115° vers l’épouvante

De Lazare Guillemot. Les Saisons de l’étrange, 2018. Aventure horrifique. Bonne lecture. [202 p.]

Co-édité avec les Moutons Électriques ; Saison 1

115-epouvanteRésumé : « Que s’est-il produit dans un lointain passé sur l’île de Skellig, au large de l’Irlande ? La manifestation d’une créature épouvantable, événement dont on trouve des traces sur une bonne partie du globe terrestre, selon une étrange diagonale de 115° qui, traversant l’Europe et l’Afrique, va se perdre quelque part dans l’Océan Indien. La chose terrifiante avait jadis été mise en échec. Or, en ce mois de mai 1925, elle s’est réveillée… et compte bien revendiquer le monde comme terrain de jeu ! Les seuls à savoir, les seuls qui, peut-être, parviendront à la contrer, sont au nombre de cinq : le Père Brown, un prêtre catholique britannique dont le hobby est la résolution de meurtres et mystères ; un jeune orphelin cornouaillais, Billy Babbridge ; ainsi que trois aventuriers américains, Hareton Ironcastle, sa fille Muriel et son neveu Sidney Guthrie. Ils se lanceront sur les traces des sectateurs de la chose et, au terme d’un périple qui les mènera au-dessus d’une faille océanique, à l’autre bout de la Terre, tenteront d’empêcher le monde de basculer dans l’horreur.« 

Les Saisons de l’étrange sont un label lancé très récemment par trois compères des Moutons, dont le déjà fameux Melchior Ascaride, qui a un très important pourcentage de leurs couvertures à son actif (celle-ci en fait partie) ! Ses complices ont pour noms Arthur Plissechamps et Vivian Amalric.

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Cthulhu !

De Patrick Marcel. Les moutons électriques, 2017. Docu-fiction. Très bonne lecture. [220 p.]

Première édition sous le titre Les Nombreuses vies de Cthulhu, 2009.

Illustré par Melchior Ascaride ; collection La bibliothèque des miroirs.

les moutons électriques cthulhu! marcelRésumé : « Cthulhu, nom chuchoté dans des chroniques obscures et réprimées, révéré par des sectes sanglantes et occultes, répété par des initiés rares et apeurés, hurlé par des témoins condamnés et terrifiés. Dieu démon effroyable, grand prêtre de la restauration d’un ordre ancien du monde, monstrueux titan venu d’ailleurs, envahisseur absolu qui s’insinue jusque dans les rêves… Par sa brève et terrible émersion de 1925, Cthulhu marque une date dans la prise de conscience par l’homme de sa fragilité dans l’univers, de sa vulnérabilité sur une planète dont il s’imaginait le maître. Hasard ou nécessité, Cthulhu, en laissant éclater au grand jour un danger qui n’appartenait qu’à la légende, devient le héraut d’un bouleversement général et radical des mentalités, du passage des mythes à la réalité, de la superstition à la pensée scientifique, du monde newtonien à l’univers einsteinien, d’une pensée assurée et globalisatrice au doute de la relativité.« 

Si je ne suis pas certaine d’être tout à fait comblée par cette couverture verdâtre et simpliste aux tentacules crénelés disparates, je note des bubons en relief sous mes doigts et je trouve ça cool !

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Le Monde secret de Sombreterre, T1 : le Clan perdu

De Cassandra O’Donnell. Flammarion, 2016. Fantasy jeunesse. Bonne lecture. [202 p.]

Illustrations de Jérémie Fleury.

sombreterre1Résumé : « Orphelin, Victor n’est pas un garçon comme les autres. Il parle avec les fantômes et voit des choses que personne d’autre ne perçoit. Quand la jolie et captivante Alina fait irruption dans sa classe avec son horrible monstre invisible sur son épaule, le monde de Victor est bouleversé. Qui est-elle ? D’où lui viennent ses étranges et terribles pouvoirs ? Et surtout, pourquoi a-t-il l’impression de la connaître et qu’un lien ancien et magique les relie l’un à l’autre ?« 

Lu dans le cadre d’un partenariat avec Flammarion jeunesse.

