115° vers l’épouvante

De Lazare Guillemot. Les Saisons de l’étrange, 2018. Aventure horrifique. Bonne lecture. [202 p.]

Co-édité avec les Moutons Électriques ; Saison 1

115-epouvanteRésumé : « Que s’est-il produit dans un lointain passé sur l’île de Skellig, au large de l’Irlande ? La manifestation d’une créature épouvantable, événement dont on trouve des traces sur une bonne partie du globe terrestre, selon une étrange diagonale de 115° qui, traversant l’Europe et l’Afrique, va se perdre quelque part dans l’Océan Indien. La chose terrifiante avait jadis été mise en échec. Or, en ce mois de mai 1925, elle s’est réveillée… et compte bien revendiquer le monde comme terrain de jeu ! Les seuls à savoir, les seuls qui, peut-être, parviendront à la contrer, sont au nombre de cinq : le Père Brown, un prêtre catholique britannique dont le hobby est la résolution de meurtres et mystères ; un jeune orphelin cornouaillais, Billy Babbridge ; ainsi que trois aventuriers américains, Hareton Ironcastle, sa fille Muriel et son neveu Sidney Guthrie. Ils se lanceront sur les traces des sectateurs de la chose et, au terme d’un périple qui les mènera au-dessus d’une faille océanique, à l’autre bout de la Terre, tenteront d’empêcher le monde de basculer dans l’horreur.« 

Les Saisons de l’étrange sont un label lancé très récemment par trois compères des Moutons, dont le déjà fameux Melchior Ascaride, qui a un très important pourcentage de leurs couvertures à son actif (celle-ci en fait partie) ! Ses complices ont pour noms Arthur Plissechamps et Vivian Amalric.

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Les Forêts d’Acora

De Thomas Clearlake. Éditions Moonlight, 2017. Science-Fiction. [362 p.]

acoraRésumé : « Dans un futur très lointain, à des milliards de cycles-lumière de notre galaxie… De mystérieux objets célestes viennent de s’écraser sur une planète du nom d’Acora. Sous le sceau de l’Alliance universelle secrète, trois agents y sont envoyés en mission. Leur objectif : entrer en contact avec un ordre siégeant au sein d’une cité-monastère perdue dans les montagnes. Les rudes conditions du protocole autarcique en vigueur sur cette planète vont rendre le voyage des plus périlleux. Des profondes forêts jusqu’aux vallées de glace, en passant par les déserts, les trois émissaires vont être mis à l’épreuve malgré eux. Mais ils ne sont pas les seuls à chercher à rejoindre la cité-monastère. La plus terrible des menaces qu’ait connu l’Univers les poursuit dans l’ombre…« 

Lorsque j’ai lu les premiers chapitres de ce livre, l’année dernière, sur proposition de l’auteur, j’en avais retiré une plutôt bonne impression d’un monde fouillé permettant une immersion impressionnante, à défaut d’un récit que j’eusse trouvé palpitant – en tous cas de ce que j’en avais lu.

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Le Livre de l’Énigme, T.1 : Source des Tempêtes

De Nathalie Dau. Les Moutons Électriques, 2016. Fantasy. Très bonne lecture. [443 p.]

sourcetempetesRésumé : « Les ténèbres ont un cœur de lumière. Je l’ai su quand j’ai vu l’enfant dans la tempête. J’ai entraperçu l’azur de sa magie étrange et intense, mon univers s’est métamorphosé. Moi qui me sentais si seul, si désespéré, j’ai découvert soudain pourquoi j’étais venu au monde : pour protéger celui qu’on m’a donné pour frère. Un frère pas tout à fait humain, pas tout à fait possible. Le protéger des autres et de lui-même : des décisions qu’il voudrait prendre afin de résoudre sa maudite Énigme. Car ce petit est doué pour se mettre – nous mettre – en péril ! Mais j’ai la faiblesse de croire que je suis plus têtu que lui. // Une nouvelle grande saga de fantasy. Les mages bleus, servants de l’Équilibre, ont été décimés, mais l’un des leurs a survécu au prix de son honneur, guidé par le besoin impérieux de transmettre la vie. Ses fils : Cerdric et Ceredawn, nés pour devenir les héros de ce voyage riche en périls, depuis les Marches jusqu’au séminaire d’Atilda.« 

