Le Protectorat de l’ombrelle, T.1 : Sans-Âme

De Gail Carriger. Orbit, 2011. Fantasy urbaine / Steampunk. Excellente lecture et coup de coeur. [313 p.]
Titre original : The Parasol Protectorate, Book the First : Soulless, 2009.
sans-ameRésumé : « Primo, elle n’a pas d’âme. Deuxio, elle est toujours célibataire. Tertio, elle vient de se faire grossièrement attaquer par un vampire qui, ne lui avait pas été présenté ! Que faire ? Rien de bien, apparemment, car Alexia tue accidentellement le vampire. Lord Maccon – beau et compliqué, écossais et loup-garou – est envoyé par la reine Victoria pour enquêter sur l’affaire. Des vampires indésirables s’en mêlent, d’autres disparaissent, et tout le monde pense qu’Alexia est responsable. Mais que se trame -t-il réellement dans la bonne société londonienne ?« 
Ce livre m’a tuée plus d’une fois, et c’est tant mieux !
D’abord par son humour sans tache, systématique, portant sur tout, d’une délicatesse frisant la provocation, la dépassant souvent, se posant là sans détours ni fanfreluches. C’est un des gros gros points du roman, surtout ne vous en laissez pas conter si d’aventure quelqu’un tente de vous faire croire le contraire ! Je ne sais pas trop pourquoi, mais elle m’a rappelé plusieurs fois Naomi Novik (série Téméraire, thématique et histoire sans aucun rapport)