Si je connaissais Cassandra O’Donnell de nom et que je l’avais même croisée un jour sur un salon je n’avais encore rien lu d’elle. Lorsque les éditions Flammarion, que je remercie, m’ont proposé de découvrir cette saga jeunesse qui avait l’air tout à fait sympathique je me suis dit que c’était l’occasion.

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Démons et Merveilles

De H.P. Lovecraft. Éditions 10/18, 1955. Nouvelles fantastiques. Bonne lecture. [250 p.]

51aUfRM576L._SL500_SY344_BO1,204,203,200_Résumé : «  » Comparé à ces contes, Poe ressemble à de la musique de chambre « , a écrit Daniel George. On sait maintenant que Howard Phillips Lovecraft est le premier romancier moderne dans l’ordre du fantastique. Les récits qui composent Démons et merveilles sont autant de voyages hallucinants et angoissés à travers cet inconnu que les découvertes scientifiques modernes n’ont réussi qu’à multiplier. »

Je ressors de ce recueil plutôt soulagée – d’habitude j’apprécie autant le Lovecraft qui nous écrit des récits d’horreur que celui qui se prend à rêver à des contrées inconnues (les Chats d’Ulthar, Polaris, font partie des textes que j’ai retenus comme très beaux), mais ici ma lecture a été très clairement usante sur la fin !

Pourtant, cela ne démarrait pas si mal… Et je ne retiens pas non plus que du mauvais.

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100 animaux mythiques de l’Histoire

De Caroline Triaud. 2011. Synthèse mythologique et culturelle. Livre mal fichu.
100animauxRésumé : « Depuis la préhistoire, l’animal a toujours accompagné l’homme, et nourri les imaginaires. Cet ouvrage regroupe 100 animaux mythiques, symboles d’une période historique ou d’une région du monde. Le Minotaure, le Sphinx, mais aussi la bête du Gévaudan, le Chat Botté, Idéfix ou Sophie la Girafe… tous sont témoins des relations entre l’homme et l’animal et de l’histoire des hommes et de leur imaginaire.« 
Ce livre présente toutes sortes de bestioles (le terme « animal » me semble peu approprié lorsqu’il s’agit de créatures qui prennent des formes multiples, et hybrides). Chaque créature a une page recto-verso dédiée, ni plus ni moins.
Déjà, à ce niveau, j’ai constaté des déséquilibres : en effet certains sont mieux connues que d’autres, ont une histoire plus étoffée ou plus de légendes dans lesquelles elles apparaissent que d’autres, ce qui entraîne tantôt une impression d’étirage en longueur, tantôt une accumulation de détails compressés et non explicités. Je souhaite bon courage par exemple à ceux qui n’auraient pas lu son histoire, pour suivre l’histoire de Pégase, parce qu’elle est farcie de références à plein d’autres personnages de la Grèce mythologique, qui sont eux très peu explicités (voire pas du tout).
Une petite chose qui m’énerve un peu aussi, c’est que l’auteur aime bien préciser que certaines créatures apparaissent dans « des mangas, des films, des jeux vidéos » – qu’elle ne cite pas – mais elle arrive toujours à caser des exemples de Pokémon ! Ok, Simiabraz est peut-être inspiré de Sun Wukong, mais d’après ce que je lis un peu partout s’il fallait citer des dérivations de ce personnage et de son mythe les séries Saiyuki ou Dragonball auraient sans doute été tout aussi pertinentes, et auraient surtout permis au lecteur de se diriger vers d’autres sources d’information… (fiche d’un Pokémon = 10 lignes pour ceux qui ne verraient pas de quoi je parle !)
En fait autant lorsqu’elle parle de mythologie et de vieux textes elle a l’air de bien respecter les détails et les noms, autant les parties « culture populaire » ont l’air d’avoir été ajoutées « parce qu’il le fallait », ne sont pas toujours pertinentes, et comportent des à-peu-près : « [Fenrir] est un personnage de la saga Harry Potter, où il est figuré sous la forme d’un loup-garou des Mangemorts de Valdemort. » (sic) On ajoutera Walt Disney comme troisième référence majeure destinée au grand public qui n’aurait pas lu les textes anciens… Ou peut-être plutôt aux érudits qui ne mettraient pas le nez hors des ouvrages universitaires !
Parfois il y a également des petites problèmes dans la rédaction, par exemple plus d’une fois un nom est parachuté ; en relisant je comprends qu’il s’agit d’une personne introduite dans le paragraphe précédent – mais pas nommée. J’aurais appris, en passant, que les hiboux ont « une aigrette sur le front » (sic).
Je regrette enfin l’absence d’illu- pardon, il y a en fait de toutes petites vignettes à moitié mangées par le bord de la page, à côté de chaque titre. Autant vous dire qu’elles sont en noir et blanc, et si petites qu’on ne voit en gros rien.
Faut-il pour autant jeter ce livre aux orties ? Peut-être pas. Les mythes sont quelque chose à quoi je m’intéresse depuis très jeune, j’ai donc accumulé suffisamment de lectures pour me montrer plutôt critique sur ce point. Je ne conseille pas spécialement cet ouvrage aux gens dans la même situation, mais je pense qu’il pourrait être attrayant aux yeux d’un novice en contes et légendes, ou quelqu’un qui cherche des sources sur le sujet, car les textes sacrés ou mythiques d’où sont issus les « animaux » sont dans l’ensemble cités.