Livre lu dans le cadre d’un partenariat avec Les Moutons Électriques

(Hmm… tiens la dernière image que j’ai hébergée sur le site fait aussi référence à deux frères…)

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Les Cantos d’Hypérion 1 : Hypérion

De Dan Simmons. Robert Laffont (Pocket SF), 1991. Science-fiction. Excellente lecture. [282+296 p.]
Titre original : Hyperion, 1989.
hyperionRésumé : « Quand les sept pèlerins se posent à Hypérion, le port spatial offre un spectacle de fin du monde. Des millions de personnes s’entassent derrière les grilles : les habitants de la planète sont sûrs que le gritche va venir les prendre et ils veulent fuir. Mais l’hégémonie ne veut rien savoir. Une guerre s’annonce et les routes du ciel doivent être dégagées. Et tout ce que le gouvernement a trouvé, c’est d’envoyer les sept pèlerins. La présidente le leur dit d’emblée : « Il est essentiel que les secrets des Tombeaux du Temps soient percés. C’est notre dernière chance. » Mais les pèlerins n’y comprennent rien : c’est tout simple, ils ne se connaissent même pas entre eux ! Heureusement, le voyage leur permettra de se rapprocher. Chacun raconte son histoire, et l’on s’aperçoit vite que nul n’a été pris par hasard. Celui qui a fait la sélection, au fil des confidences, paraît bien avoir fait preuve d’une lucidité… diabolique. Et d’une cruauté… raffinée !« 
Vous me voyez bien embêtée : Hypérion ne possède pas de fin réelle. En effet ces deux tomes, dans cette édition, ne sont que la première partie de la série Les Cantos d’Hypérion, qui continue avec Les Chants d’Hypérion, eux aussi souvent trouvables en deux tomes. Je vois que Endymion et l’Éveil d’Endymion (même remarque quant aux éditions) feraient eux aussi partie de la saga des Cantos, reste à voir si c’est un deuxième cycle dans la série, donc lisible à part de Hypérion, ou si c’est encore une suite directe avec une intrigue en lien avec nos sept pèlerins. Autrement dit je n’aurai plus qu’à revenir à cette chronique pour la finir lorsque j’aurais lu la suite, à moins que je n’en écrive une deuxième si celle-ci devient trop longue !

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Winterheim [Intégrale]

