Moment de lassitude et frustration

lapinaliceJ’essaie de suivre un certain rythme de parution et je pense avoir réussi à maintenir l’illusion ces dernières semaines tant bien que mal, mais force m’est de constater que j’ai plus de difficultés à tenir le blog ces dernières semaines que les deux ans passés. Avec le boulot je lis un peu moins (la Controverse de Valladolid dans le bus : moyen pour se concentrer !), et surtout je suis plus fatiguée quand je rentre, et j’ai plus envie de m’avachir devant mon fil d’actu Facebook pour regarder les photos de lézards prises par une copine d’Arizona et les dernières actus insolites plutôt que de me mettre à écrire quelque chose de réfléchi.

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Concours Folio SF

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A l’occasion de ses 15 ans et de sa nouvelle maquette, la collection Folio SF organise un grand concours de fan-fiction autour de l’univers de la Horde du Contrevent, d’Alain DAMASIO : ici.

A gagner :

  • une rencontre avec Alain Damasio
  • un séjour aux Utopiales de Nantes
  • un an de lecture avec Folio SF.

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Les Mots

De Jean-Paul Sartre. Folio, 1964. Autobiographie. Excellente lecture + coup de cœur pour le style. [206 p.]
motsRésumé : « J’ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout ; défense était faite de les épousseter sauf une fois l’an, avant la rentrée d’octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées ; droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait.« 
Sartre met dans la bouche, dans la tête, de cet enfant qui n’est nul autre que lui-même, des pensées dont je ne sais pas toujours si elles sont de l’homme adulte ou du petit garçon, ou une analyse par l’homme de ce qu’il fut étant plus jeune – et qu’importe après tout ? La musique des mots, l’exubérance de l’être et de l’écrivain, ses rêves et idées les plus extravagantes mais aussi les plus profondes m’ont transportée sans aucun souci à travers ces pages – trop peu nombreuses.

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La Porteuse de mots

De Anne Pouget. Casterman, 2014. Roman historique jeunesse. Très bonne lecture [260 p.]
Mise en page 1Résumé : « « A l’eau ! A l’eau ! Qui veut de ma bonne eau ? » Du matin au soir, Pernelle arpente les rues de Paris. Sur ses épaules, deux lourds seaux remplis de l’eau qu’elle propose aux passants. Dans sa poche, un papier froissé couvert de mots qu’elle s’acharne à déchiffrer. Car la petite porteuse d’eau caresse un rêve secret : apprendre à lire. Ce n’est qu’un espoir inaccessible… jusqu’au jour où elle fait la connaissance d’Enzo, un jeune étudiant italien prêt à lui donner des leçons. C’est la première étape d’une succession d’évènements incroyables qui mèneront Pernelle bien au-delà de ses rêves.« 
Je remercie les éditions Flammarion de m’avoir envoyé ce livre.
J’ai trouvé dans cette lecture exactement ce que j’attendais au vu de la couverture et du résumé : un roman jeunesse sur fond historique, classique dans sa structure et ses éléments, mais de bonne qualité.
De manière générale je retiens la documentation très forte qui soutient tout l’ouvrage : l’évocation du basilic, né d’un œuf couvé d’un coq ; la description de la vie quotidienne et des différents quartiers de Paris ; les très nombreux métiers explicités, dont plusieurs que je ne connaissais pas (les oyers, les cossoniers) ; la foultitude de détails sur la vie quotidienne, l’invention des boutons et de l’aiguille à coudre en métal et les micro-bouleversements qu’ils ont amenés, les objets servant à contenir l’eau, des origines de certains proverbes, la vente à la corde… On se surprend à observer tout ce petit monde, et quelque part c’est une deuxième histoire que l’on nous raconte, l’Histoire du petit peuple de Paris au XVe siècle (1499), autour du récit de Pernelle elle-même, et aussi l’histoire des débuts de la période humaniste. Les procès des animaux sont retranscrits de manière humoristique ; je ne sais pas trop si à l’époque on prenait véritablement la chose si peu au sérieux, mais cela m’a bien fait rire, les plaidoyers de Me Chassanée sont délirants à souhait. J’ai été surprise d’apprendre grâce au dossier historique de fin d’ouvrage que ce monsieur avait existé et que ses discours sont avérés !
Le style est clair et dynamique, je ne lui ai pas trouvé de caractère très original mais pas de défaut non plus. Le ton est plutôt humoristique dans l’ensemble, assez léger, même lorsque l’auteur évoque des choses dramatiques ou peu heureuses, fictives ou historiques.
J’ai seulement regretté cette impression que la demoiselle illettrée s’exprime une ou deux fois de manière un peu trop châtiée, et je me suis demandé s’il était possible qu’elle connaisse le poète Rutebeuf dans ces conditions. Cependant ses œuvres étaient peut-être transmises à l’oral et de manière très populaire ? Je ne m’y connais pas assez en poésie médiévale pour avoir plus qu’un doute. Je passerai rapidement sur les points qui peuvent être ressentis comme négatifs par certains lecteurs mais qui sont l’apanage de tout un pan de la littérature jeunesse, et que je m’attendais à trouver sous une forme ou une autre dans ce livre : la rencontre impromptue avec de grands personnages, ici Érasme et Aldo Manuzio (que je ne connaissais pas) entre autres, la résolution rapide et sans douleur de certains problèmes, la gentillesse peut-être trop entière de certains personnages – encore que la solidarité n’a pas toujours, ni toujours eu, le même sens ni la même force dans les différents lieux au cours des différents siècles ! – là encore je reste réservée, l’arrivée peut-être un peu trop rapide de certains évènements ou évolutions. En tant que grande habituée de ce type de lecture cela ne me gêne plus, ou peu, et je n’ai pas trouvé non plus que ce livre exagérait ces traits au point de les faire paraître des défauts majeurs.
De cette lecture je retiendrais principalement la grande documentation qu’on peut y trouver sur le Paris du XVe siècle et le détail de l’environnement du récit. L’intrigue en elle-même est sympathique bien que son déroulement soit très conforme à ce que l’on peut attendre d’un roman jeunesse semblable. Je recommande donc sans réserve à tous les amateurs du genre.
Chroniques d’ailleurs : Des livres, des livres !, La biblio de Gaby

