Lontano

De Jean-Christophe Grangé. Albin Michel, 2015. Thriller. Très bonne lecture. [777 p.]

/!\ L’intrigue se continue dans Congo Requiem.

Mise en page 1Résumé : « Le père est le premier flic de France. Le fils aîné bosse à la Crime. Le cadet règne sur les marchés financiers. La petite sœur tapine dans les palaces. Chez les Morvan, la haine fait office de ciment familial. Pourtant, quand l’Homme-Clou, le tueur mythique des années 70, resurgit des limbes africaines, le clan doit se tenir les coudes. Sur fond d’intrigues financières, de trafics miniers, de magie yombé et de barbouzeries sinistres, les Morvan vont affronter un assassin hors norme, qui défie les lois du temps et de l’espace. Ils vont surtout faire face à bien pire : leurs propres démons. Les Atrides réglaient leurs comptes dans un bain de sang. Les Morvan enfouissent leurs morts sous les ors de la République.« 

Je l’ai déjà indiqué plusieurs fois : Grangé fait partie de mes auteurs préférés, même si tous ses romans ne sont pas équivalents en terme de qualité (pas duuuuu tout, parfois 😉 ) je trouve qu’il lui arrive régulièrement de sortir de très bonnes choses, bien ficelées, bien documentées, avec un rythme haletant et/ou des relances d’intrigue suffisamment bonnes pour qu’on ne lâche pas le bouquin avant de l’avoir fini.

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Refuges

De Anne-Lise Heurtier. Casterman, 2015. Roman / société ado. Excellente lecture. [233 p.]

refugesRésumé : « Mila, une jeune italienne, revient sur l’île paradisiaque de son enfance, espérant y dissiper le mal-être qui l’assaille depuis un drame familial. Très vite, d’autres voix se mêlent à la sienne. Huit voix venues de l’autre côté de la Méditerranée qui crient leur détresse, leur rage et la force de leurs espérances.« 

J’ai lu ce roman dans le cadre d’un partenariat.

J’ai lu ce roman en deux fois, on pourrait dire en deux lampées – deux longues, lentes, prenantes bouffées d’air méditerranéen.

Quand on parle de Méditerranée on pense souvent, encouragés par les agences de voyage très certainement aussi, à ses airs de mer pépère pour qui a l’habitude de paresser sur ses plages courant juillet.

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Angry Animals

De Nick Arnold. Scholastic, 2011. Documentaire jeunesse humoristique. Bonne lecture. [138 p.]
Illustré par Tony de Saulles. Collection Horrible Science. Première édition 2005.
angryanimalsRésumé : « Science with the squishy bits left in! Take a walk on the wild side with « Angry Animals ». Dare you discover: who made false teeth for an elephant? Where you can find dragons with bad breath. Which scientist ate a poisonous snake for dinner? If you think you can stomach the sick side of Science, then read on as we go on the hunt for the cruellest creature of them all. Get to grips with gruesome grizzly bears, wolf down some facts about, er, wolves and snap up some savage shark stories. With fantastic fact files, quirky quizzes and crazy cartoons, « Angry Animals » is a book to sink your teeth into! Science has never been so horrible!« 
Étiez-vous (ou êtes-vous) de ces enfants qui aiment savoir le nombre de gens mangés par des requins chaque année, si les prédateurs démembrent leurs victimes ou les mangent faisandées, ou le nombre de serpents venimeux dans le monde et les effets des principaux venins ? Alors ce livre a été écrit spécialement pour vous ! Non pas que les réponses à mes propres questions y soient toutes, mais vous trouverez dans ce petit livre beaucoup plus de délicieusement politiquement incorrect et détails sordides ou affreux que dans beaucoup d’autres livres approuvés par les parents, profs et Éducation Nationale, ce qui est cool.

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20 clés pour comprendre le chamanisme

De Michèle Bilimoff et consorts. 2013. Essai. Très bonne lecture.
chamanismeRésumé : « Religion primordiale, philosophie de l’harmonie avec la nature et des réalités extrasensorielles, le chamanisme fascine notre modernité à la recherche d’authenticité. Présent aussi bien en Amérique précolombienne qu’en Sibérie ou en Afrique, il donne lieu à un vaste éventail de manifestations culturelles et spirituelles dont le présent ouvrage offre un tour d’horizon complet.

