Un coupable presque parfait

De Robin Stevens. Flammarion Jeunesse, 2016. Policier. Excellente lecture. [356 p.]

Titre original : Murder Most Unladylike, 2014 ; trad. par Faustina Fiore.

coupableRésumé : « Lorsque Daisy Wells et Hazel Wong fondent leur agence de détectives privés, elles espèrent débusquer une enquête digne de ce nom. Tout bascule subitement le jour où Hazel découvre la prof de sciences étendue dans le gymnase. Le temps d’aller chercher Daisy, le corps a disparu. Dès lors, il ne s’agit plus seulement d’un crime à résoudre mais d’un crime à prouver, et ce, avant que le coupable ne frappe de nouveau.« 

Lu dans le cadre d’un partenariat avec Flammarion Jeunesse

En introduction je dirais que je choisis mes livres de partenariat selon deux axes : ce qui correspond à mes lectures habituelles, ma zone de confort, et ce qui au contraire me permet de m’en détacher un peu. J’essaie d’alterner, et en fait comme je reste quelqu’un de curieux ce n’est pas très compliqué.

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Morwenna

De Jo Walton. Denoël, 2014. Fantastique. Coup de cœur pour ce bon bouquin. [334 p.]
Titre original : Among Others, 2010.
COUV_morwenna.inddRésumé : « Morwenna Phelps, qui préfère qu’on l’appelle Mori, est placée par son père dans l’école privée d’Arlinghurst, où elle se remet du terrible accident qui l’a laissée handicapée et l’a privée à jamais de sa sœur jumelle, Morganna. Là, Mori pourrait dépérir, mais elle découvre le pouvoir des livres de science-fiction. Delany, Zelazny, Le Guin et Silverberg peuplent ses journées, la passionnent.
Un jour, elle reçoit par la poste une photo qui la bouleverse, où sa silhouette a été brûlée. Que peut faire une adolescente de seize ans quand son pire ennemi, potentiellement mortel, est une sorcière, sa propre mère qui plus est? Elle peut chercher dans les livres le courage de combattre.« 
Je me suis sentie très proche de cette jeune fille un peu solitaire, bibliophile convaincue et passionnée de science-fiction. Dans ce livre il y a énormément de choses que j’aurais moi-même aimé exprimer, ou exprimer plus souvent, ou mieux, ou plus tôt.

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Camelot

De Fabrice Colin. 2007. Excellent moment de lecture.
camelotRésumé : « Institut Saint-James de B… Nathan a 17 ans. Il doit passer l’été à préparer son diplôme de fin d’études dans cet établissement prestigieux réservé à quelques privilégiés. Avec Eric, David et Mathis, ils forment un groupe d’amis fidèles, solidaires, dans cet univers de garçons où les rivalités sont parfois violentes. Un soir, arrive un nouvel élève : Arthur. Il exerce une fascination troublante sur chacun. Bientôt, les trois amis de Nathan disparaissent des nuits entières, sans qu’il ne puisse rien savoir de leurs escapades nocturnes. C’est avec Arthur qu’ils partent, Nathan en est persuadé. Il décide d’aller lui parler. Arthur lui propose alors de devenir à son tour un chevalier de la table ronde… »
    Difficile d’en dire beaucoup sans spoiler. Au bout de peu de pages, l’intrigue était lancée, plus ou moins en huis clos (très petite zone géographique, peu de repères et d’éléments), et moins j’étais scotchée, en mode : « Maintenant que tu as monté la mayonnaise, Fabrice, ne la laisse pas retomber s’il te plaît ! ». A ce moment je me disais qu’il était potentiellement (parce que c’est difficile d’être sûre à la page 20) classable dans le top 3 des meilleurs Fabrice Colin. Le souci c’est que j’ai déjà passé de très bon moments de lecture avec lui, donc le top 3 va devoir s’agrandir en top 5. En tous cas celui-ci m’a beaucoup plus happée, beaucoup plus parlé, que les 3 ou 4 autres que j’ai lu juste avant, en gros les deux mois derniers. Narration toujours impeccable, peu de personnages mais tous plutôt bien développés, intrigue multiple. A peu près au moment opportun, c’est -à-dire pas trop tôt dans l’histoire mais pas dans les toutes dernières pages non plus, j’ai commencé à comprendre, au moins le gros de la fin, et donc aussi de la solution. Et là…
Là est mon seul petit bémol, que je vous conseille très vivement de ne pas lire avant d’avoir lu le livre, sous peine de vous pourrir un bon tas de pages et de techniques narratives. La fiction en soi est très bien, quasiment irréprochable si on aime ce genre de livre. Cependant j’aimerais corriger, parce que ça me touche d’assez près, le point de vue exploité dans l’histoire : les gens atteints de schizophrénie ont très (très très très) rarement un réel « dédoublement » de personnalité. Oui, ils ont des « crises ». Oui, ils ont des troubles du comportement et de l’humeur. Oui, ils sont sujets à trouver des symboles là où personne n’en voit, et aussi à se monter la tête, comme le font parfois les gens (surtout les ados) bien portants, mais en pire, ce qui rend parfois la maladie très difficile à diagnostiquer, surtout qu’elle se déclare souvent à la fin de l’adolescence, la période où beaucoup de gens sains dépriment, ont des comportements à risque, et méritent fréquemment des baffes, autant de traits qui rappellent certains symptômes chez pas mal de patients.  Mais Arthur/Mordred n’est pas un cas clinique courant, comme le dit fugacement un médecin à un moment (p.160-161). Heureusement pour les malades aujourd’hui, il existe toute une gamme de médicaments (neuroleptiques, régulateurs d’humeur, etc.) qui peuvent parfois leur permettre de vivre presque normalement, sans passer automatiquement comme autrefois par les électrochocs. Sans traitement (et même avec, mais en moins pire), leur esprit a tendance à vagabonder, à se perdre, à ne plus avoir de repères, à être dissocié de la réalité ou du contexte, à se fractionner (focalisations sur certaines choses en particulier, perte de sensations, émotions etc.). Les personnes à personnalités multiples, à noms multiples, etc. comme on en voit fréquemment dans les films n’auraient existé qu’en très peu d’exemplaires, principalement aux États-Unis, dans les années 70s, et n’auraient même pas été tous schizophrènes. Les psychiatres sont aujourd’hui à peu près d’accord pour ne plus les (les personnes à personnalités multiples) classer dans le même tiroir que les schizophrènes « classiques » (qui seraient en fait assez nombreux en France aujourd’hui).
Sachant cela, je continue tout de même à employer « schizophrène » pour parler de personnalité dédoublée ou d’avis contradictoires, pour plaisanter, car je considère que l’expression fait plus ou moins partie du langage populaire à présent.
N.B. : il y a quelques sites pas trop mal faits à propos du sujet sur Internet, mais aussi une masse monstrueuse d’idioties comme : « la schizophrénie c’est le dédoublement de la personnalité » (sic) /Réponse : « mais non ça c’est être bipolaire » (sic)
. Le mieux c’est d’aller vers les sites d’associations médicales/de patients, parfois c’est un peu beaucoup concentré sur un cas ou un type de maladie, mais au moins ça évite les erreurs vraiment grossières.
Vu ma digression je n’ai plus qu’à classer l’article également en « Société », et bien choisir mes mots-clés pour ne pas (trop) vous spoiler.