Night Ocean et autres nouvelles

De H. P. Lovecraft. Éditions J’ai Lu, 2005. Recueil de nouvelles. Excellente lecture [250 p.]
Titre original : The Night Ocean, 1936 (pour la nouvelle éponyme ; 1919-193? pour les autres)
nightoceanRésumé : « Océans qui ne sont pas de ce monde, eaux maudites par la lune, lugubres rivages et, dans le mystère des profondeurs, l’innommable… Pourtant, réduire Lovecraft aux indicibles horreurs qui hantent les nouvelles liées au mythe de Cthulhu -dont certaines sont incluses dans le présent recueil – serait erroné. Car Lovecraft fut aussi un maître de l’onirisme poétique, influença les œuvres de nombreux écrivains en herbe, collabora avec plusieurs de ses contemporains publiés, tout comme lui, dans les  » pulps « , ne rechigna pas à écrire des textes empreints d’un humour absurde, pour le moins étonnant sous sa plume, et fut un essayiste au sens critique et à l’esprit analytique des plus affûtés. Découvrez ici toutes ces facettes peu connues de son talent…« 
De tous les recueils que j’ai pu trouver ou lire sur le Rêveur de Providence, en voilà un à la fois très bon, très intéressant et très varié ! Je suis tout à fait d’accord avec le résumé de l’éditeur, Lovecraft ne se résume pas plus à Cthulhu* que Tolkien aux Elfes, même si on les aborde souvent par ces deux points respectifs. J’ai ce recueil dans ma bibliothèque depuis assez longtemps pour ne plus savoir avec certitude d’où je le tiens (Imaginales 2011 ? Stand du village du Livre de Fontenoy-la-Joute ? ou pas), c’est je crois le seul livre de Lovecraft que je détiens en français – malgré le titre trompeur au premier abord – et d’ailleurs je ne peux m’empêcher de « lire l’anglais derrière » à certains passages (certains verront de quoi je parle), étant une habituée du style et du vocabulaire de l’auteur. Plusieurs des textes présents ici ont également été écrits à quatre mains, ou plus (avec R. H. Barlow surtout), et certains sont de véritables exercices de style.

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Vers chez les morts (projet participatif)

plumeIl y a longtemps – en janvier – l’auteur Fabrice Colin a lancé un projet « bizarre et beau » sur son blog, relayé par son Facebook : il s’agissait de lui fournir des textes courts afin de créer un recueil de voix s’adressant à nos disparus. J’ai été très intéressée par l’idée dès le départ, et je me suis résolue à en parler ici dans l’espoir d’amener quelques textes supplémentaires à l’auteur, dès que j’aurais moi-même fourni ma contribution – je me serais sentie mal si je l’avais fait avant, surtout si finalement je n’avais même pas été fichue de pondre mes 5000 signes avant la date limite : le premier avril ! 🙂

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Pourquoi je n’aime pas les blogs