Ensuite par son excellent style – point auquel je suis toujours sensible, et qui m’a ravie. C’est fluide et enchanteur, je pourrais lire 5000 pages d’un coup sur cette lancée, c’est fabuleux, c’est comme manger des macarons (il paraît – moi je n’aime pas beaucoup les macarons). Elle emprunte à la fois aux registres littéraires et aux plus familiers, n’a peut-être pas un vocabulaire aussi riche que d’autres auteurs qui se débrouillent aussi très bien, mais sa narration est excellente, ses descriptions efficaces, et elle arrive en plus à y mêler des effets de style sans casser son rythme : bravissimo !
Enfin, même si j’ai probablement été vaguement (et très brièvement) choquée par quelques scènes « crues » auxquelles je ne m’attendais pas, elle m’a juste fait trop rire à cause de la manière dont elle les utilise et les amène. Je n’avais jamais lu ça dans un livre auparavant, ça m’a beaucoup plu, et si elle veut coller d’autres scènes de sexe dans les prochains tomes pour une fois je ne jouerais pas les ronchonnes ! 🙂 Ce mélange de curiosité et réflexions scientifiques, de tendresse et de cocasserie, c’est juste magique. (Là aussi, cf. Téméraire) C’est rare que je prenne autant de plaisir à lire ce genre de scènes dans un livre,  alors il fallait bien que je le note ! 😉 En fait Gail Carriger tourne ça de manière tellement évidente et désacralisée que je recommanderais bien personnellement ce livre aux jeunes ados sans aucun problème.
Mis à part ces trois points qui m’ont marquée, l’intrigue m’a bien plu, et les évènements en rapport s’enchaînent bien. J’ai aussi apprécié que l’auteur « fasse la part des choses » : si une scène est romanesque elle se concentre sur ce point, mais si les personnages repartent à leurs affaires plus politiques ou aventureuses, elle s’y tient également. Pas d’élucubrations mamouresques toutes les trois pages dès que les personnages tombent amoureux – même s’ils y pensent de temps à autre, ce qui est compréhensible. J’ai beaucoup aimé ce côté « adulte », rationnel, je trouve que ça permet au livre de tenir debout quasiment tout seul. Pour ceux qui se poseraient la question, je dirais qu’il y a 20% de romance pour le reste (intrigues politiques, aventures, description et réflexions sur la vie des surnaturels, famille, etc.) – donc non négligeable, mais pas tout à fait central non plus. Bien entendu, je peux tout à fait imaginer que certains lecteurs pourraient aimer un rythme plus soutenu, ou moins de romance – mais j’ai trouvé que l’auteur avait un bon équilibre entre les deux.
J’ai adoré les personnages, presque tous sans exception. Lord Conall Maccon et Alexia Tarabotti, bien sûr, avec tout leur bagage stéréotypé et leur envie de s’intégrer / d’être acceptés. J’apprécie particulièrement Alexia, qui est persuadée d’être laide juste parce qu’elle ne correspond pas aux canons de beauté très stricts de l’époque, et mauvais parti parce que son père était italien, qui s’émancipe et s’éduque toute seule, et se balade avec une lourde ombrelle en cuivre, sait-on jamais. J’ai aussi beaucoup aimé Lord Akelma parce qu’il est juste génial, j’espère bien le retrouver tout au long de la série ! J’aime énormément ce type de personnage loufoque mais pas idiot, excentrique dans sa manière de s’exprimer, haut en couleur. Lyall, bien sûr, également. Les autres personnages secondaires ont tous un petit quelque chose soit de farfelu soit d’intéressant pour l’histoire et l’atmosphère, à de très rares exceptions près (par exemple j’aimerais en savoir plus sur la ruche qui nous a été vaguement présentée, et je n’ai pas trop apprécié l’Américain), et la famille d’Alexia me fait assez penser à celle d’Elisabeth dans Orgueil et Préjugés, mâtinée peut-être un peu de celle de Cendrillon – mais les Austeniens vous confirmeront ça mieux que moi. 😉
Un livre que j’ai snobbé la première fois que je l’ai croisé en médiathèque (oui, oui, mettez-moi du rose et une couverture girly et je passe mon tour sans hésitation ! Si en plus il y a des vampires dedans, brrr…), qui se révèle finalement une très belle surprise, non seulement distrayante mais avec de réels points forts et originaux.
Chroniques d’ailleurs :  Adalana’s Imaginary World, Falaise Lynnae, Plume de Cajou, Let’s Be ExtraVagant, The Jamestine diaries, Le Chat du Cheshire, Lectures Trollesques, L’Antre de Sylphe, La tête dans les livres, Bulle de Livre
NB : Il n’y aura pas de catégorie « bit-lit », n’insistez pas. Je ne veux même pas savoir en quoi ce livre pourrait en être ou pas, car je sais que le genre de manière général ne me convient pas (après moult discussions). :p Il sera classé en Fantasy de manière logique car sous-catégorie ou pas c’en est bien !

11 réflexions au sujet de « Le Protectorat de l’ombrelle, T.1 : Sans-Âme »

  1. J’adore ta phrase d’accroche « Ce livre m’a tuée plus d’une fois, et c’est tant mieux ! » hihihi et c’est un très beau billet qui rend bien hommage à Miss Tarabotti et à cet univers si particulier !
    Cajou

    • Oh oui je te jure j’étais morte de rire à certains moments, et d’autres fois je m’étranglais sur les situations les plus « délicates » ! J’ai d’ailleurs un peu peur de perdre un peu l’effet lors de la lecture des prochains tomes, vu que je m’attendrais à beaucoup plus de choses.

  2. Ce roman m’a également plu. Je n’ai pas encore tenté les autres tomes mais j’espère bien que l’auteur va garder cette plume qui nous plaît tant.

    • Je ne m’en fais pas trop pour le style, en général il n’y a pas trop d’évolution de ce côté-là dans les séries (enfin, je n’ai jamais remarqué une telle chose dans ce que j’ai lu) – par contre j’espère que les intrigues et le fond des autres livres va continuer de nous tenir en haleine, oui ! :p

    • Oui, j’ai vu que les degrés d’enthousiasme étaient divers – mais je n’ai pas encore croisé de critique négative pour le moment. 🙂 ça n’a au moins pas l’air d’avoir été une totale perte de temps pour personne, c’est déjà ça.

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