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Venin
De Sharon Bolton. 2010. Thriller. Excellente lecture.
Titre original : Awakening, 2009
Résumé : « Clara, vétérinaire dans un petit village anglais, est jeune, brillante, passionnée par son métier… Et pourtant, elle vit comme une recluse. Défigurée dans un terrible accident lorsqu’elle était enfant, elle préfère la compagnie des animaux à celle des hommes. Une existence calme et solitaire bientôt troublée par la visite de la police, venue solliciter son expertise. Un homme vient d’être retrouvé inanimé à son domicile, il porte une trace de morsure de serpent. Le verdict de Clara est sans appel, la dose de venin présente dans son corps est bien supérieure à celle que peut laisser n’importe quel reptile… La peur se répand dans la petite commune et cela ne fait qu’empirer lorsque Clara découvre, bien malgré elle, un lien avec une vieille maison abandonnée, un ancien rituel barbare et une tragédie vieille de cinquante ans dont les rescapés refusent de parler. Il y a des vérités qu’il ne fait pas bon exhumer. Et pour garder le secret, certains sont prêts à tous les sacrifices, même s’ils sont… humains. »
Des histoires de bestioles lâchées dans un paisible village ? Des secrets, des mystères ? Fabuleux, ai-je pensé en lisant la 4e de couverture. Je n’ai pas été déçue ! Pour un roman de 500 pages, ce qui est plutôt pas mal pour du policier, il se lit extrêmement bien, tant grâce à la plume fluide, un peu rebelle, de l’auteur, que grâce aux nombreuses péripéties et choses étranges qui se passent dans l’histoire et nous tiennent en haleine.
J’ai adoré l’héroïne, dans laquelle je me suis un peu retrouvée. Je vais vous laisser le plaisir de faire sa connaissance de manière approfondie si jamais vous avez envie de lire le livre, mais elle m’a en même temps touchée, fait rire, et intriguée – on ne connaît sa vie que par petits bouts ; c’est un personnage assez original, et je l’ai trouvée sympathique, et aussi cohérente pour nous faire suivre l’intrigue, et en démêler la plupart des enchevêtrements.
Pas très sociale, elle va devoir malgré elle se confronter aux habitants du village, qu’elle ne connaît pas très bien dans l’ensemble, pour une histoire de serpents dont elle s’occuperait bien seule au départ. Néanmoins, puisqu’un élément humain apparaît de-ci, de-là au gré de ses recherches, elle finit par aller à la rencontre des gens, principalement de vieilles personnes, puisque la réponse à l’intrigue principale est en rapport à des évènements passés. J’ai vraiment beaucoup aimé tous ces portraits de gens, très réalistes, assez drôles ou étranges, de personnes en marge de la société, dans des hospices, ou un peu reclus, ou un peu fous, ou faisant semblant de l’être. Les personnes de la génération de l’héroïne sont elles aussi en majorité hautes en couleurs, et toutes intéressantes, en elles-mêmes, dans leur rapport à l’héroïne, et dans leur rapport à l’intrigue.
Une grande partie de l’atmosphère du livre se veut glauque, dérangeante, et j’ai trouvé ça génial : d’abord les personnages, qui ont presque tous des secrets du genre sordide ; et aussi des caractères particuliers, insolites. Ensuite ce que j’ai envie d’appeler un environnement limité, presque en huis-clos : un petit village anglais classique, on se croirait presque dans du Agatha Christie, ou du Stephen King, ça dépend de quel point de vue on se place (la petite société bien en apparence, mais seulement en apparence ; ou l’atmosphère un peu oppressante). A un moment du livre, tout paraît bizarre, on cherche des explications dans tous les sens, avec l’héroïne qui commence elle aussi à considérer la chose dans son ensemble.
Attention : on est ici face à un roman policier tendance thriller, pas un roman d’épouvante. Certes, les ophiophobes ne vont sans doute pas se sentir toujours très à l’aise à cette lecture, mais le livre ne fait pas peur – ma référence à Stephen King est seulement partielle ! J’évoquerais bien aussi Lovecraft, pour le côté rural profond, la dégénérescence familiale, la proximité de l’eau, les reptiles et la viscosité.
Je conseille ce livre à ceux qui aiment les serpents, les atmosphères tendues, les villages anglais, et les vieux :D.
Les Cathédrales du vide
De Henri Lœvenbruck. 2009. Thriller ésotérique. Bonne lecture.
A lire avant : Le Rasoir d’Ockham (2008)
Résumé : « Sous couvert de protection de l’environnement, une organisation internationale met la main sur plusieurs régions du globe. Leur motif réel ? Un secret enfoui dans le cœur de la terre depuis la nuit des temps. Alerté par une série de disparitions étranges, Ari Mackenzie, pourtant retiré des Renseignements généraux, décide de mener l’enquête. Se pourrait-il qu’il y ait un lien entre les recherches clandestines de cette multinationale et les découvertes de l’alchimiste Nicolas Flamel ? Malgré lui, le commandant Mackenzie est à nouveau confronté à une affaire singulière. La plus dangereuse de sa carrière, sans doute. La dernière, peut-être. »
Le gros bémol technique : Choisir des romans policiers qui forment une saga, en commençant par le final : ma spécialité ! Du coup je me suis spoilée une bonne partie, dont la fin, du Rasoir d’Ockham (que je voulais lire, mince alors ! 😦 ). A ma décharge et à celles des bibliothécaires, qui se sont plantés en n’achetant pas le premier « tome » car croyant comme moi que c’étaient tous les deux des one shots* : il n’y a strictement rien sur la couverture qui indique une suite !! Flammarion thriller, bravo. En fait, si, on sait que l’auteur reprend un personnage déjà utilisé, à la toute fin du résumé, mais c’est tout.
Autrement j’ai très vite accroché à l’histoire et aux thèmes (à force de lire des trucs sur l’ésotérisme ces derniers mois, il y a des termes qui commencent à me devenir familiers ! C’est assez drôle en soi), même si je dois reconnaitre que ça ne casse pas des briques question originalité. Il s’agit selon moi encore d’un de ces romans ni excellents, ni mauvais, avec suffisamment d’éléments pour plaire, mais non sans failles.
Une de ses forces est le héros et les personnages en général, qui sont relativement fouillés et réalistes. On retrouve bien là certains codes propres au roman policier français contemporain, un peu comme chez Grangé. Psychologies existantes et cohérentes, bouts de vie quotidienne, problèmes amoureux, etc., ce qui donne des personnages qui sont plus que de simples fantoches en quête du méchant.
L’intrigue elle-même a le mérite de mêler codes ésotériques et choses concrètes ou politiques, ce qui en fait un mélange qui ne plaira sans doute pas à tous, mais qui à mon sens est tout à fait acceptable.
Enfin Lœvenbruck a un style dynamique et tout à fait fluide, à défaut d’y avoir trouvé de vrais éléments originaux – hormis les références aux « fumeurs bannis », qui m’a beaucoup fait rire, car ça sent le vécu ! (c’est un gros fumeur, ou au moins était à ma connaissance)
En conclusion c’est loin d’être un coup de cœur mais c’était une lecture très agréable.
*one shot : œuvre en une seule partie. Mot très à la mode en ces temps troublés de séries et sagas au nombre de tomes toujours croissant.