Cela fait maintenant plus de 10 ans que je connais l’existence des blogs, et 8 ans que j’ai un accès à Internet suffisant pour me permettre d’en créer un. Certaines personnes dans mon entourage me tannent depuis des années avec leurs « Tu devrais faire un blog [ton assuré] », « Tu n’as pas de blog ?? [expression très stupéfaite] », ou « Pourquoi tu n’as jamais fait de blog ? [ton extrêmement déçu OU suspicieux] ». L’avenir nous dira (moi, et vous, s’il y a un « vous », parce que pour le moment, je ne peux décemment pas me dire que j’ai un lectorat, puisque que j’écris mon tout premier post) si ces gens avaient plutôt tort ou plutôt raison de me pourchasser de leurs bons conseils ;).
Je n’aime pas les blogs. Je ne ressens pas cette affection que beaucoup semblent leur prêter, par défaut, quelque soit le sujet ou l’auteur, sans parler de cette infernale « blogosphère » qui me fait penser à une accumulation noirâtre, emmêlement d’inepties sans aucune limite. Je ne me considère pas comme quelqu’un de « in ». Je n’ai pas envie d’être « in ». Je n’ai pas envie de faire un blog juste parce que tout le monde en fait un, ni parce que j’écris bien, ni parce que des gens en ont ainsi décidé pour moi.
Pourtant aujourd’hui je me retrouve devant mon clavier, et déjà je m’amuse. La danse de mes doigts sur le clavier reste un exercice relaxant, tout autant que de déposer une à une mes pensées sur l’écran blanc. J’ai en même temps la sensation vaguement honteuse d’avoir cédé à un certain narcissisme, la satisfaction de construire de jolies phrases et de beaux paragraphes, et un certain doute quant à ce que je vais exactement partager, construire, sans parler de l’organisation qu’il va bien falloir que je mette en place, puisque vous n’êtes pas dans ma tête (ce qui est bien dommage).
        Je vais vous parler de lecture. Je ne vais certainement pas pouvoir m’empêcher de vous parler de jeux. Je vais partager des anecdotes, des parts de vie. Et je vais aussi beaucoup « réflexionner » parce que c’est un plaisir pour moi, et que c’est en grande partie pour cela que je me suis enfin inscrite sur ce fichu site. J’aurais probablement plus d’idées au fur et à mesure.
J’ai choisi WordPress déjà parce que le nom me plaît. Word = mot ; Press = presse, imprimer (je suis angliciste et anglophile).
Je me suis juré de ne jamais faire de skyblog. Skyrock fait partie des radios que j’ai écoutées fut un temps, et je me rappelle particulièrement de blagues pas drôles, de canulars que je trouvais plus méchants qu’amusants, de présentateurs que je ne pouvais pas piffer (mais ils avaient de la bonne musique…). J’aurais pu faire un site sur msn spaces (j’en ai fait un petit, il y a longtemps, et je l’ai supprimé depuis), mais tout le monde ne jurait que par ça quand j’étais au lycée, et mon esprit de contradiction ne pouvait s’y résoudre.  Il doit y avoir des centaines d’autres sites de blogs, mais vous savez ce que c’est : faire ce type de recherche exhaustive sur Internet, c’est comme essayer de lire un annuaire. Je connais deux ou trois personnes que j’estime et qui sont des utilisateurs de WordPress, ils en sont contents, je ne vais pas chercher plus loin.
        Vous m’auriez demandé ce que c’était qu’un blog, et ce que j’en pensais, il y a quelques années, quand je démarrais à peine avec Internet moi-même, tout en en entendant parler autour de moi à tire-larigot, j’aurais évoqué les caractéristiques et impressions suivantes :
– auteur jeune, immature, égocentrique, probablement mal dans sa peau / suicidaire / fan de Lorie (Twilight n’existait pas encore)
– contenu centré sur le lycée, le mec (la fille) qu’est juste trop bô (bonne) et dont je suis éperdument amoureux(se) depuis des lustres mais (Romance lyrico-romantico-ridicule aux p’tits oignons), Lorie (ou autre), et bien sûr le monde m’en veut, je ne comprends rien au monde, mais j’ai une âme de philosophe poète parce que je le vaut bien, même que tous mes potes le reconnaissent.
– ortografe ki laisse a désiré.
        Fort heureusement, soit j’avais une vision très limitée de la blogosphère à l’époque, soit elle s’est enrichie ces dernières années, toujours en pire bien sûr, mais aussi en mieux, que ce soit en quantité ou qualité. (Encore que j’évite toujours les skyblogs, sait-on jamais)
Il m’arrive de la consulter, parfois, essentiellement pour des trucs de cuisine, pour des critiques de livres, et même parfois je me perds sur une page super intéressante écrite par un illustre inconnu qui n’est ni jeune, ni immature, mais qui a par exemple répertorié pas mal de papillons d’Europe. (http://www.guypadfield.com/indexfr.html)
Je n’ai donc plus tout à fait le même regard sur les blogs.
        J’essaie d’être objective, et je pense que je le suis sur pas mal de sujets et dans pas mal de situations, mais cela reste un éternel combat. Pourtant je pense que c’est important pour l’échange d’informations, car un « c’est pourri » n’a jamais aidé personne à déterminer si on va aimer ce livre/jeu/film. Je vais tâcher de faire de mon mieux, sans pour autant m’empêcher complètement de déverser mon fiel quand il y a des choses qui m’énervent, me hantent, me dégoûtent ou me choquent. Comme une sorte de règle, de contrat tant qu’il s’agit d’écrit : je suis une personne, j’ai mes propres sentiments, croyances, valeurs et préjugés, et je le ferai savoir de toutes manières parce que ça fait aussi partie du débat et des critiques. Mais j’essaie toujours de me réserver (souvent en fin de paragraphe) une part de rationalité, de mise au point sur le sujet, pour que les personnes les plus différentes puissent elles aussi trouver une part d’information.
Share : en anglais, c’est à la fois une part, et aussi partager, échanger.
Bienvenue dans mon esprit.