De Lorris Murail (frère de Marie-Aude et d’Elvire). 2011. Uchronie, « historique » jeunesse. Très bonne lecture, presque un coup de cœur.
Résumé :« Le cours de l’histoire s’est inversé. Désormais, des Maîtres noirs règnent sur les deux continents, l’Afirik en plein essor et l’ancienne Europe, aujourd’hui dévastée par les épidémies. Des bateaux ont conduit en Afirik par dizaines de milliers des esclaves blancs, ceux qu’on nomme les Cornes d’Ivoire. Du lointain passé la jeune Mari ne sait pas grand-chose. Esclave dans une plantation de Kassamansa, elle rêve d’en apprendre davantage sur le pays de ses ancêtres. Leur langue s’est perdue et, de leurs traditions et croyances, il ne subsiste que quelques rites obscurs. Un drame va faire basculer sa vie… »
Je n’ai plus lu de Marie-Aude Murail depuis bien longtemps mais je suis à peu près sûre de me souvenir que son style et celui de son frère sont assez semblables. Une plume posée, tranquille, et pourtant terriblement mordante à certains moments. Des histoires presque banales, mais cependant poignantes, des sujets sensibles traités de façon qui « passe » très bien. Ici un long fleuve de 512 pages pas si tranquille. Une héroïne ainsi que toute une compagnie de personnages secondaires complexes, souvent attachants, toujours travaillés psychologiquement. Personne n’est parfait, on suit cette histoire fictive qui sonne étonnamment vrai, fourmillant de détails qui semblent issus de témoignages plutôt que de l’imagination de l’auteur. Qui sait ?
L’autre point fort de cet ouvrage est sa manière non seulement d’inverser mais également de distordre l’histoire telle qu’on la connaît. Les Blancs ne sont pas simplement « à la place » des esclaves noirs du XIXe et vice versa ; l’auteur a su tisser toute une trame historique quelque peu différente, même si ressemblante, autour de l’espace-temps dans lequel il nous invite.