De Robin Stevens. Flammarion Jeunesse, 2016. Policier. Excellente lecture. [356 p.]
Titre original : Murder Most Unladylike, 2014 ; trad. par Faustina Fiore.
Résumé : « Lorsque Daisy Wells et Hazel Wong fondent leur agence de détectives privés, elles espèrent débusquer une enquête digne de ce nom. Tout bascule subitement le jour où Hazel découvre la prof de sciences étendue dans le gymnase. Le temps d’aller chercher Daisy, le corps a disparu. Dès lors, il ne s’agit plus seulement d’un crime à résoudre mais d’un crime à prouver, et ce, avant que le coupable ne frappe de nouveau.«
Lu dans le cadre d’un partenariat avec Flammarion Jeunesse
En introduction je dirais que je choisis mes livres de partenariat selon deux axes : ce qui correspond à mes lectures habituelles, ma zone de confort, et ce qui au contraire me permet de m’en détacher un peu. J’essaie d’alterner, et en fait comme je reste quelqu’un de curieux ce n’est pas très compliqué.
Ce titre se range sans aucun doute dans la première catégorie : enquête + pensionnat anglais d’il y a longtemps + club de détectives = j’adhère à 100% ! J’ai toujours adoré les enquêtes de jeunes détectives et ça ne m’a jamais quitté.
Hazel Wong, la narratrice, et Daisy Wells, sa meilleure amie, sont deux pensionnaires de quatrième à Deepdean, Angleterre, en 1934. Le collège de filles et l’internat offrant beaucoup de temps libre et pas forcément beaucoup de distractions véritablement amusantes, Daisy décide de fonder un club de détectives, s’occupant principalement d’affaires mineures comme menus larcins et potins. C’est pourquoi, lorsque Hazel découvre dans le gymnase le corps sans vie d’une de leurs professeurs, Daisy saute de joie : enfin un crime digne de ce nom ! Hazel, plus réaliste et moins aventureuse, s’inquiète de la présence d’un meurtrier dans l’enceinte de leur paisible collège pour filles, et cherche avant tout à surmonter le choc et l’horreur de sa rencontre morbide. Daisy quant à elle a très vite une deuxième bonne raison d’activer avec fébrilité ses neurones de détective amateur : le cadavre s’est volatilisé.
Livrées à elles-mêmes avec leurs certitudes et maigre témoignage, les deux écolières se lancent dans une enquête tout à la fois divertissante et dangereuse – l’assassin est sans doute parmi le corps enseignant, mais lequel ou laquelle des professeurs cache un secret si lourd qu’il ou elle s’est senti.e obligé.e d’en venir à une telle extrémité ? Qu’avait découvert Miss Bell ? L’enquête avance petit à petit, permettant au duo d’exhumer quelques autres secrets plus ou moins petits, plus ou moins bien gardés, de l’établissement et ses résidents.
J’avoue que j’étais fière de partager un secret avec Daisy. Et c’était amusant de traîner derrière les autres en faisant comme s’il ne se passait rien de spécial, alors que nous, nous savions que nous étions des détectives cherchant à obtenir des informations dans le cadre d’une mission secrète. ~ p. 21-22
Je n’ai pas pu m’empêcher de rougir. Imaginer notre Miss Bell, si raide, si impeccable, en train de fricoter (quelle que soit la signification exacte de ce mot) était terriblement embarrassant. ~ p.26
J’ai hésité avant de la toucher, parce que je n’avais jamais touché de professeur jusqu’alors, mais en réalité c’était comme toucher un autre être humain. ~ p.31
Les deux jeunes héroïnes sont très attachantes avec leurs caractères complémentaires : Daisy telle Sherlock filant le nez au vent à la poursuite d’éventuels indices au mépris de tout, et Hazel plus mesurée la plupart du temps, un peu trouillarde mais de fait aussi plus prudente – comme Watson (elle tient aussi leur journal). Leurs hypothèses ne sont pas toujours les mêmes, leur vie au collège non plus, et l’auteure nous fait partager un peu de leur quotidien familial et écolier dans des flashbacks et anecdotes sympathiques : Hazel vient de Hong Kong, envoyée en pensionnat par une famille aimante même si un peu arriviste, et ne se sent pas toujours très intégrée à la société britannique ; Daisy, qu’elle voit comme un modèle de parfaite jeune fille anglaise, n’est pas très heureuse au milieu de parents absents et indifférents et doit lutter plus qu’il n’y paraît pour se faire une place dans le formalisme et l’uniformité du collège. La relation entre les deux filles n’est par conséquent pas toujours évidente, et si l’amitié gagne toujours ce n’est pas sans accrochages, j’ai trouvé très réalistes.
Les adultes, professeurs et autres, constituent une grande part des personnages secondaires. Si l’on suit quelques péripéties et potins enfantins/préadolescents ce n’est pas non plus le fil rouge de l’intrigue, ce qui m’a tout à fait convenu, mais je préfère le préciser au cas où des lecteurs rechercheraient dans ce livre ce type d’éléments par-dessus tout. Ici il s’agit surtout d’un contexte, retranscrit de manière très sympathique par Robin Stevens je trouve, qui m’a promenée à travers Deepdean au gré des éléments de l’enquête.
Un très bon exemple du genre « jeunes détectives », dans un style très classique, très British. Un excellent titre.
Si c’est très British, comme tu dis, ça devrait sans doute me plaire! ^^
Oui, le côté « culture British » est assez présente, non pas trop en termes de stéréotypes comme je l’ai déjà vu parfois (même si j’aime quand même !) mais plutôt en termes de contexte, c’est en même temps subtil sur certains points et très référencé.
Je n’avais pas retrouvé ce style en jeunesse depuis les enquêtes de la petite soeur de Holmes. Je le note, merci pour cet avis!
Ah oui, Enola Holmes, une très bonne série ! 🙂