La Fille de l’alchimiste

De Kai Meyer. Le Livre de Poche, 2011. Fantasy. Coup de coeur. [626 p.]

kaimeyerRésumé : « Fin du XIXe siècle. Aura Institoris a grandi dans le labyrinthe de couloirs obscurs du château de ses ancêtres, bâti sur un récif de la Baltique. Lorsque son père, l’alchimiste Nestor Nepomuk Institoris, est assassiné sur l’ordre de son plus vieux rival, la jeune fille se trouve entraînée malgré elle au cœur d’un conflit dont les racines remontent au Moyen Âge. Aux côtés de son frère adoptif, elle décide d’affronter le meurtrier de son père. S’initiant à son tour aux terribles secrets de l’alchimie, elle va braver les intrigues et les dangers, et partir sur la piste du plus grand mystère de l’humanité : l’immortalité…« 

Évitez de lire le résumé chez les Éditions du Rocher, ils vous dévoilent la moitié du livre ! (contre 10% ici)

A mi-chemin entre la Fantasy et le roman d’aventures ésotérique, Kai Meyer nous propose un voyage à travers l’Europe mais aussi à travers le temps. Si le lecteur est d’abord plongé dans l’Allemagne du XIXe siècle, gothique et austère, il va très vite se faire entraîner beaucoup plus loin, dans les souterrains de Paris ou sur les hauteurs des Carpathes, alors que les héros du début n’en étaient même pas encore au stade d’idée dans la toile du Temps.

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Lily et Po, T.1 : Rencontres et Rendez-vous

De Lauren Oliver. 2012. Jeunesse. Coup de cœur esthétique. Très bonne lecture.
Titre original : Liesl & Po, 2011
lily&poRésumé : « Lily est une petite fille comme les autres… pourtant son histoire n’est pas banale. Une nuit, dans le grenier où elle habite, Lily reçoit la visite de Po. C’est un curieux fantôme qui voyage avec Balluchon, une créature ni chien ni chat. Po lui parle d’un lieu étrange, qu’il appelle « l’Autre Côté », où il a croisé le papa de Lily. Il est porteur d’un message inattendu qui va entraîner notre héroïne dans une folle aventure… « 
J’ai choisi ce livre autant pour sa qualité technique et esthétique que pour le résumé ! La couverture m’a tout de suite attirée, que ce soit par l’image toute mimi, les nuances de couleur, la présentation, la calligraphie… Le format est un de ceux que j’aimais avoir dans les mains quand j’avais l’âge de l’audience ciblée de ce livre, avec une couverture en carton fort et une reliure épaisse qui donne un aspect « durable » au livre. En le feuilletant je remarque quelques images type gravure, en noir et blanc comme je les aime, et d’un style qui me plaît bien. Les pages sont en papier de bonne qualité, aux bords relativement doux, et avec une typographie et une mise en page très agréables à l’œil.
lily&poarriereAu dos du livre, je lis : « Les aventures de Lily et Po : 3 tomes qui émerveilleront tous les lecteurs dès 8 ans. » Et c’est vrai ! Je suis tout émerveillée !
Bon, passons au contenu !
L’univers, le cadre sont plus ou moins entre le conte et la fantasy : nous sommes dans un monde plus ou moins semblable au nôtre (trains, hôpital), sauf que la magie est semble-t-il plus attendue à défaut d’être présente de manière quotidienne (alchimie).
La forme du texte est très poétique, très posée. Entre deux actions nous avons droit à des incursions dans les pensées des personnages, des descriptions et explications sur le monde et les détails importants pour l’histoire, et aussi des retours dans le passé permettant de mieux cerner les personnages. C’est suffisamment explicite et doucement amené pour être accessible aux enfants, mais je pense que les adultes amateurs de contes, ou d’auteurs comme Carlos Ruis Zafon, Le Guin ou Morpurgo pourraient aussi y trouver leur compte.
Il y a peu de personnages, et ils sont plutôt stéréotypés, mais je trouve que c’est tout à fait en accord avec à la fois l’environnement, l’intrigue, et la plume de l’auteur. En fait le fait que les personnages soient en nombre limité permet d’avoir plus d’informations sur chacun d’eux, de pouvoir les apprécier ou ne pas les apprécier de manière plus significative.
J’ai hâte de trouver les tomes suivants, car l’histoire n’est qu’amorcée dans ce premier opus.
Un très joli livre pour enfants, avec une histoire qui en vaut la peine : pleine de poésie et de douceur mais qui traite aussi de sujets sérieux et tristes.