Les Enquêtes d’Hector Krine, T.3

De Stéphane Tamaillon. 2012. S-F / historique jeunesse. Mauvais, et ne m’a même pas divertie.
krine3Résumé : « Hector Krine après la mort de son fils peine à reprendre le fil de sa vie. Une nouvelle enquête va pourtant le mener à la poursuite de celui qui pourrait bien être Jack l’éventreur. Aidé de son ami Jekyll et en compagnie de Rudyard Kipling lui-même il suit la piste d’un savant fou, le docteur Moreau, dont les travaux monstrueux ont repris clandestinement à Londres. Un peuple entier de mutants est en train d’envahir les bas-fonds de la cité. Il faudra beaucoup d’expérience et de chance à Krine pour se sortir de cette affaire dont le dénouement lui réservera une grosse surprise*. »
Je viens aujourd’hui d’atteindre mes limites de patience et de tolérance en ce qui concerne cette série. Je m’arrête donc page 197, victime d’un agacement sans bornes – de toutes façons plus j’ai plus ou moins perdu le fil, et franchement je me contrefiche de savoir ce qui se passera plus tard dans l’histoire tant le début n’a que peu d’intérêt.
Cela fait déjà deux critiques au cours desquelles j’ai le plaisir (mauvais) de vous expliquer en quoi je trouve cet auteur mauvais. J’ai malheureusement quelques anecdotes et détails supplémentaires à y ajouter :

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The Island of Doctor Moreau

De H. G. Wells. 1896. Science-fiction / anticipation. Bonne lecture.
Titre français : L’Île du docteur Moreau
islandRésumé : “Prendick, a naturalist, is shipwrecked on the island retreat of notorious vivisector, Dr. Moreau. In a laboratory called the House of Pain, Moreau manufactures ‘humanised’ animals known as the Beast People, whom he controls through fear–until the terrifying day when one of his degraded victims destroys him. Prendick is then alone with the blood-thirsty survivors…
A sombre fantasy in which Wells, on the eve of the twentieth century, issues a resonant warning against scientific obsessiveness, and the Faustian pursuit of evolutionary control.”
Je suis contente d’avoir lu ce classique que je connais de nom et de thème depuis des années, mais je n’ai pas été tout à fait autant emballée que je m’y attendais.
Difficile de critiquer l’histoire sans en révéler des tournants, même attendus ! Le livre est court (120 pages), autant dire que ce n’est rien comparé aux deux pavés que sont Robinson Crusoé ou Frankenstein, deux ouvrages avec lesquels je ne peux m’empêcher de comparer L’Ile du docteur Moreau, tant les thèmes abordés et la manière de les traiter se rejoignent. De fait, je n’ai également ni particulièrement adoré ni détesté ces deux derniers non plus.
The Island… est bien ancré dans les romans à la limite du fantastique et de la S-F de la fin du XIXe (ici c’est clairement de la S-F). Les évènements qui s’y déroulent, bien qu’attendus pour la plupart, répondent à une tendance au couple [fascination – horreur] expérimenté par l’humain face à quelque chose d’inconnu mais aussi d’impossible à accepter. Le style et la structure du texte ne surprendront pas les habitués, non plus que l’épilogue. Pourtant, cela reste quelque chose de fort, de choquant, même vu de notre XXIe siècle et sa science plus avancée – car il s’agit encore une fois d’amener le lecteur à se demander Et ensuite ? et pas seulement Quoi ? ou Comment ?
Bien que n’ayant pas été passionnée ni par le thème des dérives de la science – déjà trop vu et revu – ni par l’ouvrage en lui-même, je reconnais que c’est un livre de qualité, qui n’est pas non plus ennuyeux, et que je ne saurais donc déconseiller 🙂

