Sans parler du chien

De Connie Willis. J’ai Lu, 2003. SF humoristique. Bonne lecture. [574 p.]

Titre original : To Say Nothing of the Dog, 1997. Traduit par Jean-Pierre Puigi.

sans-parler-du-chienRésumé : « Au XXIe siècle, le professeur Dunworthy dirige une équipe d’historiens qui utilisent des transmetteurs temporels pour voyager dans le temps. Ned Henry, l’un deux, effectue ainsi d’incessantes navettes vers le passé pour récolter un maximum d’informations sur la cathédrale de Coventry, détruite par un raid aérien nazi. Or c’est à ce même Henry, épuisé par ses voyages et passablement déphasé, que Dunworthy confie la tâche de corriger un paradoxe temporel provoqué par une de ses collègues, qui a sauvé un chat de la noyade en 1888 et l’a ramené par inadvertance avec elle dans le futur. Or l’incongruité de la rencontre de ce matou voyageur avec un chien victorien pourrait bien remettre en cause… la survie de l’humanité !« 

J’ai eu une expérience très bizarre avec cette lecture.

Connie Willis est une auteure dont j’entends énormément parler depuis quelques années (depuis que j’ai mon blog en fait), toujours en bien voire en très élogieux, et j’étais très contente que Lynnae me prête son exemplaire du titre susmentionné même si le titre ne m’inspirait guère et que je n’avais fichtrement aucune idée de quoi ça pouvait parler.

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Le Club

De Michel Pagel. Les Moutons Électriques, 2016. Fantastique. Coup de cœur/Excellent. [154 p.]

clubRésumé : « Longtemps, ils avaient été CINQ. // François, Claude, Mick, Annie et Dagobert, quatre enfants et un chien, ont autrefois formé un Club et vécu bien des aventures extraordinaires. Trente ans plus tard, le chien est mort depuis longtemps quand trois membres du Club, devenus adultes, séparés par la vie, sont invités par le quatrième à l’endroit même où ils passaient leurs vacances dans leur enfance.  // Bientôt, alors que la maison est isolée par d’importantes chutes de neige, la vieille mère de Claude est assassinée… Mick est-il le responsable, comme semble le penser François ? À moins qu’un assassin se dissimule dans les environs enneigés ? Et pourquoi Claude se retrouve-t-elle régulièrement projetée sur un rivage anglais, à la rencontre d’enfants et d’un chien ressemblant singulièrement à ceux qu’ils étaient autrefois, elle et ses cousins ? Dans un huis clos étouffant, écrit comme un thriller, une fable magistrale sur l’imaginaire de l’enfance, nos peurs, nos doutes.« 

J’avoue que les premières fois où j’ai vu passer la couverture seule je n’ai pas du tout vu le rapport, au point de ne même pas cliquer dessus, et il a fallu que tombent les premières présentations et chroniques pour que mon œil accroche « Club des Cinq » quelque part, ce qui m’a suffit pour aller lire plus loin, avide d’information.

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Northanger Abbey

De Jane Austen. Flammarion, 2015. Comédie romanesque. Très bonne lecture. [248 p.]

Titre original : Northanger Abbey, 1817.

9782081344648Résumé : « Catherine Morland est une jeune fille dont l’esprit déborde d’imagination. Passionnée de littérature gothique, elle brûle de découvrir le monde, qu’elle se figure identique à ses rêveries. L’occasion se présente quand elle est conviée à séjourner dans la ville de Bath par ses voisins, Mr et Mrs Allen. Catherine prend alors conscience des tourments de la vie mondaine mais fait la rencontre du bel Henry Tilney. Quand ce dernier l’invite à passer quelque temps dans la demeure familiale, l’antique Abbaye de Northanger, Catherine est aux anges. Ses espoirs si romanesques seront-ils déçus?« 

Lu dans le cadre d’un partenariat. 

Lorsque j’ai reçu la dernière sélection Flammarion jeunesse je n’ai pas longtemps hésité à choisir ce classique parmi les autres titres (je trouve en plus l’édition très jolie). Même si pendant de longues années je n’avais pas envie de découvrir les écrits de Mlle Austen, les prenant pour des romances peu susceptibles de m’intéresser, ma première rencontre avec la grande dame anglaise a finalement été un moment très plaisant et beaucoup plus drôle que je ne l’aurais parié. Une seconde lecture de ce nom s’imposait donc !

