Contrepoint

Présenté par Laurent Gidon. ActuSF, 2012. Nouvelles S-F. Très bonne lecture. [131 p.]

Collection Les Trois Souhaits.

contrepoint_FINALRésumé : « Peut-on écrire des histoires dans lesquelles il n’y aurait ni guerre, ni conflit, ni violence ? Un vrai défi qu’ont relevé avec talent, sensibilité et humour neuf des plus belles plumes de l’imaginaire en France sous la direction de Laurent Gidon.« 

J’ai récupéré ce petit ouvrage dans le désherbage de Lynnae, pas spécialement échevelée à l’idée de le lire au départ, d’abord parce que je n’avais pas lu les noms d’auteurs qui composent ce recueil (qu’en fait j’avais plutôt bien envie de découvrir concernant plusieurs), et aussi très fortement à cause de la couverture que je trouve extra-moche, parce qu’en fait je déteste ce style tout court, ça n’a rien de personnel envers l’illustrateur (Roberlan Borges).

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Pluto [Série]

De Naoki Urasawa et Osamu Tezuka. 2010. Science-fiction/enquête. Excellente lecture.
La série comporte 8 volumes de format classique manga.
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Résumé : « Les robots les plus sophistiqués du monde sont détruits les uns après les autres. Sur leur tête, à chaque fois, des cornes. Deux crimes perpétrés au même moment, et le même rituel étrange… Des cornes ! mais que signifient-elles dans cette affaire de crimes en série ?! Le meurtrier est-il un homme ou un robot ?« 
Dès les premières pages je reconnais très fortement la griffe de Naoki Urasawa, non sans un frisson car je connais cet auteur par le manga Monster, qui est… plutôt flippant.
J’apprécie aussi son sens du détail, ce rythme lent et posé qui s’installe très vite, qui va bien avec le thème du livre, la manière dont on nous amène les choses (après tout science-fiction ou pas c’est une enquête).
C’est une histoire de robots. C’est une histoire d’humanité. C’est l’histoire d’un inspecteur qui enquête sur des meurtres en série. Autant de fils conducteurs qui s’entremêlent déjà dans les tous premiers tomes, happant le lecteur dans une mécanique implacable.
On est ici dans de la pure science-fiction, celle qui ne fait pas que décrire un futur plus ou moins improbable mais qui questionne, qui dérange, qui prend aux tripes, qui trouve son sens. Qu’est-ce qu’être humain ? Où commence l’humanité ? Dans ce futur, les gouvernements ont donné des droits aux robots, mais quels droits exactement, et en quoi les robots sont-ils autant, plus ou moins libres que les êtres humains qu’ils côtoient ?

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Je me pose beaucoup de questions sur la possible tournure des évènements, qui semble n’avoir rien de prévisible pour l’instant. De nouveaux personnages et situations n’ont pas encore fini de nous être présentés, je le sens – mais dans quel but ?
J’aime beaucoup les personnages pour l’instant, même si on n’a pas forcément beaucoup de détails sur eux tous. Ils ont un côté réel, quotidien qui je trouve donne du corps au récit et à l’univers. J’attends de lire les prochains tomes avec impatience.
Dans les tomes suivants l’histoire avance, l’enquête se résout partiellement, pour le lecteur, qui voit également apparaître de nouvelles sources de questionnement. J’aime toujours autant Uran et son « don », ça me fait sourire à chaque fois, je trouve ça trop mignon ! 🙂
J’aime l’idée du nom de « Pluto » – Pluto le dieu des morts et du monde souterrain peu vivant, peu dynamique, dans la mythologie grecque où on le connait mieux sous le nom d’Hadès. Pluto le taciturne, l’asocial, celui qui s’est retiré du monde parce qu’en fait il aime assez sa solitude. Pluto qui est aussi régulièrement montré comme un dieu terrible, vengeur, voire machiavélique…
Je prends également toujours autant plaisir à repérer les allusions aux œuvres de Tezuka, même si je dois en rater plein car je n’ai pas tout lu non plus, autant qu’à Monster.
La fin est je trouve assez typique de Tezuka, je n’ai pas eu de grosse surprise, mais ça m’a tout de même plu.
Ce manga est assez court mais terriblement efficace en termes de contenu et de narration !