Butcher Bird

De Richard Kadrey. 2012. Fantasy urbaine. Très bonne lecture.
Titre original : idem*, 2007.
butcherbirdRésumé : « Tout juste largué par sa copine, Spyder se rend dans le seul bar tibétain de San Francisco pour s’y saouler. Alors qu’il se demande quelle est la pire façon de mourir, il rencontre une aveugle fort désirable, Pie-grièche. En sortant du bar, le jeune tatoueur féru d’occultisme est agressé par un démon. Au moment où il va recevoir le coup de grâce, Pie-grièche intervient et décapite le monstre avec sa canne-épée. Le lendemain, perclus de douleurs, Spyder découvre une Californie hantée par des démons aztèques, tibétains, des créatures fabuleuses qu’il est le seul à voir. Une personne peut lui expliquer ce qui lui arrive : Pie-grièche. Mais on ne se mêle pas impunément des affaires de la belle tueuse de démons.
     Butcher Bird, mélange d’action débridée, de dialogues tarantiniens et de démonologie érudite, véritable concentré de fantasy urbaine, marque le grand retour en France de Richard Kadrey. »
Mon deuxième Richard Kadrey ! J’avais adoré Sandman Slim pour son style à la fois enjoué et familier, le rythme de l’histoire, et le cadre relativement original – de mon point de vue, je rappelle que je ne suis pas trop familière du genre fantasy urbaine adulte.
J’aime vraiment beaucoup l’environnement magico-démoniaque à mi-chemin entre faux sérieux et carrément comique, les références tant à la Divine Comédie / aux références de sorcellerie, de rituels et de mythologie qu’à des choses nettement moins académiques (dont quantité de films que je ne connais pas par cœur voire que je n’ai jamais vus). Beaucoup plus que dans Sandman Slim je me suis attachée aux personnages, et cette fois-ci je n’ai pas eu de mal à entrer dans l’histoire ; au contraire je considère le début du livre comme particulièrement bien amenée ! Le fond de l’histoire est assez intéressant, hésitant également entre tragique et comique, toutefois de manière un peu moins subtile et poignante que des auteurs comme Pratchett.
Quelque part j’ai trouvé que c’était écrit comme un conte, plus que comme un roman de fantasy, avec un (des) problème(s), des rencontres d’alliés/ennemis assez simples, des péripéties et un dénouement qui équivaut à la résolution des problèmes. Pourtant c’est très efficace : j’ai dévoré le livre, je ne me suis pas du tout ennuyée.
Un livre distrayant, mais qui pourrait également vous tenir en haleine de bout en bout si vous appréciez le style particulier !
* je viens de me faire avoir : en cherchant une image de la couverture, j’ai commis l’erreur de simplement taper « butcher bird », trouvant par là même une magnifique galerie de… pies grièches !