De Fabrice Colin. Pygmalion, 2011. Fantasy. (Très) Bonne lecture. [604 p.]
Winterheim existe  au départ en un cycle de trois tomes : Le Fils des Ténèbres, La Saison des conquêtes, La Fonte des rêves.
188 WinterheimRésumé : « Il y a bien longtemps, les Faeders et les Dragons ont décidé de ne plus s’immiscer dans les affaires des mortels. Retirés loin de Midgard, ils ont cependant confié à la Dame des Songes et à ses trois demi-sœurs les Ténèbres la tâche de veiller sur les humains. Aujourd’hui, dans le royaume de Walroek, le jeune forestier Janes Oelsen, dont les parents n’ont jamais pu comprendre le caractère rêveur et la juvénile impétuosité, entre en possession, à la suite d’un pari, d’une mystérieuse carte. Accompagné de sa fidèle chouette Flocon, il part pour le château maudit de Nartchreck où, à en croire les légendes, repose un fabuleux trésor… »
J’oscille entre le « bonne » et « très bonne » lecture. Dans l’ensemble c’est de la fantasy assez classique mais en même temps très originale et bien construite (je me comprends ! :p), mais j’ai aussi repéré quelques maladresses ou choses qui m’ont dérangée.
La reprise des mythes nordiques est je pense le point fort majeur de l’œuvre (avec la qualité de la plume de l’auteur). Les dieux très « humains », arrogants, méprisants, avides, violents et machos (en tous cas ceux qu’on voit !), ainsi que les déesses qui sont ici montrées plus douces, protectrices, sages, raisonnées, maternelles, se livrent une bataille rangée mêlant mythes et politique. L’insertion des Dragons est pour moi inattendue, mais je connais moins la mythologie d’origine que la gréco-romaine, ou même l’égyptienne. J’ai tout de même grandement apprécié le point de vue de l’auteur sur les dieux asgardiens et la nouvelle mythologie qu’il a mis en place autour : la place du Temps, des autres personnifications anthropomorphiques (:p), d’Yggdrasil, des sorcières, et des populations humaines aux prises avec tout ce petit monde magique. Je parle de « petit monde » mais en fait j’ai ressenti l’univers comme quelque chose de riche et de profond, on a souvent le droit d’ailleurs à des genres d’interludes descriptifs (ou même narratifs), parfois même hors-sujet avec l’action présente, qui ne semblent être là que pour aider le lecteur à plonger un peu plus dans le monde entre Midgard et Winterheim. Sur ce point je trouve que Fabrice Colin a fait très fort, l’immersion a très bien marché sur moi, et a été très convaincante.
Les quelques choses qui m’ont moins plu sont de manière générale plutôt des détails : quelques longueurs dans l’histoire, quelques passages un peu confus, et quelques tentatives de narration originales qui pour moi n’ont pas été très concluantes, notamment le texte sans ponctuation que je n’ai pas trouvé très utile et plutôt casse-pieds à lire, et la rencontre de Livia et Janes autour de la table du festival, où j’avais envie de lire d’abord toutes les pages de l’un puis toutes les pages de l’autre ! (Les deux points de vue étaient présentés en vis-à-vis, Janes page de gauche et Livia page de droite, sur quelques pages en tout). Par contre j’ai aimé d’autres prises de risque ou brisures de codes structurels de temps à autre, le choix de chapitres très courts, les nombreuses voix dont beaucoup données à des personnages secondaires voire d’arrière-plan qui ont un aspect de figurants sur lesquels la caméra se focaliserait furtivement. La scène avec les aulnes m’a bien entendu fait penser aux Ents, mais je crois me souvenir que Tolkien n’a ici strictement rien inventé et qu’on touche aux racines (pardon) du folklore nordique, tout court. D’ailleurs les deux auteurs ne gèrent pas du tout leurs arbres de la même façon.
Il y a aussi des choix de l’auteur que je n’ai pas trouvé très cohérents ou justifiables, certaines choses un peu tirées par les cheveux ou tues pendant longtemps sans qu’on sache très bien pourquoi. La rencontre de Janes avec Julea un an seulement après sa séparation d’avec Livia m’a semblé vaguement abusive – il était amoureux fou de Livia, vraiment ? Dans un monde aussi lyrique, je ne m’attendais pas à ça, surtout après toute la poésie déployée autour des deux personnages dans les chapitres précédents. Sommes-nous censés penser que Janes « n’est qu’un homme » ? Dans ce cas bonjour le machisme, et personnellement je trouve que ça casse un peu ce qui a été construit précédemment. D’ailleurs au niveau du ton et des thèmes utilisés je pense qu’il y aurait peut-être eu moyen de faire quelque chose de plus équilibré, entre les instants de poésie lyrique, de descriptions grandioses, de scènes bien violentes ou sanglantes, et les scènes de sexe quand même relativement nombreuses (je veux dire par là que j’ai parfois pensé qu’on aurait pu avoir une description plus courte voire une scène supprimée car cela n’amenait rien de spécial). Peut-être que c’était une manière de montrer la brutalité et la multiplicité du monde, je n’en sais rien !
J’ai été parfois gênée, perdue ou dégoûtée, souvent emportée par le torrent d’écriture. Sa force est néanmoins incontestable, que l’on aime tout ou seulement une partie du livre, il y a quelque chose de puissant qui s’en dégage. Un roman qui n’est pas parfait mais qui vaut le coup d’être lu si vous aimez la fantasy et/ou la mythologie scandinave.
NB : le nom du chapitre « Carnaval de neige » a été pour moi comme un écho à « Bal de givre…* ». Coïncidence ? Aucune idée.
* « … à New York », autre œuvre de l’auteur (en jeunesse).
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