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Chihuahua, zébu et Cie : l’étonnante histoire des noms d’animaux

De Henriette Walter et Pierre Avenas. Robert Laffont (Points), 2007. Essai zoo-linguistique. Excellent. [315 p.]

chihuahuaRésumé : « Savez-vous que le loup a laissé sa griffe sous les termes lycée, Louvre et même lupanar ? Pourquoi le hot-dog porte-t-il un nom si étrange ? Et quels animaux se cachent derrière les mots butane et vaccin ? Quinze chapitres savants et malicieux débusquent les traces de nos animaux familiers au détour des conversations et des langues… Fourmillant d’illustrations et d’anecdotes, ce bestiaire fait escale aux portes de la mythologie et de la littérature. Un étonnant voyage dans les contrées animalières de notre langue. Amis des bêtes et amateurs de mots, ce livre est pour vous !« 

Voilà un documentaire au titre et au résumé aguicheurs de mon point de vue zoomaniaque et linguistiphile. (Non aucun de ces deux mots ne semble exister)

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Morwenna

De Jo Walton. Denoël, 2014. Fantastique. Coup de cœur pour ce bon bouquin. [334 p.]
Titre original : Among Others, 2010.
COUV_morwenna.inddRésumé : « Morwenna Phelps, qui préfère qu’on l’appelle Mori, est placée par son père dans l’école privée d’Arlinghurst, où elle se remet du terrible accident qui l’a laissée handicapée et l’a privée à jamais de sa sœur jumelle, Morganna. Là, Mori pourrait dépérir, mais elle découvre le pouvoir des livres de science-fiction. Delany, Zelazny, Le Guin et Silverberg peuplent ses journées, la passionnent.
Un jour, elle reçoit par la poste une photo qui la bouleverse, où sa silhouette a été brûlée. Que peut faire une adolescente de seize ans quand son pire ennemi, potentiellement mortel, est une sorcière, sa propre mère qui plus est? Elle peut chercher dans les livres le courage de combattre.« 
Je me suis sentie très proche de cette jeune fille un peu solitaire, bibliophile convaincue et passionnée de science-fiction. Dans ce livre il y a énormément de choses que j’aurais moi-même aimé exprimer, ou exprimer plus souvent, ou mieux, ou plus tôt.

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Imaginales 2014

Comme chaque année ou presque depuis quelques temps (en fait j’ai mis au moins 3 ans après mon arrivée à Nancy à me décider à bouger d’à peine 60 bornes), je me réserve un peu de temps pour sortir voir des auteurs, les nouveautés, et flâner dans les environs et lieux sympathiques des Imaginales d’Épinal !