 

Les Enquêtes d’Hector Krine, T.2

Titre du tome : L‘Affaire Jonathan Harker. De Stéphane Tamaillon. 2011. Aventure science-fiction (hybride, à tendance steampunk mais aussi fantasy) historique jeunesse*. Pas mal, voire bien pour découvrir Londres et une certaine culture anglaise.
*désolée, mais c’était ça ou « mélo-mélo de genres, jeunesse »
T.1 : Les Pilleurs de cercueils.
krine2Résumé : « Londres, 1890. Le détective Hector Krine est engagé par Abraham Stoker, l’administrateur du plus grand théâtre de la ville, pour enquêter sur des vols mystérieux commis durant les représentations. Mais l’affaire ne s’annonce pas de tout repos. Au cours de ses investigations, Krine va croiser l’homme invisible, des vampires, déjouer un attentat contre la reine et faire face à une révolte des Grouillants. »
J’ai à très peu de chose près la même opinion de ce tome-ci que du premier. J’ai trouvé que l’auteur avait une plume un peu plus maîtrisée – son style, toujours parsemé de curiosités linguistiques parfois étrangement insérées, est un peu plus fluide.
Les bons côtés restent les mêmes : un fond humoristico-aventureux, dans un environnement résolument réaliste, et décidément bien documenté… en ce qui concerne Londres et la vie de sa société à cette époque. On ne s’ennuie pas, et on apprend des petites choses (ou des grandes) en passant.
Les points moins bons restent aussi les mêmes : comme je le disais au-dessus, et dans l’autre critique, l’auteur utilise parfois du vocabulaire rare, désuet, littéraire – pas du tout en raccord avec ses aventures et son style léger. Je pourrais aussi prendre l’autre versant du problème : on trouve fréquemment des scènes à la « WTF » – dans un langage plus châtié : absolument pas crédibles – dans cet environnement qui est soigneusement construit pour l’être, malgré l’existence de créatures surnaturelles. J’ai été au moins deux ou trois fois brutalement arrêtée dans ma lecture avec un peu la même impression que si Vil Coyote passait en poursuivant Beep-Beep au milieu d’un épisode de Sherlock : « Mais n’importe quoi !!! » Du coup, je suis coupée, frustrée, et j’ai du mal à reprendre la suite. J’ai aussi été coupée quelquefois par une mauvaise utilisation de vocabulaire (qui semble pourtant si cher à l’auteur !), ou des erreurs / maladresses.
Après vérification :
– un grizzly fait bien presque 3m de haut en station debout, pas « avoisinant 2 »
– je n’ai pas résolu le mystère des « débris » de l’arme factice de la pièce de théâtre (jetée par terre) ; soit ils ont utilisé un fusil en argile, soit le sol était en pierre explosive, soit le comédien avait une force absolument surhumaine ! En tous cas le terme fait bien référence à : « Restes inutilisables d’une chose ou d’un ensemble de choses diverses », ce qui n’est pas cohérent avec la scène, et n’a pas d’explication ultérieure.
Enfin, bien que ce soit sympathique et rigolo d’avoir des personnages connus, j’aimerais que l’auteur en utilise un peu plus de son cru, que ce soit dans les noms ou les personnages eux-mêmes. Et surtout, j’aimerais qu’il donne plus de substance à ceux qui sont déjà là. Jekyll, par exemple : que fait-il de sa vie ? Quels sont ses passions, ses amis, ses habitudes ? Plus que dans le premier j’ai cette impression très nette que, bien que le cadre soit très travaillé, et « marche » très bien, les personnages ne sont tous qu’une bande de fantoches que l’auteur manipule de façon visible. J’aimerais un peu moins me demander ce que l’auteur va faire d’eux, et plutôt, comme dans plein de livres, ce qu’ils vont faire. Ces personnages creux sont je trouve une des plus grandes lacunes de la série, un de ses plus gros défauts. J’ai passé sur le « détail » en découvrant le premier tome, mais maintenant je commence à en attendre plus ! Déjà qu’il s’empare sans vergogne de tous les stéréotypes possibles et imaginables, au niveau scénaristique...
Un livre certes distrayant et agréable, mais qui comporte quantité de paradoxes. A lire sans grandes espérances*.
* Voilà : comme ça ça vous donne un échantillon de ce que vous allez y trouver :p (la référence est de Charles Dickens, également un Londonien du XIXe, pour ceux qui ne suivraient pas)

