Le Passager

De Jean-Christophe Grangé. Le Livre de poche, 2014. Thriller. Excellente lecture. [977 p.]

Première parution : Albin Michel, 2011.

lepassager

 

Résumé : « Je suis l’ombre.
Je suis la proie.
Je suis le tueur.
Je suis la cible.
Pour m’en sortir, une seule option : fuir l’autre.
Mais si l’autre est moi-même ?…« 

Je trouve que les éditeurs de Grangé jouent la facilité depuis quelques œuvres : privilégier les phrases courtes, choc, avec le moins de mots possible. :p Mais ce n’est que mon avis. Si au moins ça pouvait leur éviter de balancer des spoilers comme avec Miserere… que je m’étonne de ne pas trouver dans mes chroniques, j’ai vraiment lâché cet auteur ces dernières années, alors que je l’aimais beaucoup au début – je pense que c’est dû aux quelques déceptions que j’ai eu avec des titres comme la Ligne noire (gore mais pas franchement trépidant – je l’ai trouvé franchement longuet et le héros bêtasse comme c’est pas permis), ou la Forêt des Mânes (hyper bizarre). Pourtant je trouve qu’il rebondit correctement avec cet opus, qui m’a énormément plu !

Je commence à bien connaître Grangé, et même sans la 4e de couv qui dévoile la direction globale d’une partie de l’intrigue je pense que j’aurais commencé à faire des hypothèses sur l’un ou l’autre personnage ou héros – l’auteur les aime torturés et si possible en quête d’une partie au moins de leur identité, j’imagine que c’en est devenu un jeu conscient entre lui et son lectorat. (Si non : tant pis, je joue toute seule !) Dans le Passager, il s’amuse particulièrement avec cette notion, je vous laisse découvrir comment. J’ai d’ailleurs apprécié l’équilibre avec lequel j’ai trouvé qu’il avait mis tout ceci en place : ça aurait pu devenir soit répétitif soit lourd, mais cela ne m’a pas laissé cette impression, et je pense qu’il s’est arrêté lorsqu’il le fallait.

En passant je remarque une certaine poésie, une profondeur relative qui se dégage de certains paragraphes. Alors non, ne lisez pas Grangé pour son style littéraire ou sa philosophie uniquement, vous n’en auriez probablement pas tout à fait pour votre argent, mais voici quelques passages sur lesquels je me suis arrêtée :

La fin du XXe siècle avait répété jusqu’à l’usure un lieu commun, résumé par la sentence de Nietzsche, dans le Crépuscule des idoles : « Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort. » C’était une connerie. Du moins dans son acception banale et contemporaine. Au quotidien, la souffrance n’endurcit pas. Elle use. fragilise. Affaiblit. Freire était payé pour le savoir.  ~ p. 212

[P]ersonne n’a la réponse à la question primordiale: pourquoi un cerveau réagit-il plus ou moins sensiblement aux traumatismes ou aux frustrations de l’enfance ? Il avait rencontré des adolescentes qui avaient subi des viols collectifs, survécu à l’inceste, traversé la faim, la crasse, les coups, et qui allaient s’en sortir, il le sentait. D’autres, heureuses dans un foyer sans histoire, qui avaient sombré pour un détail, un soupçon, une simple impression. ~ p. 213

[L]a vue s’ouvrait sur une vallée d’ombre, comme étranglée par les montagnes. Un décor étroit, rugueux, glacé, qui semblait prêt à broyer des carcasses d’avion dans ses mâchoires. ~ p. 501

Comment vous parler de ce livre sans vous en dévoiler les rouages ? Toujours compliqué avec les thrillers, encore moins simple souvent avec des auteurs tordus comme Grangé qui vous font déjà voler vos certitudes en éclats dès les premières dizaines de pages !

Nous sommes à Bordeaux, période contemporaine. Le capitaine de police Anaïs Châtelet, fringante trentenaire déterminée à enterrer ses secrets de famille, est appelée sur le site d’un meurtre à l’aspect tout mythologique : un homme a été retrouvé avec une tête de taureau (le petit plus de cette histoire c’est que le lendemain de mon démarrage de ce livre, il y avait une animation sur le thème de l’Espagne à la cantine du boulot. Avec entre autres une magnifique tête de taureau en peluche :D). Pendant ce temps le psychiatre Mathias Freire tente d’interroger un homme amnésique que les urgences lui ont amené dans la nuit.

Voilà le début, et nos deux héros ! Je les ai bien aimés tous les deux, l’auteur les a assez travaillés en tant que personnes pour que je trouve intéressant de les suivre tout court, enquête ou pas. Ceci dit le versant policier est également très bon : on ne s’ennuie pas, on a des os à ronger avec les enquêteurs, pas mal de péripéties, et si l’on peut regretter la badasserie d’un ou deux personnages j’ai envie de dire que c’est le cas avec quasiment tous les Grangé, donc fuyez l’auteur de manière générale si vous avez du mal avec les héros experts survivants, triplement médaillés de corps d’élite et transfusés avec le sang de Bruce Willis.

Le seul bémol que je mettrais à ma lecture est cette fin un peu abrupte (genre cheveu sur la soupe, pas trop genre révélation) et surtout qui m’a un poil trop fait penser à celle du Vol des Cigognes (par ailleurs excellent lui aussi).

 

Chroniques d’ailleurs : Blog-O-Livre

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4 réflexions au sujet de « Le Passager »

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