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Petite présentation du festival en lui-même
Comme leur nom l’indique plus ou moins, les Imaginales sont focalisées sur les littératures de l’imaginaire : science-fiction, fantasy, fantastique et tous leurs dérivés (uchronie, dystopie, bit-lit, anticipation, romance surnaturelle), contes et légendes. On peut également y trouver quelques romans historiques, ésotériques, romans policiers et même un poil de contemporain ou philosophique lorsque les auteurs sont diversifiés dans leurs travaux !
Le centre du festival reste la « Bulle du livre », le chapiteau où sont parqués installés les auteurs (je plaisante, hormis les inconvénients d’être assignés à une place limitée et les problèmes de température du chapiteau ils n’ont pas l’air trop maltraités 🙂 – je l’espère du moins !) et les stands des petits éditeurs (l’Homme Sans Nom, le Chat Noir, La Clef d’Argent malheureusement absente cette année car sur autre festival, Rebelle, Rebelyn (je n’ai pas pu m’empêcher de rire en remarquant la similitude) et associations diverses (Elbakin), un coin bouquiniste de Fontenoy-la-Joûte (village du livre), d’autres bouquinistes dont je n’ai pas retenu le nom, des illustrateurs… Autour de cette Bulle on trouve un local avec expositions et espace de conférence (et les toilettes !), les deux Magic Mirrors qui accueillent aussi discussions et conférences, et quelques autres tentes plus petites avec d’autres exposants (jeux de société/cartes/rôle, GN, acteurs du climat/écologiques locaux).
Outre les auteurs et autres personnes du monde du livre vous croiserez peut-être des échassiers, individus peinturlurés (pourquoi ne voit-on que des femmes, d’ailleurs ?), reconstituants historiques, visiteurs costumés…
Pour le moment (mais je pense et j’espère que ça restera le cas), c’est un festival assez petit, où l’on a globalement la place de circuler (sauf samedi et dimanche après-midi où ça devient un peu trop achalandé à mon goût), le temps de discuter avec les exposants et auteurs, que l’on peut apprécier par petites touches ou embrasser entièrement. Le fait que ça se passe à moitié en plein air (le Cours est un parc sur les bords de la Moselle) le rend également plutôt convivial, accessible à tous, sympathique et gratuit.
(Je n’ai pas pris de photos du festival cette année, j’étais plus focalisée sur la rencontre en elle-même !)
Samedi 24 mai
Un jour nous a pour le moment toujours suffi pour profiter de ce festival : nous n’allons en général pas aux conférences ou débats (ou rarement, et juste à une ou deux), et nous sommes suffisamment proches pour faire l’aller-retour dans la journée. De toutes façons en général l’un de nous travaille la semaine ce qui nous empêche d’y aller plus tôt, et franchement je crois qu’on apprécie aussi tous les deux d’avoir le dimanche « tranquille »(puisqu’on préfère y aller le samedi parce qu’il y a plus de choses ouvertes en ville et que c’est plus pratique pour les transports !), ce qui fait que je doute fortement d’avoir un jour une motivation suffisante pour passer la nuit là-bas et recommencer le lendemain. 🙂
8h20 : Nous quittons mon homme et moi Nancy à bord d’un TER. Une petite heure de trajet plus tard nous arrivons en gare d’Épinal, où beaucoup d’autres gens descendent aussi ! On sent qu’il est encore tôt et qu’on est le week-end, c’est assez tranquille. Il fait un peu frais, j’espère que le ciel va se dégager pour que le soleil puisse me réchauffer – j’ai changé au moins quatre fois d’avis sur comment m’habiller tellement le temps se montre changeant depuis le début de la semaine ! Finalement, au diable les idées d’habillage « cool » ou un peu chic, j’ai enfilé un haut à manches longues rouges avec mon sweat/veste Zelda (vert bouteille à capuche avec un symbole du jeu dans le dos – triforce avec des ailes, je crois – acheté à la dernière Anim’Est) par-dessus. C’est sans doute loin d’être hype, mais au moins j’ai relativement chaud et me sens à l’aise. Je jetterai de nombreux coups d’œil appréciateurs aux gens costumés par la suite, mais continuerai à ne pas regretter de ne pas être habillée de même dans certains cas !

sweat

10h environ : arrivée sur le Cours – nous nous dépêchons d’aller voir le bouquiniste à l’autre bout du chapiteau, l’année dernière on m’avait dit que j’avais raté de belles choses ! Finalement je prends un essai sur la fantasy, pour me rendre compte que c’est surtout une liste de titres avec leurs résumés et le reposer. Mon homme pondère sur les Lames du Cardinal de Pevel (qu’on a déjà lues), en jolies couvertures et format poche – mais il n’y en a que deux sur trois. Je remarque également un titre de la « trilogie cosmique » de C.S. Lewis (que j’ai déjà lue) – mais seul, et en français. J’essaye au maximum, pas seulement pas principe mais par intérêt, de lire les auteurs anglophones en VO. Du coup je rejette tout un tas de titres que j’ai pourtant envie de lire.
Je traîne près du stand des éditions de l’Homme Sans Nom mais ne me décide toujours pas à sauter le pas. Un ou deux auteurs m’abordent de manière très enthousiaste, et bien sûr ce ne sont pas ceux sur les bouquins de qui je bave le plus ^^’. Situation gênante pour moi, je ne suis pas convaincue par leurs résumés, ni par les critiques que j’ai lues, je n’ai pas l’intention d’acheter mais déjà de me faire convaincre de simplement lire ces œuvres !… (oui je suis chiante en tant qu’acheteuse je sais ce que je veux et aussi ce que je veux pas, et je traîne ma reluctance comme un alien au milieu des shoppeurs en délire ! :p) J’accepte un marque-page de Céline Landressie, qui a l’air très gentille. Je relis ce fichu résumé (Rose Morte) pour au moins la 4e fois,… mais non. J’aurais peut-être dû attaquer de front comme j’avais fait avec Guibé l’année dernière (sans savoir que c’était lui ! ^^ – dernière partie de l’article en lien) par rapport à mes réticences et visions de certains livres, donner une chance à l’auteur de me fournir des détails, son but, etc. (ce qui n’aurait peut-être rien changé mais aurait sans doute pu au moins donner une conversation sympathique :)) Mais cette année il faut croire que j’avais moins d’énergie à revendre, ou que je n’en avais pas suffisamment pour affronter 6 auteurs alignés sur deux mètres – ils semblaient tous très soudés ! ^^’ Du coup je me suis barrée avec son marque-page (que je n’ai pas encore dû sortir du sac d’ailleurs, je ne le vois pas avec les livres).
A l’inverse je suis un peu triste de ne pas trouver la Clé d’Argent (à mon commentaire sur Facebook ils me répondent que 1. c’est un peu cher les Imaginales pour eux et 2. ça commence à être trop orienté ado pour leur ligne éditoriale. Je réfute bravement cette dernière affirmation même si je vois de quoi ils parlent ; mais si ça devait vraiment prendre cette tournure je perdrais pas mal d’intérêt au festival !), je me rabats sur leurs collègues de Malpertuis, avec qui je papote des Grands du fantastique du XIXe / XXe – quelle joie de croiser des gens qui ont lu et adoré Hodgson ou Sheffield ! 😀 Je remarque une réédition du Roi en jaune de Chambers – un classique qu’il faudrait que je lise !
Finalement la matinée se passe entre tour de la Bulle, repérage des auteurs, tour des stands autour, retrouvailles avec Lynnae, retour au coin bouquiniste, et quelques discussions avec les exposants. Je n’ai rien trouvé qui me plaisait, tant mieux pour mon porte-monnaie. Mon copain a lui craqué sur la BD de Bilbo le Hobbit (occas), et se félicite d’avoir trouvé le tome 2 de la Mallorée d’Eddings dans l’édition qu’il nous fallait (série achetée d’occasion il y a quelques années, lue en entier grâce à la médiathèque pour le tome manquant). Nous guettons Pierre Pevel mais il n’est pas là ! Sans doute en conférence, il est pas mal demandé. Je croise aussi Méli du Bazar de la littérature, que j’irais saluer un peu plus tard dans la journée.