Avec : Michèle Bilimoff, Éric de Rosny, Anne de Sales, Louis-Jacques Dorais, Roberte Hamayon, Jénane Kareh Tager, Serge Lafitte, Frédéric Laugrand, Michel Perrin, Joëlle Rostkowski, Jennifer Schwartz, Odon Vallet et Danièle Vazeilles.« 

Une synthèse courte (150 p. petit format, écrit assez gros et avec beaucoup de divisions à l’intérieur, ce qui « fait moins de texte » :D) mais sympathique, et relativement complète d’après ce que j’ai déjà lu sur le sujet ! J’ai retrouvé des références à Mircea Eliade, qui apparaît une fois de plus comme *la* référence en matière d’histoire des religions (au sens très large : cultes et rites sociaux en général), et aussi quelques noms que je crois avoir croisés auparavant, et qui me semblent tenir des discours cohérents, bien référencés, et plutôt objectifs (ce qui n’est pas toujours le cas pour ce genre de thèmes).
Le livre rassemble 20 articles qui se focalisent tous sur un aspect particulier du thème principal : « La première religion de l’humanité ? » – « Des esprits et des ancêtres » – « Le langage des plantes » – « L’art » – « Afrique » – « Le néochamanisme » – voilà un échantillon pour vous donner une idée ! Du coup on apprécie des explications qui arrivent au fur et à mesure, concentrées à chaque fois sur un aspect précis, ce qui m’a permis de me (re)construire une représentation du concept de chamanisme petit à petit, de manière très méthodique. J’ai trouvé l’agencement des articles pertinent, cela permet une certaine progression dans la lecture, plus ou moins du général au particulier (des origines et pratiques du chamanisme en général à ses particularités rituelles, régionales ou sociologiques).
J’aurais aimé un petit peu plus de références ; mais je suppose que le format du livre ne permettait pas d’en caser plus, d’autant qu’il est clairement destiné à un grand public, et non pas à des universitaires : le langage est relativement clair, les mots scientifiques sont explicités en grande partie.
Un bon ouvrage de synthèse que je recommande à ceux que le sujet intéresse.

