The Wizard of Oz

De L. Frank Baum. Diamond Books, 1993. Jeunesse. Très bonne lecture. [160 p.]

Pour l’anecdote, « Oz » est un surnom affectueux donné à l’Australie par ses habitants. Je n’ai aucune idée d’un lien possible (ou complètement improbable) avec cette histoire.

wizardRésumé : « They’re off to see the Wizard! Dorothy and her friends are sure that the Wonderful Wizard of Oz can give each of them the thing they want most in the world. The Scarecrow is going to ask him for some brains. The Tin Woodman hopes the Wizard can give him a heart. The Cowardly Lion longs for courage, and Dorothy wants him to send her back to Kansas. But as they set off down the Yellow Brick Road, they have no idea of the surprise that awaits them in the Emerald City when they come face to face with the Great Oz himself! This endearing and exciting story continues to delight children as it has since its first publication.« 

Autant j’ai pris ce classique par curiosité dans une boutique d’occasion, n’en attendant pas forcément grand-chose car déjà quand j’étais assez jeune le film m’avait paru enfantin et vieillot à la fois, autant je ressors très contente de ma lecture. Lire la suite

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Winterheim [Intégrale]

De Fabrice Colin. Pygmalion, 2011. Fantasy. (Très) Bonne lecture. [604 p.]
Winterheim existe  au départ en un cycle de trois tomes : Le Fils des Ténèbres, La Saison des conquêtes, La Fonte des rêves.
188 WinterheimRésumé : « Il y a bien longtemps, les Faeders et les Dragons ont décidé de ne plus s’immiscer dans les affaires des mortels. Retirés loin de Midgard, ils ont cependant confié à la Dame des Songes et à ses trois demi-sœurs les Ténèbres la tâche de veiller sur les humains. Aujourd’hui, dans le royaume de Walroek, le jeune forestier Janes Oelsen, dont les parents n’ont jamais pu comprendre le caractère rêveur et la juvénile impétuosité, entre en possession, à la suite d’un pari, d’une mystérieuse carte. Accompagné de sa fidèle chouette Flocon, il part pour le château maudit de Nartchreck où, à en croire les légendes, repose un fabuleux trésor… »
J’oscille entre le « bonne » et « très bonne » lecture. Dans l’ensemble c’est de la fantasy assez classique mais en même temps très originale et bien construite (je me comprends ! :p), mais j’ai aussi repéré quelques maladresses ou choses qui m’ont dérangée.
La reprise des mythes nordiques est je pense le point fort majeur de l’œuvre (avec la qualité de la plume de l’auteur). Les dieux très « humains », arrogants, méprisants, avides, violents et machos (en tous cas ceux qu’on voit !), ainsi que les déesses qui sont ici montrées plus douces, protectrices, sages, raisonnées, maternelles, se livrent une bataille rangée mêlant mythes et politique. L’insertion des Dragons est pour moi inattendue, mais je connais moins la mythologie d’origine que la gréco-romaine, ou même l’égyptienne. J’ai tout de même grandement apprécié le point de vue de l’auteur sur les dieux asgardiens et la nouvelle mythologie qu’il a mis en place autour : la place du Temps, des autres personnifications anthropomorphiques (:p), d’Yggdrasil, des sorcières, et des populations humaines aux prises avec tout ce petit monde magique. Je parle de « petit monde » mais en fait j’ai ressenti l’univers comme quelque chose de riche et de profond, on a souvent le droit d’ailleurs à des genres d’interludes descriptifs (ou même narratifs), parfois même hors-sujet avec l’action présente, qui ne semblent être là que pour aider le lecteur à plonger un peu plus dans le monde entre Midgard et Winterheim. Sur ce point je trouve que Fabrice Colin a fait très fort, l’immersion a très bien marché sur moi, et a été très convaincante.