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Je passe aussi un très bon moment avec un auteur-éditeur qui vend une technique d’écriture basée sur l’analyse de grands auteurs, et aussi de gens que je ne connais pas. Il m’hameçonne au passage alors que je regarde les couvertures des 3 livres du stand, curieuse mais pas du tout tentée d’acheter (99% de ma vie). Il se lance dans un speech commercial à base de « vous écrivez ? (« un peu ») Fabuleux, ce livre va vous blablablabla » – puis je lui dit qu’autant me baser sur Hugo, pourquoi pas (encore que…) mais Flaubert j’ai détesté (« ah ») [encore que ce soit l’histoire qui m’ait déplu, je ne me souviens pas de son style en fait], mais bon heureusement il y a aussi un tas d’auteurs entre les deux, n’est-ce pas ? (« ah une connaisseuse »)[lol] Il me fait rire à deux ou trois reprises mais il se rattrape très bien et finalement nous partons à discuter de plein d’auteurs – il tente de m’impressionner avec R. E. Howard (en tous cas j’en ai eu l’impression) – hélas monsieur vous parlez à une rôliste et fan de Lovecraft et d’autres vieux auteurs et je m’intéresse à ce qu’il y a autour, vous ne m’aurez pas (complètement) sur ce terrain ! :p Je ne lui ai pas dit tout ça, mais cette situation m’arrive fréquemment. J’aime particulièrement le moment où la personne en face se rend compte que oui, je veux bien discuter, mais que non, je ne suis ni dupe ni impressionnée parce que je partage ses connaissances et repères, cet instant où les limites du « jeu » tombent et où je sens que le discours prend un ton plus naturel, où un certain respect mutuel prend le pas sur le numéro de départ !
Pour déjeuner, après maints bourlinguages dans la ville (trop cher / fermé / non pas ça), nous nous rabattons sur la brasserie Léopold, dans la galerie commerciale. Ce que nous commandons n’est ni fabuleux, ni mauvais – correct. Par contre le buffet de desserts à volonté c’est nul, ça m’incite à trop manger (pour en goûter plusieurs) !! :p En repassant par d’autres quartiers de la ville nous remarquons le Pizza’telier, une pizzeria pas loin du cours, qui présente bien, et avec des prix sympas : à noter pour la prochaine fois, ça nous inspire !
Après le repas (et la promenade digestive appréciable), tour des tentes adjacentes à la Bulle du Livre, nous croisons aussi des connaissances, puis partons pour les dédicaces proprement dites. Les auteurs sont revenus de déjeuner et des conférences – pour la plupart, et les visiteurs affluent en masse ! J’avais traîné un peu près des emplacements de Fabien Clavel et Thomas Geha, je repartirai finalement sans aucun de leurs bouquins ni sans avoir vraiment discuté avec eux (quand je n’ai rien ou quasiment rien lu je ne sais parfois pas comment aborder les auteurs…:/). Pareil pour Christopher Priest, sauf que mis à part le Prestige, aucun de ses livres ne m’a trop attiré… Après être retournés auprès de Pevel, mon homme se rend compte que le format poche des Lames est en vente en neuf, du coup on retourne chez le bouquiniste – qui n’en a plus qu’un. Tant pis, on complètera. Je traîne près du stand des éditions « Bord des Continents », qui font de très jolies choses illustrées par Sandrine Gestin. J’hésite beaucoup sur un carnet d’adresses… mais il est en même temps un peu grand et trop fin. Le côté « pratique » manque de certains éléments incontournables pour moi, en opposition avec la finesse et l’éclat des dessins ! Les carnets me paraissent trop beaux et je ne sais pas trop quoi en faire. Je ne voudrais pas utiliser un carnet relié et avec une couverture en carton fort pour écrire des bêtises dedans. Du coup je repars sans rien, sous l’œil un peu ébahi de mon copain qui m’a vue pousser des cris de joie à la vue des dragons quand on est arrivés en face du stand ! Il y avait de jolis packs de correspondance, mais là aussi quelque chose ne m’allait pas. Côté esthétique – 0 Côté rationnel – 1. Je craque rarement sur quelque chose de « juste joli » si l’objet est censé avoir un côté pratique et que je n’y trouve pas mon compte, c’est presque maladif.

