De Isaac Asimov. Denoël, 1977. Nouvelles S-F. Très bonne lecture. [184 p.]
Résumé : « Un savant dont les découvertes risquent d’envoyer aux oubliettes le métier d’antiquaire. Un singe qui, couplé à un ordinateur, donne enfin raison aux statisticiens en réécrivant les sonnets de Shakespeare. Un homme qui survit au sommet de l’Everest grâce à des… Martiens. Un voyageur temporel qui peut nous révéler pourquoi les dinosaures ont disparu. Panique dans les couloirs de la Commission de l’Énergie Atomique ! La radioactivité a disparu et même le souvenir qu’une telle chose ait pu exister.
Dix nouvelles où l’évolution d’un genre se reflète dans celle d’un de ses représentants les plus prestigieux, classées par ordre chronologique et commentées par l’auteur, plus en verve que jamais. Un feu d’artifice de trouvailles et de bonne humeur.«
D’Asimov j’avais lu comme beaucoup Fondation et Seconde Fondation, œuvres majeures de la SF (même si à 15 ans j’avais trouvé ça un peu complexe quand même) axées sur l’humanité et ses potentiels futurs économiques et politiques – de ce que je me souviens.
Asimov est également auteur d’ouvrages de vulgarisation scientifique, j’en avais vus certains au rayon documentaires jeunesse de la médiathèque municipale il y a quelques années.
Lorsque Lynnae, lors de son dernier désherbage (ou celui d’avant ?) m’a proposé de me donner des anthologies de ce grand nom, je n’ai pas hésité.
Cela a été l’occasion de me régaler de l’inventivité géniale mais aussi de l’écriture à la fois très humoristique (presque potache parfois) et parfois incisive de cet auteur, et d’en découvrir un peu plus sur lui dans les commentaires qui suivent chaque nouvelle, dans lesquels il raconte dans quelles circonstances il a écrit chacune.
Le billard darwinien (Darwinian Pool Room), 1950 : des ergotages scientifiques sur la création de l’univers auxquels je ne me suis pas sentie très réceptive. Sans doute la nouvelle qui m’a le moins plu de tout le recueil.
Le Jour des chasseurs (Day of the Hunters), 1950 : un côté fantastique, lovecraftien (impossible de retrouver le titre de la très courte nouvelle que cela m’évoque !), se dégage de cette histoire qui se passe au temps des dinosaures.
Shah Guido G. (Shah Guido G.), 1951 : j’ai beaucoup aimé, j’en retiens une version S-F très réussie d’un certain mythe antique que je vous laisserai découvrir. Asimov nous propose également un héros torturé et c’est assez sympa de voir comment il arrive à nous emmener dans une histoire qui a tout de même duré en l’espace de quelques pages, comme un concentré de ce qui aurait pu être une épopée de planet-opera.
Seul Plat venait. Il y retournait chaque année, et toujours, comme pour détourner tant de regards démoniaques, il portait sa médaille d’or. Elle pendait élégamment à son cou alors qu’il se dressait sur la crête Elle portait une courte inscription : »Au libérateur! ». ~ p. 52
Flûte, flûte et flûtes (Button, button), 1952 : une histoire de savant fou et d’invention délirante. Amusante.
Le Doigt du singe (The Monkey’s Finger), 1952 : Concept intéressant, j’ai aussi bien apprécié la mise en scène de l’écrivain de SF vs le directeur d’un magazine de SF – Asimov semble adorer faire ce genre de pied-de-nez qui fait totalement référence à son propre quotidien, tout en le distordant pour lui donner un aspect SF.
Hoskins regardait Marmie avec inquiétude.
– Qu’est-ce que vous manigancez, une mauvaise plaisanterie ? Il se tourna vers Miss Kane: Quand un homme écrit de la science-fiction pendant dix ans, on devrait le mettre dans une cellule capitonnée pour sa sécurité. ~ p. 96
– Doux Jésus! dit Hoskins
– Vous voyez, dit Marmie en triturant l’épaule de Hoskins, vous voyez, vous voyez, vous voyez. Vous voyez, ajouta-t-il. ~ p. 103
Everest (Everest), 1953 : concept amusant, mais classique et peu développé, et chute vite amenée.
La Pause (The Pause), 1954 : j’ai adoré le principe et je l’a trouvé très correctement amené (même si ce n’est pas franchement expliqué, le comment du pourquoi du phénomène, en tous cas pas en termes scientifiques). Le lecteur se demande également ce qu’il se passe, et l’apport philosophique est intéressant. Seulement, j’ai l’impression qu’en raison des nombreux termes scientifiques il serait facile de laisser en arrière un lecteur non averti. Je suis d’ailleurs allée rechercher entre autres ce qu’était la pechblende. J’ai aussi noté que le narrateur était particulièrement stupide et que le récit était parsemé de cette peur caractéristique de la guerre froide.
Il vaut mieux pas (Let’s not), 1954 : très courte, une discussion post-apocalyptique entre deux savants. Je n’ai pas plus accroché que ça.
Tous des explorateurs (Each an Explorer), 1956 : j’ai beaucoup aimé cette nouvelle, l’idée et la manière dont elle est exploitée ! Des explorateurs se rendent sur une planète où ils trouvent des plantes inconnues. Le reste appartient à la biologie avec une histoire d’adaptation à l’environnement.
Blanc ! (Blank!), 1957 : une très courte nouvelle sur le voyage dans le temps. Amusante.
Malgré les réticences qu’il exprime à son propre égard en introduction, Asimov – qui aurait souhaité qu’on ne publiasse que ses meilleures nouvelles, ou en tous cas celles qu’il trouvait bonnes, reste à mon sens un monument de SF, un de ces auteurs incontournables non seulement parce qu’ils se sont imposés comme des piliers du genre , qu’ils l’ont exploré voire inventé pour certains (je ne m’avancerai pas sur Asimov, ne le connaissant pas assez bien, sans parler des autres ; ceci dit vu son oeuvre prolifique et variée, sans parler de son imagination foisonnante, je ne serais pas trop étonnée d’apprendre qu’au moins un ou deux ressorts scénaristiques ou concepts viennent de lui) mais aussi parce que, à quelques exceptions près, il s’adresse à un public très large.