Les quelques choses qui m’ont moins plu sont de manière générale plutôt des détails : quelques longueurs dans l’histoire, quelques passages un peu confus, et quelques tentatives de narration originales qui pour moi n’ont pas été très concluantes, notamment le texte sans ponctuation que je n’ai pas trouvé très utile et plutôt casse-pieds à lire, et la rencontre de Livia et Janes autour de la table du festival, où j’avais envie de lire d’abord toutes les pages de l’un puis toutes les pages de l’autre ! (Les deux points de vue étaient présentés en vis-à-vis, Janes page de gauche et Livia page de droite, sur quelques pages en tout). Par contre j’ai aimé d’autres prises de risque ou brisures de codes structurels de temps à autre, le choix de chapitres très courts, les nombreuses voix dont beaucoup données à des personnages secondaires voire d’arrière-plan qui ont un aspect de figurants sur lesquels la caméra se focaliserait furtivement. La scène avec les aulnes m’a bien entendu fait penser aux Ents, mais je crois me souvenir que Tolkien n’a ici strictement rien inventé et qu’on touche aux racines (pardon) du folklore nordique, tout court. D’ailleurs les deux auteurs ne gèrent pas du tout leurs arbres de la même façon.
Il y a aussi des choix de l’auteur que je n’ai pas trouvé très cohérents ou justifiables, certaines choses un peu tirées par les cheveux ou tues pendant longtemps sans qu’on sache très bien pourquoi. La rencontre de Janes avec Julea un an seulement après sa séparation d’avec Livia m’a semblé vaguement abusive – il était amoureux fou de Livia, vraiment ? Dans un monde aussi lyrique, je ne m’attendais pas à ça, surtout après toute la poésie déployée autour des deux personnages dans les chapitres précédents. Sommes-nous censés penser que Janes « n’est qu’un homme » ? Dans ce cas bonjour le machisme, et personnellement je trouve que ça casse un peu ce qui a été construit précédemment. D’ailleurs au niveau du ton et des thèmes utilisés je pense qu’il y aurait peut-être eu moyen de faire quelque chose de plus équilibré, entre les instants de poésie lyrique, de descriptions grandioses, de scènes bien violentes ou sanglantes, et les scènes de sexe quand même relativement nombreuses (je veux dire par là que j’ai parfois pensé qu’on aurait pu avoir une description plus courte voire une scène supprimée car cela n’amenait rien de spécial). Peut-être que c’était une manière de montrer la brutalité et la multiplicité du monde, je n’en sais rien !
J’ai été parfois gênée, perdue ou dégoûtée, souvent emportée par le torrent d’écriture. Sa force est néanmoins incontestable, que l’on aime tout ou seulement une partie du livre, il y a quelque chose de puissant qui s’en dégage. Un roman qui n’est pas parfait mais qui vaut le coup d’être lu si vous aimez la fantasy et/ou la mythologie scandinave.
NB : le nom du chapitre « Carnaval de neige » a été pour moi comme un écho à « Bal de givre…* ». Coïncidence ? Aucune idée.
* « … à New York », autre œuvre de l’auteur (en jeunesse).
Chroniques d’ailleurs :  Blog-O-Livre, Lectures Trollesques