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Après avoir été saluer Pevel et fait dédicacer les trois tomes des Lames, nous arrivons finalement à faire dédicacer un livre de Pierre Bordage (qui n’était pas là, puis avait du monde, et Yann lisait tous les résumés des livres présents afin d’en choisir un, ce qui lui prenait du temps), puis je vais voir Fabrice Colin, je prends un recueil de nouvelles – ce qui me changera de ses livres jeunesse ! 🙂 – je discute un peu mais pas trop car il y a du monde derrière. J’emporte aussi le catalogue de sa nouvelle maison d’édition, Super 8, qui propose des titres très alléchants ! Je regrette un peu qu’il y ait autant de monde, j’aurais bien discuté plus longuement avec lui des livres que j’ai lus, de ce qui m’a plu ou interpellée, mais la file d’attente est relativement longue derrière moi, alors ce sera pour une autre fois.

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Entre-temps nous avons poussé jusqu’à l’avenue de Provence pour faire un tour au Temple maçonnique, qui proposait aussi des conférences. Comme nous arrivons en plein milieu d’une, justement, nous sommes priés d’attendre dans la « salle humide » – je ne me souviens plus d’où ni pourquoi ça s’appelle comme ça bien que j’aie croisé le terme au cours de mes lectures, et mon homme ne relève pas non plus (mais il n’a pas l’air super à l’aise que je l’aie traîné dans ce lieu peu commun ! :p). Par contre il est vaguement déçu de ne trouver qu’un genre de cafétéria / salle d’attente type foyer municipal, avec peu de symboles ésotériques (sauf sur le fronton des portes, ce qui est mine de rien une symbolique très forte ! :)) ou de decorum exotique. Je regarde les photos formant une exposition sur Cuba qui ornent les murs autour de nous. Cet endroit est très paisible, je bouquinerais bien ici. Après la foule de la Bulle du Livre ça me fait beaucoup de bien de me retrouver dans un endroit plus tranquille, où je peux sentir la fraîcheur des pierres du bâtiment (j’adore les minéraux, leur toucher et leur odeur, un truc de fou !).
Quand nous sommes de retour dans le chapiteau, j’arrive enfin à retrouver Lynnae – que nous n’avions plus recroisée depuis le midi ! Un peu de papotage encore, et c’est le moment de sortir du festival : nous en avons marre (fatigue + afflux de gens trop important qui commence à m’oppresser + objectifs atteints !) tous les deux, et si nous voulons être à la maison avant 8h du soir il va falloir quitter Épinal…
La prochaine fois, je me fabriquerais peut-être un badge, j’ai vu que certains bloggeurs en arboraient et ça me ferait plaisir de croiser les gens du coin (ou déplacés pour l’occasion), même si ce n’est que pour 5 minutes ! 🙂
Je prends toujours autant de plaisir à me promener dans ce festival et à y croiser des gens sympathiques. A l’année prochaine, très probablement !

