fantastiques. Bonne lecture. [250 p.]

51aUfRM576L._SL500_SY344_BO1,204,203,200_Résumé : «  » Comparé à ces contes, Poe ressemble à de la musique de chambre « , a écrit Daniel George. On sait maintenant que Howard Phillips Lovecraft est le premier romancier moderne dans l’ordre du fantastique. Les récits qui composent Démons et merveilles sont autant de voyages hallucinants et angoissés à travers cet inconnu que les découvertes scientifiques modernes n’ont réussi qu’à multiplier. »

Je ressors de ce recueil plutôt soulagée – d’habitude j’apprécie autant le Lovecraft qui nous écrit des récits d’horreur que celui qui se prend à rêver à des contrées inconnues (les Chats d’Ulthar, Polaris, font partie des textes que j’ai retenus comme très beaux), mais ici ma lecture a été très clairement usante sur la fin !

Pourtant, cela ne démarrait pas si mal… Et je ne retiens pas non plus que du mauvais.

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Projet oXatan

De Fabrice Colin. Flammarion, 2008. Conte science-fictif jeunesse. Très bonne lecture. [180 p.]
Première édition : Mango, 2002
projetoxatanRésumé : « Sur la planète Mars, en 2541. Quatre adolescents vivent dans un Éden mystérieux, mi-paradis mi-prison, avec pour seule compagnie une étrange gouvernante. Ils mènent une existence sans heurt jusqu’au jour où ils décident de quitter ce cocon pour explorer le monde. Sur leur chemin : un lac noir, une pyramide maya, des ogres, mais aussi un agent du Comité d’Éthique Mondial et un savant fou (…). Pour les quatre héros, l’aventure se transforme peu à peu en parcours initiatique et en quête des origines. De cette épreuve, ils ne sortiront pas indemnes…   Entre fantastique et science-fiction, ce roman fascinant, récompensé par de nombreux prix, s’interroge sur le progrès scientifique et redessine les contours de l’humain.« 
Tiens c’est marrant je n’avais pas spécialement relevé LE dévoilement de l’intrigue dans la 4e de couverture avant de lire le livre. Tant mieux pour moi ! Je vous ai coupé ce bout. 😉
J’ai trouvé cet ouvrage de Fabrice Colin, auteur qui ne m’a en gros jamais déçue (et jamais terriblement) dans une bourse aux livres, planqué au pied d’un palmier décoratif (eh c’était au centre commercial du coin !). Auteur aimé + jolie couverture + histoire de SF jeunesse = hop dans le sac sans hésiter. J’ai été un peu (agréablement, je vous rassure) surprise de voir qu’il était estampillé « classique » dans une collection visiblement scolaire, mais ça c’est parce que je me renseigne plus sur les antécédents de certains auteurs que d’autres – je n’avais aucune idée que ce livre avait eu un prix Collège plusieurs prix jeunesse. Autant vous dire tout de suite qu’après lecture je les trouve tout à fait mérités !

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Les Mots

De Jean-Paul Sartre. Folio, 1964. Autobiographie. Excellente lecture + coup de cœur pour le style. [206 p.]
motsRésumé : « J’ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout ; défense était faite de les épousseter sauf une fois l’an, avant la rentrée d’octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées ; droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait.« 
Sartre met dans la bouche, dans la tête, de cet enfant qui n’est nul autre que lui-même, des pensées dont je ne sais pas toujours si elles sont de l’homme adulte ou du petit garçon, ou une analyse par l’homme de ce qu’il fut étant plus jeune – et qu’importe après tout ? La musique des mots, l’exubérance de l’être et de l’écrivain, ses rêves et idées les plus extravagantes mais aussi les plus profondes m’ont transportée sans aucun souci à travers ces pages – trop peu nombreuses.

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Night Ocean et autres nouvelles