L’Héritière du Temps

De Ludovic Rosmorduc. Jeunesse historico-fantasy. Pas si mauvais finalement, mais a manqué le « Raté » de peu.
héritiereRésumé : « La fête du solstice d’été amène chaque année à Sétiladom son lot de marchands ambulants et de curiosités. Il semble que cette saison ne fera pas exception car d’inquiétants phénomènes commencent à se produire au sein de la ville : à une grossesse contre nature succède en effet l’arrivée tonitruante d’une émissaire du Diable. Ces événements suffiront à convaincre la Sainte Inquisition d’intervenir. Et si le Grand Inquisiteur est assuré du bien-fondé de sa cause, il se pourrait qu’il soit également mu par des motivations plus sombres. Héritiers de l’histoire de la Cité Ocre, mais surtout de la sagesse du vieil érudit Ambroise de Liemmos, l’alchimiste Yorel, le guerrier Dungal et leur protégée de toujours, Sixéla, vont tout mettre en oeuvre pour découvrir ce qui se cache derrière ces manifestations démoniaques.« 
Je ne suis pas à la page 100 que j’ai déjà un souci, de taille. Bon, techniquement c’est un détail, mais partant du principe qu’un livre se doit d’être cohérent, cohésif, et tout ce que vous voulez, je suis étonnée, surprise, ébahie voire carrément agacée quand je tombe sur des éléments ne collant pas du tout entre eux, jouant sur deux types de public différents, ou que sais-je encore.
D’après ce que je vois, l’auteur veut instaurer du suspense, une atmosphère sombre, oppressante, inquiétante. Malheureusement il s’est sabordé lui-même, dès les toutes premières pages, du moins en ce qui me concerne.
En effet – dommage pour ce monsieur – je suis grande amatrice de mots mêlés, et ma vitesse de lecture est suffisamment rapide pour que je lise parfois des choses sans avoir le temps de détourner les yeux. Je décerne donc le premier prix de « Manque d’inspiration additionné de manque de sens » concernant les noms propres suivants, qui me pourrissent ma lecture depuis le début, au point que j’en suis à les lire « correctement » depuis quelques pages : la ville de Sétiladom, la forêt d’Ertenef, le seigneur de Liemmos, l’héroïne Siléxa (qui serait « passée » sans aucun souci si elle était la seule dans ce cas, mais qui du coup me fait sans arrêt de l’œil), et Yorel, par conséquent, alors qu’en temps ordinaire ce nom ne m’aurait jamais choqué, dont j’espère très très fort qu’il n’ait pas un pote qui s’appelle Nilrem (vous voyez où j’en suis !…) Le personnage nommé Cudromsor aurait également pu être sujet à humour, aurait pu être exploité je ne sais comment – mais non, il se contente de faire une apparition qui ne sert à rien mis à part de me faire sortir une fois de plus de l’histoire et aller me cogner la tête contre le mur le plus proche.
Arrivée à la moitié du livre, les personnages ont quitté la région initiale, me soulageant quelque peu de bagages linguistiques handicapants ! Finalement j’entre dans l’histoire, qui ne casse pas des briques question originalité mais pose des intrigues politiques et religieuses pas si mal explicitées et décrites (avec un poil, mais juste un poil, de magie).
Dommage pour un auteur qui a un potentiel lexical et syntaxique tout à fait honorable, voire très bon. Je suis allée chercher deux ou trois termes dans le dictionnaire, et les descriptions sont particulièrement concrètes et complètes.
Je finis donc ce livre avec un peu moins de frustration qu’à la page 106, mais il ne restera pas dans ma mémoire.

Les Cathédrales du vide

De Henri Lœvenbruck. 2009. Thriller ésotérique. Bonne lecture.
A lire avant : Le Rasoir d’Ockham (2008)
cathedralesRésumé : « Sous couvert de protection de l’environnement, une organisation internationale met la main sur plusieurs régions du globe. Leur motif réel ? Un secret enfoui dans le cœur de la terre depuis la nuit des temps. Alerté par une série de disparitions étranges, Ari Mackenzie, pourtant retiré des Renseignements généraux, décide de mener l’enquête. Se pourrait-il qu’il y ait un lien entre les recherches clandestines de cette multinationale et les découvertes de l’alchimiste Nicolas Flamel ? Malgré lui, le commandant Mackenzie est à nouveau confronté à une affaire singulière. La plus dangereuse de sa carrière, sans doute. La dernière, peut-être. »
Le gros bémol technique : Choisir des romans policiers qui forment une saga, en commençant par le final : ma spécialité ! Du coup je me suis spoilée une bonne partie, dont la fin, du Rasoir d’Ockham (que je voulais lire, mince alors ! 😦 ).  A ma décharge et à celles des bibliothécaires, qui se sont plantés en n’achetant pas le premier « tome » car croyant comme moi que c’étaient tous les deux des one shots* : il n’y a strictement rien sur la couverture qui indique une suite !! Flammarion thriller, bravo. En fait, si, on sait que l’auteur reprend un personnage déjà utilisé, à la toute fin du résumé, mais c’est tout.
Autrement j’ai très vite accroché à l’histoire et aux thèmes (à force de lire des trucs sur l’ésotérisme ces derniers mois, il y a des termes qui commencent à me devenir familiers ! C’est assez drôle en soi), même si je dois reconnaitre que ça ne casse pas des briques question originalité. Il s’agit selon moi encore d’un de ces romans ni excellents, ni mauvais, avec suffisamment d’éléments pour plaire, mais non sans failles.
Une de ses forces est le héros et les personnages en général, qui sont relativement fouillés et réalistes. On retrouve bien là certains codes propres au roman policier français contemporain, un peu comme chez Grangé. Psychologies existantes et cohérentes, bouts de vie quotidienne, problèmes amoureux, etc., ce qui donne des personnages qui sont plus que de simples fantoches en quête du méchant.
L’intrigue elle-même a le mérite de mêler codes ésotériques et choses concrètes ou politiques, ce qui en fait un mélange qui ne plaira sans doute pas à tous, mais qui à mon sens est tout à fait acceptable.
Enfin Lœvenbruck a un style dynamique et tout à fait fluide, à défaut d’y avoir trouvé de vrais éléments originaux – hormis les références aux « fumeurs bannis », qui m’a beaucoup fait rire, car ça sent le vécu ! (c’est un gros fumeur, ou au moins était à ma connaissance)
En conclusion c’est loin d’être un coup de cœur mais c’était une lecture très agréable.
*one shot : œuvre en une seule partie. Mot très à la mode en ces temps troublés de séries et sagas au nombre de tomes toujours croissant.

 

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