 

Tentacules : de la science à la fiction

De Pierre-Yves Garcin et Michel Raynal. Editions Gaussen, 2011. Documentaire. Très bonne lecture. [143 p.]

 

tentaculesRésumé : « Les pieuvres et calmars géants ont été une source d’inspiration pour des écrivains classiques comme Jules Verne (20000 Lieues sous les mers), ou Victor Hugo (Les Travailleurs de la mer), comme pour des auteurs populaires contemporains : Peter Benchley (La Bête), Arthur C. Clarke (Les Prairies bleues et Le Fantôme venu des profondeurs) ou encore Michael Crichton (Sphère). De nombreux films, dont beaucoup de séries B, les mettent en scène. Tentacules apporte au public ce qui manquait à la question. Préfacé par Jean-Jacques Barloy et co-écrit par Pierre-Yves Garcin et Michel Raynal, fondateur de l’Institut virtuel de cryptozoologie, cet ouvrage présente les céphalopodes géants du point de vue de la science et de la fiction. Dans une première partie, les auteurs mènent l’enquête sur la réalité de ces animaux. L’existence du calmar géant, le fameux «Kraken» qui alimente les légendes depuis l’Antiquité, est avérée. Pour ce qui est du poulpe colossal, les témoignages suggèrent qu’il existe, mais le manque de preuves laisse le mystère entier. Un chapitre est consacré à l’étude du célèbre cas du «monstre de Floride», soupçonné pendant longtemps d’être un poulpe géant. Les auteurs s’intéressent ensuite aux tentacules littéraires et cinématographiques, réalistes ou fruits de la créativité des écrivains et metteurs en scène. Les tentacules sont un archétype de l’imaginaire collectif, et trouvent leur place auprès des «sales bêtes» plus ou moins fabuleuses comme le requin ou le monstre du Loch Ness. En témoigne la riche iconographie de ce livre composée d’extraits de films, de couvertures de pulps et de journaux à sensation, de produits dérivés de films tels que 20000 Lieues sous les mers ou It Came from Beneath the Sea, très recherchés des collectionneurs.« 
Dans la catégorie des mots-clés qui pourraient m’amener plus de termes de recherche étranges, ajoutons donc « cryptozoologie » !
 En effet, et c’est un point non négligeable, le livre se propose de faire la part des choses entre ce que la science a pu prouver en matière de mythe, les mythes, et l’utilisation des deux « côtés » dans la culture populaire. Autrement dit, le point principal du débat est la taille de la bête, et, de façon secondaire, son comportement envers l’homme.
     J’aurais vraiment apprécié avoir ne serait-ce qu’une page pour en savoir un petit peu plus sur l’animal et sa vie, peut-être avec une photo de calamar plus petit qu’on aurait bien vu (parce que le calmar moisi dans son formol c’est moyen pour se représenter la bête, surtout quand on lit plus loin qu’ils ont des couleurs magnifiques de leur vivant, qui disparaissent vite après la mort), ou les espèces cousines, ou leur mode de reproduction (surtout quand on entend parler de maman calmar plus loin) – juste un petit peu plus que les mensurations, la catégorie phylogénétique (céphalopodes – octopodes ou décapodes) et leur environnement de prédilection (les calmars sont pélagiques, donc aiment les grands fonds et la pleine eau, tandis que les poulpes sont benthiques, donc vivent près des fonds rocheux et près des côtes). Un peu moyen donc pour le côté strictement zoologique.
Question taille on est servi, avec détails, batailles de preuves, noms et dates à la clé. Les amateurs cryptozoologues et les amoureux des records du monde animal trouveront donc ici certainement un bel os à ronger. Dans le tas j’aurais appris qu’on mesure un cal(a)mar de la queue (« os de seiche ») aux bras, et non pas aux fouets, autrement on gagne la moitié de la taille de la bestiole en plus à chaque coup ! Le poulpe ou pieuvre est lui mesuré en envergure, ou en longueur de tentacule (l’envergure divisée par deux, pour ceux qui ne suivraient pas). Et « tentacule » c’est masculin, comme un autre mot qui lui ressemble beaucoup (et qui ne se trouve pas dans le premier Alexia Tarabotti).
     Revenons à nos Architeuthis* et poulpes colossaux (ou pas, c’est là la question) : un des énormes points forts du livre à mon avis réside dans la pléthore d’illustrations, gravures, photos, couvertures de pulps, estampes, peintures et pochettes de film. C’est juste incroyable, on baigne dans les céphalopodes à chaque page, c’est magnifique ou drôle, et le grand format et la qualité du papier et de l’impression permettent de les apprécier pleinement.
* nom générique des calamars géants
La couverture utilise le célèbre « poulpe de Montfort », du nom du naturaliste qui a le premier revendiqué l’existence de trucs marins balèzes à tentacules. calmar_munster
  Avant lui les illustrations de telles créatures donnaient des choses plutôt du type de Münster (1556) – ceci (^) est un calamar mais je suis sûre que vous voyez ce que je veux dire.