De H. P. Lovecraft. Éditions J’ai Lu, 2005. Recueil de nouvelles. Excellente lecture [250 p.]
Titre original : The Night Ocean, 1936 (pour la nouvelle éponyme ; 1919-193? pour les autres)
nightoceanRésumé : « Océans qui ne sont pas de ce monde, eaux maudites par la lune, lugubres rivages et, dans le mystère des profondeurs, l’innommable… Pourtant, réduire Lovecraft aux indicibles horreurs qui hantent les nouvelles liées au mythe de Cthulhu -dont certaines sont incluses dans le présent recueil – serait erroné. Car Lovecraft fut aussi un maître de l’onirisme poétique, influença les œuvres de nombreux écrivains en herbe, collabora avec plusieurs de ses contemporains publiés, tout comme lui, dans les  » pulps « , ne rechigna pas à écrire des textes empreints d’un humour absurde, pour le moins étonnant sous sa plume, et fut un essayiste au sens critique et à l’esprit analytique des plus affûtés. Découvrez ici toutes ces facettes peu connues de son talent…« 
De tous les recueils que j’ai pu trouver ou lire sur le Rêveur de Providence, en voilà un à la fois très bon, très intéressant et très varié ! Je suis tout à fait d’accord avec le résumé de l’éditeur, Lovecraft ne se résume pas plus à Cthulhu* que Tolkien aux Elfes, même si on les aborde souvent par ces deux points respectifs. J’ai ce recueil dans ma bibliothèque depuis assez longtemps pour ne plus savoir avec certitude d’où je le tiens (Imaginales 2011 ? Stand du village du Livre de Fontenoy-la-Joute ? ou pas), c’est je crois le seul livre de Lovecraft que je détiens en français – malgré le titre trompeur au premier abord – et d’ailleurs je ne peux m’empêcher de « lire l’anglais derrière » à certains passages (certains verront de quoi je parle), étant une habituée du style et du vocabulaire de l’auteur. Plusieurs des textes présents ici ont également été écrits à quatre mains, ou plus (avec R. H. Barlow surtout), et certains sont de véritables exercices de style.

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Comme des fantômes

De Fabrice Colin. Folio, 2011. Recueil de nouvelles. Excellente lecture. [474 p.]
Sous-titré : Histoires sauvées du feu. Première publication aux Moutons électriques, 2008.
Comme-des-fantomes-Colin-fabriceRésumé : « Que se passe-t-il quand un auteur abandonne ses personnages ? Quand l’Alice de Lewis Carroll oublie de fêter ses 130 ans ? Quand Peter Pan entend vous faire payer ses orientations sexuelles ? Que se passe-t-il lorsqu’un lecteur est pris au piège d’un cadavre d’histoire, qu’un détective devient fabriquant de spectres ou que la mort d’un poète fait surgir une forêt ? Expert en fantômes et en fées, docteur ès faux semblants et machinations troubles, Fabrice Colin possédait sur ces questions – et sur d’autres – des avis très personnels. C’était avant 2005 : avant qu’un incendie accidentel ne mette un terme brutal à ce qu’il appelait lui-même  » ma petite carrière d’ombres « . Ce recueil de nouvelles se veut hommage autant qu’étude ; s’y dévoile par à-coups une personnalité tourmentée et complexe dont les textes ici présentés ne sauraient suffire à épuiser pleinement le mystère. Suicide ou disparition ? Mythomanie chronique ou soif d’histoires compulsive ? La réponse, si elle existe, se trouve à l’intérieur.« 

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20 clés pour comprendre le chamanisme

De Michèle Bilimoff et consorts. 2013. Essai. Très bonne lecture.
chamanismeRésumé : « Religion primordiale, philosophie de l’harmonie avec la nature et des réalités extrasensorielles, le chamanisme fascine notre modernité à la recherche d’authenticité. Présent aussi bien en Amérique précolombienne qu’en Sibérie ou en Afrique, il donne lieu à un vaste éventail de manifestations culturelles et spirituelles dont le présent ouvrage offre un tour d’horizon complet.

Avec : Michèle Bilimoff, Éric de Rosny, Anne de Sales, Louis-Jacques Dorais, Roberte Hamayon, Jénane Kareh Tager, Serge Lafitte, Frédéric Laugrand, Michel Perrin, Joëlle Rostkowski, Jennifer Schwartz, Odon Vallet et Danièle Vazeilles.« 