Grimalkin et l’Épouvanteur

De Joseph Delaney. 2013. Fantasy jeunesse. Très bonne lecture.
Titre original : Spook’s, I am Grimalkin, 2011
Note : neuvième tome d’une série qui se suit directement (pas d' »épisodes »)
grimalkinRésumé : « Tandis que Tom, Alice et l’Epouvanteur retournent à Chipenden, John Gregory compte rebâtir sa maison, brûlée par les envahisseurs qui ont ravagé le Comté, Grimalkin s’efforce de rejoindre la tour Malkin, pour y cacher la tête du Malin (que Tom a tranchée en Irlande). C’est dans cette tour que les soeurs de la mère de Tom, deux sorcières lamias, gardent de précieuses malles. Car ces dernières renferment des secrets qui permettraient à Tom de vaincre le Malin. Seulement, un groupe de sorcières, alliées du diable, pourchassent Grimalkin : elles veulent à tout prix récupérer la tête. Elles sont accompagnées d’un mage redoutable et d’une terrible créature mi-humain mi-loup, conçue par magie noire. Au cours d’un affrontement, le monstre hybride blesse Grimalkin. Si la sorcière en réchappe, elle reste néanmoins affaiblie par le poison distillé dans son sang…Tom Ward, son maître John Gregory, et Alice peuvent-ils encore compter sur elle ? »
Ce neuvième opus de la série de l’Épouvanteur est raconté pour une fois du point de vue de sa terrible ennemie la sorcière Grimalkin, et l’action est centrée sur elle, alors que John Gregory et Tom Ward sont ailleurs. Chargée de soustraire aux alliés de l’obscur un terrible objet, la tueuse du clan des Malkin se retrouve à faire face à des ennemis pour une fois aussi puissants et vicieux qu’elle-même, la forçant à user de prudence, et chercher des alliés – ce qui est plutôt difficile dans sa position et vu sa réputation !
J’ai aimé changer de point de vue, non pas que je me sois lassé de Tom Ward (en fait un petit peu, ça fait quand même 8 tomes qu’on le suit !), mais c’est très intéressant d’avoir cette focalisation presque opposée, cette autre vision de l’univers – cela amène au lecteur des détails différents et tout aussi pertinents sur la vie et les relations des créatures et populations du Comté. L’auteur parle en annexe de la difficulté à amener le lecteur à éprouver de la sympathie pour Grimalkin, mais en suivant toute la série dans l’ordre je trouve qu’on est très vite confrontés à un des thèmes majeurs abordés par l’auteur : même dans ce monde qui paraît à première vue dichotomique, les « gentils » ne sont pas plus tous blancs et innocents que les « méchants » ne peuvent avoir de code d’honneur, ou faire fi de certaines lois « naturelles » pour servir leur propre intérêt en même temps que celui des autres. On ne tombe toujours pas dans la mièvrerie ou la simplification à l’extrême, ce qui est tout à fait bénéfique, je trouve, à la crédibilité de l’histoire.
Un seul bémol : certains passages de ce tome sont la copie conforme de ce qu’on peut trouver dans le hors-série « Les Sorcières de l’Epouvanteur« . J’ai trouvé ça dommage, j’aurais au moins aimé que les récits ne soient pas strictement les mêmes (plus développés, ou synthétisés).
Un tome à la hauteur des précédents.

 

Chroniques d’ailleurs :   Les lectures de Marinette

Les Sorcières de l’Épouvanteur

De Joseph Delaney. 2011. Fantasy jeunesse / Contes. Très bonne lecture.
Titre original : The Spook’s Stories – Witches, 2009
sorcieresRésumé : « Saviez-vous que l’Épouvanteur John Gregory était prêt à tout pour garder près de lui Meg Skelton, la lamia dont il est tombé follement amoureux ? Que la sorcière Dora a été débusquée et torturée par un redoutable Inquisiteur ? Que la plus redoutable des tueuses, Grimalkin, a eu un bel enfant avec le Malin ? Qu’Alice a affronté une immonde créature mangeuse de cerveaux chez Lizzie l’Osseuse ? Et enfin, que Tom Ward a combattu une divinité celte quand il était en formation avec Bill Arkwright ? Un recueil de cinq récits fascinants et effrayants à souhait ! Des révélations palpitantes sur les personnages les plus importants de la saga de l’Épouvanteur !« 
Un recueil de textes courts sous forme de chroniques annexes à la série racontant les aventures de Tom Ward. On retrouve le style si particulier à Joseph Delaney, du moins quand il se propose de nous faire découvrir le folklore attenant au Comté, ses créatures de l’obscur et les combats qui s’y déroulent de manière semble-t-il quotidienne, pour des question de pouvoir, de vengeance ou de protection.
Je conseille cependant de lire ce livre plutôt après avoir lu la saga écrite auparavant, car il dévoile certains passages-clés. Par contre, je devrais me mettre à relire la série car je ne me souviens absolument plus qui exactement est Meg Skelton dedans, ni comment elle nous est introduite !
Un bon complément à la saga de l’Épouvanteur, qui permet de revenir dans le Comté et d’apprendre quelques détails supplémentaires.