poulpinet

  Autrement, les poulpes, ça peut être vraiment adorable.
J’ai cette photo sur mon bureau (PC), quand je me sens en manque d’affection je la regarde et c’est comme les chatons c’est magique. Tout est dans le regard.

 

     La deuxième partie de l’ouvrage est consacrée à la fiction tentaculaire – je n’y ai pas trouvé Lovecraft, probablement parce qu’il ne fait aucune référence à un « réel » poulpe ou calamar, juste à des choses pourvues de tentacules qui n’ont rien de très terrestre [voir référence imagée en fin d’article]. J’ai néanmoins noté quelques noms que je connais déjà, que j’ai parfois lus et appréciés, ou que je me réserve pour des PàL futures : Jules Verne et Victor Hugo, Charles Hope Hodgson (La Chose dans les algues), Arthur C. Clarke (The Deep Range / Les Prairies bleues, Le Fantôme venu des profondeurs), Michael Crichton (Sphère, je ne me souvenais même plus qu’on y croisait un céphalopode – invisible dans le film), Peter Benchley (Jaws / Les Dents de la mer, mais aussi plein d’autres récits horrifiques autour de la mer). Vient ensuite une liste d’adaptations cinématographiques, de qualité parfois, de mauvaise qualité le plus souvent ! L’occasion pour l’auteur de décompresser (par paliers) : « Les dimensions de cette très grosse pieuvre sont difficiles à apprécier. Elle émet curieusement un cri ou plutôt un bruit assez proche de celui d’une ventouse pour déboucher les siphons des toilettes. » (Je vous ai coupé la fin du paragraphe évoquant le chat avec la queue coincé dans une porte et le rot de Darth Vader). Je n’ai noté aucun titre ici, retenant que de manière extrêmement générale tout film ayant l’air à petit budget et contenant un poulpe ou un calamar est certainement tout sauf terrifiant – à moins que l’on s’attende à quelque chose de qualité, bien évidemment !

 

Hello_cthulhu

Le site* : www.hello-cthulhu.com**

 

* référence n’ayant donc que les tentacules en rapport avec le livre chroniqué ci-dessus
** Note explicative : Prenez Hello Kitty, mignonne, gentille et rose, et tous ses amis également très gentils et très colorés-bonbon-bisounours. Prenez le Grand Cthulhu, abomination gigantesque et monstrueuse assimilée à un dieu ancien voulant asservir l’humanité, sorti de l’imagination malade et morbide de Howard Philips Lovecraft, et tous ses… heu… colocataires des espaces non-euclidiens pas plus sympathiques. Confrontez les deux camps dans des comic strips (BD). Voyez qui perd sa santé mentale le plus vite.

 

