Le Scarabée

De Richard Marsh. 2006 (réédition). Fantastique. Excellente lecture.
Titre original : The Beetle, 1897.
scarabéeRésumé : « À Londres, à la fin du XIXe siècle, une créature mystérieuse venue du fond de l’Egypte antique apporte l’épouvante et la mort. Quelle horrible vengeance poursuit-elle pour assouvir sa haine meurtrière ? Paul Lessingham, jeune politicien de talent, semble bien être au coeur de l’énigme. Rattrapé brutalement par son passé, il entraîne ses proches à son insu dans un cauchemar hors du temps.
Construit en forme de roman policier avant l’heure, Le scarabée invite le lecteur à assembler les éléments d’un puzzle démentiel où s’affrontent malédiction d’un autre âge et rationalité moderne. »
« Le scarabée est l’œuvre la plus célèbre de l’auteur anglais Richard Marsh (1857-1915). Cité par Lovecraft parmi les plus grands thrillers fantastiques, ce roman connut en son temps le même remarquable succès populaire que Dracula de Bram Stoker, paru lui aussi en 1897. »
Je découvre avec ce livre un auteur dont je n’avais pas encore entendu parler (ou je ne m’en souviens plus), et que pourtant j’aurais apparemment eu maintes occasions de croiser, que ce soit au cours de mes lectures ou de mes recherches ! Je l’ai d’ores et déjà classé dans ma liste de « Wanted » : les auteurs durs à trouver (dans les bibliothèques de France*…) mais néanmoins super intéressants d’un point de vue stylistique et historique.

* En effet seuls deux ou trois de ses ouvrages, en comptant celui-ci, seraient traduits.
Il semblerait que cet auteur ait été très prolifique, avec environ 70 romans à son actif, des thrillers essentiellement même si le fantastique est apparemment un genre qu’il affectionne aussi.
On trouve ce roman avec la mention « thriller fantastique », mais je trouve cette appellation plutôt impropre. Après tout, chez Stoker aussi, et Lovecraft, et bien d’autres encore (Sheffield me revient à l’esprit avec Erasmus Darwin, ou W.H. Hogdson avec son Carnacki, chasseur de fantômes – je les conseille tous les deux ! :)), on cherche à comprendre, expliquer, voire démystifier le surnaturel quand c’est possible. Autrement dit, si on va par là la moitié des romans fantastiques du XIXe- XXe sont des « thrillers »!
Je replonge avec plaisir dans un roman qui non seulement se déroule au tournant du siècle dernier, mais a bel et bien été écrit à cette époque, contrairement à d’autres livres que j’ai lus récemment. Pas de doute : cette écriture posée, subtile, recherchée, ces phrases soigneusement construites, ces paragraphes denses, ce vocabulaire choisi, tout ceci dénote indéniablement une recherche de qualité littéraire qui n’est plus aussi commune de nos jours ! Je m’en délecte toujours autant, quels que soient les sujets de ces désormais vieux ouvrages. De plus on retrouve beaucoup de détails concernant aussi bien l’atmosphère que le cadre, les personnages, ou simplement le système de pensée et de comportement de l’époque, qui nous met encore plus « dans le bain ».
En effet on se trouve ici face à du fantastique au sens le plus strict : des personnages très réalistes, quelque part très communs, se retrouvent confrontés à quelque chose qui les dépasse, et qu’ils cherchent à comprendre.
Le suspense est non seulement bien construit mais aussi correctement maintenu, jusqu’au bout de l’histoire ; les personnages m’ont globalement plu, même si je me suis attachée plus à certains d’entre eux qu’à d’autres (Lessingham et Marjorie m’ont plutôt énervée) – mais ils ont tous quelque chose d’intéressant, à défaut de sympathique. Bien que la tension ne soit pas créée uniquement par des éléments psychologiques (il y a bel et bien des choses étranges), j’ai eu la sensation que les personnages portaient une très grande partie du livre sur leurs épaules. On a des incursions brèves dans leur vie, leurs valeurs, leurs déboires du moment (quotidien, pas fantastique)… De plus l’auteur a décidé de changer de narrateur(s) au fur et à mesure du déroulement de l’histoire – et donc du dévoilement de l’intrigue, nous présentant tour à tour les personnages encore inconnus par les yeux des premiers « témoins ». J’ai beaucoup aimé ce procédé, et l’ai trouvé très efficace : malgré quelques répétitions de certaines scènes, le fait de changer complètement de point de vue était très distrayant, et amenait une tension différente à chaque fois, puisque les 4 ou 5 narrateurs sont très disparates, socialement et psychologiquement parlant. Cela permet aussi d’avoir des détails supplémentaires, et de s’immerger d’autant mieux dans leur esprit.
Un excellent roman fantastique dans une certaine veine « classique » du XIXe. A mettre entre toutes les mains. (Assez court, écriture fluide bien que soignée)

Une réflexion au sujet de « Le Scarabée »

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