 

Chroniques d’ailleurs :  P’tite TrolleLynnae, Livresse des Mots

Manuel

D’après Épictète, écrit par Flavius Arrien. 1er siècle après J.-C. Philosophie. Très bonne lecture.
marc1Un vieux copain de la Terminale.
Encore un ouvrage qui mériterait d’être placé entre toutes les mains, non pour que tous acceptent sans faillir tous ses principes à la lettre, car mon avis est que toute philosophie est intéressante à lire, qu’on soit en accord ou en désaccord avec ce qu’elle propose, sans rien avoir à faire avec une quelconque adhésion – mais simplement parce qu’il n’est ni difficile à comprendre, ni bien long (20 pages !) D’où sa fréquente existence en compagnie d’autres œuvres, comme ici.
Je sais que j’ai déjà dit la même chose pour Épicure, mais ce texte-ci pourrait aussi être proposé en introduction à la philosophie, en lecture découverte, au moins concernant les premiers principes (l’ensemble est tout de même un peu plus ardu, et moins reliable à nos modes de vie, que la Lettre à Ménécée, je trouve). En relisant cette œuvre, j’ai retrouvé des conseils et valeurs éminemment stoïciens, que personnellement j’ai un peu (beaucoup) de mal à accepter même comme méritant réflexion, particulièrement vers la fin du Manuel. Autrement il se présente, tout comme les Pensées de Marc-Aurèle, en liste de petits paragraphes, facile à segmenter tout autant qu’à lire d’une traite. De plus, la plupart du texte s’attache au quotidien, à la vie et aux personnes « normales » – on sent que  déjà à l’époque il s’agissait de rendre l’ouvrage accessible au plus grand nombre.
Oui, c’est bien ça : il est en même temps facile à lire, tout en proposant/affirmant certaines choses qui vont certainement faire tiquer la majorité d’entre nous ! Mais dans l’ensemble ça vaut vraiment le coup d’être lu, au moins tout autant que certains ouvrages de « bien-être » vendus à des milliers d’exemplaires de nos jours, qu’on les lise pour le plaisir ou pour trouver… une nouvelle philosophie de vie ;).

 

Quelques extraits :
« A propos de tout objet d’agrément, d’utilité ou d’affection, n’oublie pas de te dire en toi-même ce qu’il est, à commencer par les moins considérables. Si tu aimes une marmite, dis : « C’est une marmite que j’aime ; » alors, quand elle se cassera, tu n’en seras pas troublé : quand tu embrasses ton enfant ou ta femme, dis-toi que c’est un être humain que tu embrasses ; et alors sa mort ne te troublera pas. »
« Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, ce sont les jugements qu’ils portent sur les choses. Ainsi la mort n’a rien de redoutable, autrement elle aurait paru telle à Socrate ; mais le jugement que la mort est redoutable, c’est là ce qui est redoutable. Ainsi donc quand nous sommes contrariés, troublés ou peinés, n’en accusons jamais d’autres que nous-mêmes, c’est-à-dire nos propres jugements.(…) »
« Ne t’enorgueillis d’aucun avantage qui soit à autrui. Si un cheval disait avec orgueil : « Je suis beau, » ce serait supportable ; mais toi, quand tu dis avec orgueil : « J’ai un beau cheval, » apprends que tu t’enorgueillis d’un avantage qui appartient au cheval. Qu’est-ce qui est donc à toi ? L’usage de tes idées. Quand tu en uses conformément à la nature, alors enorgueillis-toi ; car tu t’enorgueilliras d’un avantage qui est à toi. »