The Literary Fantastic

De Neil Cornwell. 1990. Essai littéraire. Très bonne lecture.
litfantasticRésumé : « This wide-ranging book examines the role and development of the fantastic in literature from the rise of the Gothic in the second half of the eighteenth century, through its heyday in the horror classics of the nineteenth century – from Frankenstein to Dracula – to its appearance in postmodernist fiction of the present.« 
Cet ouvrage s’ouvre sur une très bonne introduction à la fois chronologique et analytique: où, quand et comment est « né » le fantastique, de quoi découle-t-il, quelles sont ses grandes tendances et codes principaux. On retrouve, comme dans l’ouvrage de Françoise Dupeyron-Lafay les concepts de doute, de fracture, de rationnel vs irrationnel. Cornwell va cependant plus loin, il cite des critiques et explique en quoi le genre a eu du mal à se trouver des définitions, surtout quand il était jeune. Suivent des citations d’études portant sur le fantastique, de grands noms comme Todorov (qui paraît-il a d’abord été édité en français), et aussi des noms un peu moins illustres, mais qui ont aussi tenté d’expliciter et d’unifier le genre à leur époque et à leur manière.
Ce qui m’a beaucoup changé d’autres livres que j’ai lu à ce sujet, c’est la manière d’appréhender l’élément « fantastique » : souvent on parle de thèmes (cimetières, manoirs, vampires, fantômes…) ou d’auteurs, mais ici ça va un peu plus loin, même, que les structures narratives évoquées dans l’autre livre que j’ai lu il y a peu de temps et cité ci-dessus (ce qui était déjà très bien). L’auteur parle beaucoup de l’élément de « fantasy ». Il s’agit de ce qu’on pourrait traduire par « fantaisie », « irréel » – cet élément qui permet à la fiction de devenir non-réaliste, en partie ou totalité. De là, l’étude se focalise sur le fantastique, essentiellement, mais aborde aussi la high fantasy, les contes, et mêmes le nouveau roman (en ce qu’il « brise » les règles établies du roman, donc se positionne sur un autre plan de « rationalité »). Le livre s’achève sur Rushdie, Eco et quelques autres auteurs analogues, dont la présence dans l’ouvrage est justifiée parce qu’ils détournent les buts avoués du roman pour construire une narration illusoire : elle se veut rattachée à une certaine réalité, mais sert en fait à analyser/démontrer/dénoncer autre chose. (A ce que j’ai compris 😉 )
Une approche moins commune que d’autres sur la littérature de l’irréel, qui m’a ouvert de nouvelles perspectives.

Le Fantastique anglo-saxon

De Françoise Dupeyron-Lafay. 1998. Essai / publication universitaire. Excellente lecture.
Sous-titré : Au-delà du réel
fantastiqueRésumé : « Cet ouvrage s’adresse aux (futurs) lecteurs, étudiants et amoureux du fantastique, qu’ils soient ou non anglicistes, et couvre la période allant des années 1820 à la fin de la Première Guerre mondiale, ainsi que les prolongements du fantastique à l’époque contemporaine. Il vise à définir la notion complexe de  » fantastique  » et à délimiter les caractéristiques et les frontières génériques de cette écriture de l’altérité. La réflexion sur la narration, le temps, l’espace et quelques situations et thèmes récurrents du fantastique est conduite à travers l’étude pratique de textes d’origine variées (anglais, irlandais, américains) et de longueurs diverses, du roman à la nouvelle. Le choix du corpus, tout en étant guidé par la notion de certains passages obligés comme H. James, Poe, M. Shelley, Stevenson, Stoker, Wells ou Wilde, a été dicté par un souci de nouveauté. Car certains auteurs, moins connus, excellent aussi dans cette écriture de l’imaginaire et du voyage de l’autre côté du réel.« 
En ces temps obscurs où les masses abêties ne savent plus utiliser les mots avec discernement, cette lecture me fait l’effet d’un bon bain intellectuel ! :p

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Bordemarge

De Emmanuelle Nuncq. 2012. Fantasy / Aventure jeunesse. Bonne lecture, mais quelques ratés vraiment dommages.
bordemargeRésumé : « Un mousquetaire rebelle quitte le château de Bordemarge au galop. Après avoir fomenté un coup d’État, Le duc Silas a lancé ses troupes de pirates sur les traces de Roxane, l’héritière légitime du trône, qui a réussi à s’enfuir. Violette, bibliothécaire déprimée, aurait adoré lire ce genre d aventures rocambolesques. Aussi, le jour où, pour échapper à ses ennemis, Roxane traverse un tableau magique qui donne sur le monde réel et envoie Violette à sa place à Bordemarge, cet échange est l’occasion rêvée pour la bibliothécaire de troquer son quotidien contre des péripéties incroyables. Saura-t-elle déjouer les plans de l’infâme Silas ? Une chose est sûre : à Bordemarge, tout est possible, il suffit de le vouloir ! »
Encore un livre qui ne m’ôtera pas mes réserves sur la sur-médiatisation des jeunes auteurs, premiers romans, et blablabla. Concernant celui-ci je ne me rappelle pas s’il a été tellement encensé ou pas, mais il ira dans ma pile de « ratés » essentiellement pour des questions techniques. Y a-t-il vraiment eu un comité de relecture ? Pour un livre aussi petit, les problèmes sont relativement nombreux dans l’équilibre narratif : changements de style et de ton un peu violents, passages très moyens au milieu de très bonnes idées, et un paragraphe qui a failli me faire arrêter ma lecture, au début, car carrément redondant avec un de ses très (trop) proches congénères, et donc totalement inutile et agaçant !

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