Sandman Slim, T.1

De Richard Kadrey. 2013. Fantasy (« urbaine » ?). Très bonne lecture.
VO : même titre, 2009.
sandmanslimRésumé : « ‘La meilleure série B que j’ai lue ces vingt dernières années. Hautement satisfaisant, un chef-d’ œuvre d’humour et de mauvais esprit’. William Gibson
Victime de ce qu’il croyait être ses meilleurs amis, le magicien James Stark est expédié vivant aux enfers, où le général Azazel en fait un gladiateur puis un tueur à gages. Apprenant la mort de l’amour de sa vie, Alice, Stark arrache le cour d’Azazel et revient chez lui avec trois objets magiques : une clé, un couteau et une pièce qui ne ment jamais.
Si Stark est revenu chez les mortels, c’est évidemment pour se venger. Mais il lui faudra bien plus qu’un couteau, une clé et une pièce magique pour éliminer les membres du Cercle de magie et la véritable menace qui se cache derrière eux. »
J’ai été attirée par la 4e de couverture, qui promettait quelque chose de très original comparé à mes lectures habituelles, et un style particulier d’écriture. Les 100 premières pages ne m’ont ni vraiment accrochée, ni vraiment ennuyée – quand tout d’un coup je me suis retrouvée dans une partie d’INS. Autrement dit, c’est devenu en même temps très drôle et très prenant. INS, si vous ne connaissez pas, c’est l’abréviation pour In Nomine Satanis (/MV pour Magna Veritas, pour compléter le titre, mais cette partie-là est moins jouée) – un jeu de rôle (JDR) axé sur la guéguerre entre anges et démons, en gros. On voit plus de gens jouer des démons car c’est juste plus drôle, on est plus libre de ses actions, et ça a tendance à tourner au n’importe quoi. Oui, c’est un peu (carrément, la plupart du temps) un jeu défouloir.
Bé oui, j’ai quasiment pas lu de choses en fantasy « urbaine », je crois que ça c’en est, et je n’ai donc pas de comparaisons littéraires à faire.
Le décor dans une L.A. décadente (d’aujourd’hui, en fait, mais présentée de façon négative) et envahie par les monstres et les sorciers est assez sympa, et bien tenu par l’auteur. Par moments ça m’a pas mal fait penser à du Stephen King : les gens bizarres, le langage fleuri, l’atmosphère glauque (tout sauf le côté horrible/oppressant, en fait).
Le héros, qui a mentalement 19 ans au début, évolue heureusement au cours de l’histoire. Il m’a franchement énervée dans les premières pages, vengeance ou pas j’avais surtout envie de lui coller des baffes. Finalement il m’est devenu sympathique au cours de l’histoire, en partie parce qu’il est à la limite de l’anti-héros : un peu con, suffisant, cruel – mais pas de façon immodérée non plus (C’est marrant j’en discutais l’autre jour avec d’autres lecteurs sur Facebook, ce fameux sujet des héros pas si parfaits mais qui sont tout de même très intéressants) – en fait il est relativement « normal », avec un côté bad boy :D. Les autres personnages, assez peu nombreux, sont je trouve très bien dosés : des secondaires, des extra-secondaires, qui sont là où ça paraît logique qu’ils soient, avec des réactions cohérentes. Pour de la fantasy, j’ai trouvé ça somme toute assez réaliste dans l’ensemble, et ça fait très plaisir 🙂 L’intrigue, bien que simple, est bien menée sans que ce soit lourdingue ; de plus elle s’enchevêtre avec d’autres questions, d’autres mini-intrigues, ce qui fait qu’on reste plutôt facilement accroché au récit, surtout dans la deuxième moitié.
Le style, bien que très familier (et comportant un certain nombre de scènes sanguinolentes et violentes), est également fluide, et parsemé d’humour (bon / noir / de bas étage). J’ai adoré, mais je préfère prévenir ; je sais que ça ne plaira pas à tout le monde. Néanmoins l’auteur se débrouille bien, je trouve qu’il a du vocabulaire et un certain talent pour tourner ses phrases et enchaîner ses paragraphes, ce qui lui a valu un bon point de ma part :).
Un livre qui ne paye pas de mine au départ, mais qui n’en est pas moins bon : fluide, original, moderne. J’en sors hilare à cause de la situation finale (rassurez-vous, ce n’est pas un cliffhanger), et j’attends le deuxième tome.
Chroniques d’ailleurs : Blog-O-Livre