L’Homme bicentenaire

De Isaac Asimov. Denoël, 1978. Nouvelles de SF. Très bonne lecture. [284 p.]

Collection : Présence du futur

Titre original : The Bicentennial Man and other stories, 1976 ; trad. de l’américain par Marie Renault

lhomme-bicentenaireRésumé : « Qu’Isaac Asimov soit lui-même bicentenaire, comme Andrew le robot, héros de la nouvelle qui donne son titre à ce recueil, c’est ce que l’énormité de sa production pourrait laisser à penser. Il s’en défend dans un poème, La Fleur de la jeunesse, où l’on découvrira aussi que M. Asimov est un individu et non un trust. Qu’il ait l’âge de ses artères, et que dans celles-ci le sang circule avec autant de fluidité que les impulsions électriques dans les circuits de son ordinateur Multivac, c’est ce que prouvent ces onze nouvelles, datant toutes des dix dernières années. Une invention inépuisable servie par un métier de vieux routier dont l’humour et les pirouettes ne cesseront jamais d’étonner.« 

J’ai lu ce livre en fin d’été dernier, j’avoue que je ne me souviens plus bien de toutes les nouvelles et que je suis bien contente d’avoir pris des notes à un moment où j’avais plus envie – besoin – de lire que d’écrire ! Cependant en relisant mes griffonnages je me rappelle de mon appréciation générale agréable du livre et de mon envie de lire plus d’Asimov à l’occasion, que ce soit pour ses idées originales, son talent de conteur (car s’il n’a pas un style littéraire incroyable je lui trouve une efficacité narrative assez terrible), et son indéfectible humour qui borde parfois un aussi profond sérieux ou des réflexions qui n’ont rien d’anodin.

Jadis on écrivait de la science-fiction pour les revues de science-fiction. D’ailleurs, John Campbell définit une fois en riant ce domaine indéfinissable en disant : « La science-fiction, c’est ce qu’achètent les rédacteurs en chef de revues de science-fiction. » ~ p. 235, introduction de « Marching In »

Tout comme dans le recueil « Flûte, flûte et flûtes !« , les nouvelles sont chacune accompagnée d’une ou deux pages introductives par l’auteur, qu’il raconte la genèse de la nouvelle, une anecdote associée, ou bien décrive quelque peu sa vie à ce moment-là.

Voici mon avis nouvelle par nouvelle :

La Fleur de la jeunesse (The Prime of Life), 1966 : pour commencer, c’est un poème, que je n’ai trouvé ni bon ni mauvais mais plutôt bizarre.

Intuition féminine (Feminine Intuition), 1969 : j’ai bien aimé, Asimov reprend son thème si cher des robots, avec la recherche de développement d’un robot « féminin », intuitif. La chute m’a bien fait rire. L’auteur a du mordant !

Trombes d’eau (Waterclap), 1970 : encore une nouvelle de SF qui laisse la part belle à un personnage féminin ; l’histoire se focalise sur des problèmes de survie d’un monde lunaire vs un monde sous-marin (suite à une colonisation humaine dans ces deux milieux). Un quelque chose qui m’a prise aux tripes.

Pour que tu t’y intéresses (That Thou Art Mindful of Him), 1974 : une très bonne histoire, bien que classique, sur les robots / qu’est-ce qui fait un être humain, un homme, un robot ? L’auteur en profite pour reprendre et dépoussiérer ses Lois de la Robotique. (?) Je n’ai pas lu la trilogie originale, j’en connais juste les grandes lignes et ça ne m’a pas empêchée d’apprécier ce texte.

Étranger au Paradis (Stranger in Paradise), 1974 : quand on mélange robotique, génétique et autisme ça peut donner ce texte que j’ai trouvé assez bizarre mais pas si mal non plus.

La vie et les œuvres de Multivac (The Life and Times of Multivac), 1975 : on la connait celle du super-ordinateur qui tient l’humanité sous sa coupe. Mais on peut aimer la réentendre de temps en temps ! Encore une petite chute appréciable à la sauce Asimov – assaisonnement cynique.

Le triage (The Winnowing), 1976 : en ces temps de faim dans le monde et de pénurie de certaines ressources, le temps est à la distribution rationnée. Un homme a mis au point un poison biologique qui permettrait de « résoudre » le problème. Chute prévisible mais ok.

L’homme bicentenaire (The Bicentennial Man), 1976 : c’est un robot qui voulait être un homme. Forcément des questions qui recoupent « Pour que tu t’y intéresses », mais l’histoire ne prend pas les mêmes chemins puisque ici on suit un seul robot et non pas plusieurs prototypes. La focalisation sur le héros m’a émue et j’ai trouvé l’ensemble très beau.

« Marching in » (Marching in), 1976 : un homme trouve le moyen de soigner la dépression au moyen d’ondes musicales. Mignon.

Démodé (Old-fashioned), 1976 : Deux astromineurs en perdition dans la ceinture d’astéroïdes, à la merci d’un trou noir, doivent faire appel à leur ingéniosité pour s’en sortir. Simple, efficace, très bon !

L’incident du tricentenaire (The Tercentenary Incident), 1976 : si je vous dis robot et président des États-unis ? Le thème de la doublure est exploité d’une manière que j’ai trouvé très satisfaisante, entre politique, communication et paranoïa.

La naissance d’une notion (Birth of a Notion), 1976 : une nouvelle très courte mais très sympa autour de la SF, des magazines de SF et des écrivains de SF. Met en scène Hugo Gernsback, créateur d’Amazing Stories, magazine célèbre pour avoir été le premier à ne publier que des histoires de science-fiction.

 

 

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