L’Apprenti Épouvanteur

De Joseph Delaney. 2005- … (en cours). Fantasy. Excellente série.
Titre original : The Spook’s Apprentice,
Une lecture que j’ai beaucoup appréciée. Quelqu’un d’un forum de fantasy m’en avait un jour parlé, je les ai successivement empruntés à la médiathèque locale ; j’ai tout de suite accroché.
apprenti epouvanteurRésumé : « ‘L’Épouvanteur a eu de nombreux apprentis, me dit maman. Mais peu ont achevé leur formation. Et ceux qui y sont parvenus sont loin d’être à la hauteur. Ils sont fragiles, veules ou lâches. Ils se font payer fort cher de bien maigres services. Il ne reste que toi, mon fils. Tu es notre dernière chance, notre dernier espoir. Il faut que quelqu’un le fasse. Il faut que quelqu’un se dresse contre les forces obscures. Tu es le seul qui en soit capable.’  Thomas Ward, le septième fils d’un septième fils, devient l’apprenti de l’Epouvanteur du comté. Son maître est très exigeant. Thomas doit apprendre à tenir les spectres à distance, à entraver les gobelins, à empêcher les sorcières de nuire… Cependant, il libère involontairement Mère Malkin, la sorcière la plus maléfique qui soit, et l’horreur commence… »
En France il y a au moins 10 tomes de parus en décembre 2012, chez Bayard Jeunesse (j’en ai lu 9). L’auteur étant anglais, il y en a peut-être même plus de parus au Royaume-Uni. Les lire un jour en anglais est une idée, mais pour le moment je n’en ai pas trouvé ni en occasion ni en bibliothèque, et la traduction* me paraît excellente par ailleurs. La moyenne des tomes est de 300 pages, mais c’est écrit assez gros et le style est très fluide, donc ça se lit plutôt très vite.
Lien vers le site anglophone : http://www.spooksbooks.com/spooksbooks.asp
Je trouve cette lecture reposante. La fantasy actuelle me donne parfois le vertige tant elle fourmille de complexité, de personnages hauts en couleur, d’intrigues à répétition, de peuples tous plus extravagants les uns que les autres, de mondes enchantés, de dragons, chimères et autres fadaises plus ou moins bien intégrées à l’histoire, de grands discours et descriptions incroyables.
Laissons tout ça un instant.
Un univers restreint mais bien maitrisé. La campagne anglaise, on ne sait trop en quelle année (type Moyen-Age), des familles et des gens qui y vivent. Un cadre que je qualifierai de folklorique – les bonnes gens du secteur ont régulièrement affaire à l' »obscur », autrement dit les forces maléfiques « communes » : sorcières, gobelins, et autres calamités. Le jeune héros, Tom, est appelé à devenir épouvanteur [« Spook » en anglais] (il débute avec le statut d’apprenti, comme tout corps de métier) – autrement dit dératiseur, pardon, chasseur des forces de l’obscur.
Ajoutez suffisamment de relations familiales et amicales (ou pas) pour donner un peu de réalisme au récit, et hop. N’était le côté magique omniprésent, on trouverait un rythme et une narration assez semblable aux récits d’aventures, avec cependant suffisamment de pauses pour que ça paraisse crédible (fatigués, blessés…), et aussi que ça ménage le lecteur (non ce n’est pas qu’une longue suite de batailles ou d’apprentissage sur l’obscur). Le ton est juste, ni trop épique ni trop infantilisant. Le héros s’empêtre et se dépêtre de situations variées, qui l’entraînent non seulement lui mais aussi son maître et d’autres personnes de son entourage dans des péripéties et histoires plus ou moins lugubres et dangereuses. On trouve aussi tout plein de références au folklore – type de créatures, sortilèges, moyens de s’en protéger… L’environnement et métier de l’épouvanteur est entièrement basé là-dessus.
* De Marie-Hélène Delval, dont je salue au passage les qualités dans bien d’autres traductions et également parutions de son cru : les Chats m’avait trop fait flipper au collège, c’est une petite nouvelle classée en jeunesse, mais tout à fait bien tournée, je l’ai même relue plusieurs fois.