Une synthèse courte (150 p. petit format, écrit assez gros et avec beaucoup de divisions à l’intérieur, ce qui « fait moins de texte » :D) mais sympathique, et relativement complète d’après ce que j’ai déjà lu sur le sujet ! J’ai retrouvé des références à Mircea Eliade, qui apparaît une fois de plus comme *la* référence en matière d’histoire des religions (au sens très large : cultes et rites sociaux en général), et aussi quelques noms que je crois avoir croisés auparavant, et qui me semblent tenir des discours cohérents, bien référencés, et plutôt objectifs (ce qui n’est pas toujours le cas pour ce genre de thèmes).
Le livre rassemble 20 articles qui se focalisent tous sur un aspect particulier du thème principal : « La première religion de l’humanité ? » – « Des esprits et des ancêtres » – « Le langage des plantes » – « L’art » – « Afrique » – « Le néochamanisme » – voilà un échantillon pour vous donner une idée ! Du coup on apprécie des explications qui arrivent au fur et à mesure, concentrées à chaque fois sur un aspect précis, ce qui m’a permis de me (re)construire une représentation du concept de chamanisme petit à petit, de manière très méthodique. J’ai trouvé l’agencement des articles pertinent, cela permet une certaine progression dans la lecture, plus ou moins du général au particulier (des origines et pratiques du chamanisme en général à ses particularités rituelles, régionales ou sociologiques).
J’aurais aimé un petit peu plus de références ; mais je suppose que le format du livre ne permettait pas d’en caser plus, d’autant qu’il est clairement destiné à un grand public, et non pas à des universitaires : le langage est relativement clair, les mots scientifiques sont explicités en grande partie.
Un bon ouvrage de synthèse que je recommande à ceux que le sujet intéresse.

La Terre Mourante – l’intégrale I

De Jack Vance. Pygmalion, 2010. Bonne lecture.
Contient : Un monde magique, Cugel l’Astucieux.
Titre original :  The Dying Earth, The Eyes of the Overworld, [1950-1966]
terremouranteRésumé : « Portrait au fusain d’une planète à l’agonie, les cinq nouvelles qui composent Un monde magique nous emportent dans plusieurs centaines de milliers d’années, quand la Terre s’éteindra doucement sous les rayons écarlates de son soleil déclinant. Écrites au lendemain de la guerre, leur pessimisme ne doit pas faire oublier leur importance historique : monde imaginaire, absence de technologie, utilisation de la magie… Quinze ans avant la publication américaine du Seigneur des anneaux, Jack Vance jetait les bases de la fantasy.
Cugel l’Astucieux nous invite à suivre les aventures rocambolesques de son héros éponyme, sympathique voleur aux mille péripéties dont les stratagèmes abracadabrants finissent toujours par se retourner contre lui… Jack Vance signe l’une de ses plus brillantes créations avec le personnage de Cugel, devenu un modèle – un archétype – pour de nombreux auteurs de fantasy et scénaristes de jeux de rôle.
Jack Vance est né en 1916. Cet infatigable bourlingueur a sillonné toutes les mers du monde et en a rapporté un goût marqué pour l’exotisme qui imprègne chacune des pages de ses livres. Ses univers baroques et chatoyants sont la plus pure expression du fameux sensé of wonder, cette faculté qu’ont certains auteurs de nous émerveiller et de nous emporter, dès les premières pages, dans un tout autre monde.« 

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Le Promontoire du songe

De Victor Hugo. 1901 (1ère édition), 2012 (cette édition). Essai/poésie. 100 pages . Un Victor Hugo en forme. Que dire de plus ?
promontoireRésumé : (Il y en avait un pas mal au dos du livre, mais il est assez long). En très bref, Victor Hugo se retrouve un jour invité par un ami à l’Observatoire de Paris. Cet ami lui montre la Lune, grossie 400 fois nous dit le livre, et de là Hugo va complètement partir « en free style » comme il sait si bien le faire, en mélangeant lyrisme, emphase, astronomie et aussi mythologie et littérature, et nous expliquer en long, large et travers ce à quoi lui fait penser cette image de la Lune, en dérivant vers le songe, le rêve, propre à tous les hommes.
J’ai particulièrement apprécié le thème mythologique parcouru à travers les siècles, civilisations et auteurs classiques. La comète Hugo nous entraîne dans son sillage et nous profitons de toutes ces projections, ces souvenirs, ces lectures, ces analogies fulgurantes – un vrai bonheur. Deuxième temps fort pour moi : l’analyse et élégie du phénomène et de l’importance du songe, vers la fin du texte, qui m’a assez fait penser à « Du conte de Fées » [Of Faerie Stories], de Tolkien ; où Hugo se fait relativement posé et poétique plus que lyrique, Tolkien devient emphasique, ce qui fait qu’à mon sens les deux textes se répondent quelque peu, étant presque en harmonie stylistique, et abordant des thèmes parallèles (la création, le mythe).
De la découverte physique (perception visuelle) de ce « trou dans l’obscur » à un foisonnement intellectuel et spirituel typiquement hugolien, ce livre court mais éblouissant ravira certainement les amateurs de la poésie et de l’éloquence du Maître.