100 animaux mythiques de l’Histoire

De Caroline Triaud. 2011. Synthèse mythologique et culturelle. Livre mal fichu.
100animauxRésumé : « Depuis la préhistoire, l’animal a toujours accompagné l’homme, et nourri les imaginaires. Cet ouvrage regroupe 100 animaux mythiques, symboles d’une période historique ou d’une région du monde. Le Minotaure, le Sphinx, mais aussi la bête du Gévaudan, le Chat Botté, Idéfix ou Sophie la Girafe… tous sont témoins des relations entre l’homme et l’animal et de l’histoire des hommes et de leur imaginaire.« 
Ce livre présente toutes sortes de bestioles (le terme « animal » me semble peu approprié lorsqu’il s’agit de créatures qui prennent des formes multiples, et hybrides). Chaque créature a une page recto-verso dédiée, ni plus ni moins.
Déjà, à ce niveau, j’ai constaté des déséquilibres : en effet certains sont mieux connues que d’autres, ont une histoire plus étoffée ou plus de légendes dans lesquelles elles apparaissent que d’autres, ce qui entraîne tantôt une impression d’étirage en longueur, tantôt une accumulation de détails compressés et non explicités. Je souhaite bon courage par exemple à ceux qui n’auraient pas lu son histoire, pour suivre l’histoire de Pégase, parce qu’elle est farcie de références à plein d’autres personnages de la Grèce mythologique, qui sont eux très peu explicités (voire pas du tout).
Une petite chose qui m’énerve un peu aussi, c’est que l’auteur aime bien préciser que certaines créatures apparaissent dans « des mangas, des films, des jeux vidéos » – qu’elle ne cite pas – mais elle arrive toujours à caser des exemples de Pokémon ! Ok, Simiabraz est peut-être inspiré de Sun Wukong, mais d’après ce que je lis un peu partout s’il fallait citer des dérivations de ce personnage et de son mythe les séries Saiyuki ou Dragonball auraient sans doute été tout aussi pertinentes, et auraient surtout permis au lecteur de se diriger vers d’autres sources d’information… (fiche d’un Pokémon = 10 lignes pour ceux qui ne verraient pas de quoi je parle !)
En fait autant lorsqu’elle parle de mythologie et de vieux textes elle a l’air de bien respecter les détails et les noms, autant les parties « culture populaire » ont l’air d’avoir été ajoutées « parce qu’il le fallait », ne sont pas toujours pertinentes, et comportent des à-peu-près : « [Fenrir] est un personnage de la saga Harry Potter, où il est figuré sous la forme d’un loup-garou des Mangemorts de Valdemort. » (sic) On ajoutera Walt Disney comme troisième référence majeure destinée au grand public qui n’aurait pas lu les textes anciens… Ou peut-être plutôt aux érudits qui ne mettraient pas le nez hors des ouvrages universitaires !
Parfois il y a également des petites problèmes dans la rédaction, par exemple plus d’une fois un nom est parachuté ; en relisant je comprends qu’il s’agit d’une personne introduite dans le paragraphe précédent – mais pas nommée. J’aurais appris, en passant, que les hiboux ont « une aigrette sur le front » (sic).
Je regrette enfin l’absence d’illu- pardon, il y a en fait de toutes petites vignettes à moitié mangées par le bord de la page, à côté de chaque titre. Autant vous dire qu’elles sont en noir et blanc, et si petites qu’on ne voit en gros rien.
Faut-il pour autant jeter ce livre aux orties ? Peut-être pas. Les mythes sont quelque chose à quoi je m’intéresse depuis très jeune, j’ai donc accumulé suffisamment de lectures pour me montrer plutôt critique sur ce point. Je ne conseille pas spécialement cet ouvrage aux gens dans la même situation, mais je pense qu’il pourrait être attrayant aux yeux d’un novice en contes et légendes, ou quelqu’un qui cherche des sources sur le sujet, car les textes sacrés ou mythiques d’où sont issus les « animaux » sont dans l’ensemble cités.

Les Cornes d’Ivoire, T.1 : Afirik

De Lorris Murail (frère de Marie-Aude et d’Elvire). 2011. Uchronie, « historique » jeunesse. Très bonne lecture, presque un coup de cœur.
afirikRésumé : « Le cours de l’histoire s’est inversé. Désormais, des Maîtres noirs règnent sur les deux continents, l’Afirik en plein essor et l’ancienne Europe, aujourd’hui dévastée par les épidémies. Des bateaux ont conduit en Afirik par dizaines de milliers des esclaves blancs, ceux qu’on nomme les Cornes d’Ivoire. Du lointain passé la jeune Mari ne sait pas grand-chose. Esclave dans une plantation de Kassamansa, elle rêve d’en apprendre davantage sur le pays de ses ancêtres. Leur langue s’est perdue et, de leurs traditions et croyances, il ne subsiste que quelques rites obscurs. Un drame va faire basculer sa vie… »
Je n’ai plus lu de Marie-Aude Murail depuis bien longtemps mais je suis à peu près sûre de me souvenir que son style et celui de son frère sont assez semblables. Une plume posée, tranquille, et pourtant terriblement mordante à certains moments. Des histoires presque banales, mais cependant poignantes, des sujets sensibles traités de façon qui « passe » très bien. Ici un long fleuve de 512 pages pas si tranquille. Une héroïne ainsi que toute une compagnie de personnages secondaires complexes, souvent attachants, toujours travaillés psychologiquement. Personne n’est parfait, on suit cette histoire fictive qui sonne étonnamment vrai, fourmillant de détails qui semblent issus de témoignages plutôt que de l’imagination de l’auteur. Qui sait ?
L’autre point fort de cet ouvrage est sa manière non seulement d’inverser mais également de distordre l’histoire telle qu’on la connaît. Les Blancs ne sont pas simplement « à la place » des esclaves noirs du XIXe et vice versa ; l’auteur a su tisser toute une trame historique quelque peu différente, même si ressemblante, autour de l’espace-temps dans lequel il nous invite.
Vivement le tome 2 🙂