Contes de la fée verte

De Poppy Z. Brite. Folio SF, 1997. Recueil de nouvelles. Excellent. [265 p.] Coup de cœur.
Titre original : Swamp Foetus, 1994.
contesfeeverteRésumé : « Que se passe-t-il quand deux frères siamois séparés à la naissance n’ont qu’un seul souhait : redevenir un ? Quand chaque apparition d’un chanteur rock s’accompagne d’un drame ? Quand un entrepreneur de pompes funèbres du quartier de Chinatown vous charge de surveiller un cadavre ? Et quand vous perdez dans Calcutta livrée aux morts-vivants ? Tout le talent de Poppy Z. Brite se dévoile dans ces douze nouvelles à l’odeur de souffre [sic] et au goût d’absinthe, dont « Calcutta, seigneur des nerfs », récompensé par le Grand Prix de l’Imaginaire 1998.« 
WAOUH. C’est mon impression en refermant cet ouvrage, impression convoyée par le style et les idées de l’auteur tout au long de ces douze nouvelles, quasiment dès la première page, sans compter l’introduction par Dan Simmons qui m’a aussi comblée (« Prolégomènes à toute métaphysique future de Poppy« ).
Avant d’aller plus loin je préviendrai quand même que ce livre est je pense à réserver à un public averti : les idées et thèmes développés ne sont pas des plus légers ou rieurs et jouent très largement avec le dérangeant, et les descriptions de relations sexuelles (ou de comparaisons, atmosphères, etc. sulfureuses) ou de cadavres pourrissants ne sont pas rares. Quand il ne s’agit pas de scènes sensuelles impliquant un cadavre.
ça va, vous êtes toujours là ? :p

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The Literary Fantastic

De Neil Cornwell. 1990. Essai littéraire. Très bonne lecture.
litfantasticRésumé : « This wide-ranging book examines the role and development of the fantastic in literature from the rise of the Gothic in the second half of the eighteenth century, through its heyday in the horror classics of the nineteenth century – from Frankenstein to Dracula – to its appearance in postmodernist fiction of the present.« 
Cet ouvrage s’ouvre sur une très bonne introduction à la fois chronologique et analytique: où, quand et comment est « né » le fantastique, de quoi découle-t-il, quelles sont ses grandes tendances et codes principaux. On retrouve, comme dans l’ouvrage de Françoise Dupeyron-Lafay les concepts de doute, de fracture, de rationnel vs irrationnel. Cornwell va cependant plus loin, il cite des critiques et explique en quoi le genre a eu du mal à se trouver des définitions, surtout quand il était jeune. Suivent des citations d’études portant sur le fantastique, de grands noms comme Todorov (qui paraît-il a d’abord été édité en français), et aussi des noms un peu moins illustres, mais qui ont aussi tenté d’expliciter et d’unifier le genre à leur époque et à leur manière.
Ce qui m’a beaucoup changé d’autres livres que j’ai lu à ce sujet, c’est la manière d’appréhender l’élément « fantastique » : souvent on parle de thèmes (cimetières, manoirs, vampires, fantômes…) ou d’auteurs, mais ici ça va un peu plus loin, même, que les structures narratives évoquées dans l’autre livre que j’ai lu il y a peu de temps et cité ci-dessus (ce qui était déjà très bien). L’auteur parle beaucoup de l’élément de « fantasy ». Il s’agit de ce qu’on pourrait traduire par « fantaisie », « irréel » – cet élément qui permet à la fiction de devenir non-réaliste, en partie ou totalité. De là, l’étude se focalise sur le fantastique, essentiellement, mais aborde aussi la high fantasy, les contes, et mêmes le nouveau roman (en ce qu’il « brise » les règles établies du roman, donc se positionne sur un autre plan de « rationalité »). Le livre s’achève sur Rushdie, Eco et quelques autres auteurs analogues, dont la présence dans l’ouvrage est justifiée parce qu’ils détournent les buts avoués du roman pour construire une narration illusoire : elle se veut rattachée à une certaine réalité, mais sert en fait à analyser/démontrer/dénoncer autre chose. (A ce que j’ai compris 😉 )
Une approche moins commune que d’autres sur la littérature de l’irréel, qui m’a ouvert de nouvelles perspectives.

Le Magicien des morts

De F.E. Higgins. 2008. Roman jeunesse à tendance fantastique. Bonne lecture.
Titre original : The Bone Magician.
Autres livres tournant autour du même univers : Le Livre noir des secrets ; un autre publié après (?)
magicienmortsRésumé : « Pin Carpue découvrira-t-il la vérité sur la disparition de son père, accusé de meurtre ? Percera-t-il le secret de Bénédict Pantagus, l’homme qui fait parler les morts Et reverra-t-il bientôt Juno, cette mystérieuse jeune fille dont les parfums ensorcellent. Pour Pin, le temps presse. Car, sur les bords du Foedus qui traverse cette ville de cauchemar, rôde le tueur à la pomme d’argent, en quête de nouvelles victimes. Et s’il croisait le chemin de Pin Et si ce tueur était son père ? »

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Nosferas

De Ulrike Schweikert. 2012. Fantasy jeunesse. Très bonne lecture.
Titre original : Der Erben der Nacht – Nosferas, 2008
nosferas
Résumé : Dans l’Europe du XIXe siècle, cinq clans de vampires tentent tant bien que mal de survivre, face aux humains et aussi face à eux-mêmes, puisqu’ils sont tous rivaux. De là la bonne idée, bon gré mal gré, de rassembler et d’éduquer les jeunes des clans afin de les armer contre le monde, et aussi de leur inculquer que de se chercher des noises comme leurs parents c’est pas une solution. Bien sûr, c’est loin d’être gagné d’avance. D’où une atmosphère qui m’a assez fait penser à la découverte de Poudlard par le jeune Harry Potter, ses amitiés et inimitiés du début, etc. En arrière-plan (pour le moment), des intrigues politiques dans l’environnement du pape Pie IX, incluant guerres intestines et luttes de pouvoir, mais aussi chasse aux vampires.
Une très bonne surprise. J’ai pris le livre sans être convaincue (la 4e de couv’ n’est pas terrible non plus), j’ai ensuite eu peur dans les premières pages d’être tombée sur quelque chose de pas très bon, voire mauvais question scénario et personnages… et finalement l’histoire s’est lancée, les personnages sont venus de plus en plus nombreux, se sont complexifiés, et j’étais conquise à la moitié du livre (qui fait près de 500 pages, au fait). Un point très fort de cet ouvrage est le cadre. L’auteur s’est visiblement  bien documentée sur le Rome et l’Europe du XIXe, ce qui donne un aspect historique à un livre qui ne prétend pas l’être puisque l’intrigue reste du ressort de l’imaginaire.
C’est bête à dire, mais c’est une fois de plus un coup de cœur dans la collection Wiz d’Albin Michel (ah tiens, oui, c’est du Albin Michel ?), avec les Angie Sage (Magyk), Jonathan Stroud (La trilogie de Bartimeus), les Fabrice Colin (Bal de givre à New York, Le Maître des dragons/La Malédiction d’Old Haven (qui forment un dyptique)) — bon je regarde le sommaire des titres Wiz et il y en a dans lesquels je ne me plongerai pas en fait ! :p Mais j’aime tout de même beaucoup cette collection.
Indications sur le livre : premier d’une saga (Der Erben der Nacht) dont le titre général n’est pas encore traduit en France (« Les Héritiers de la nuit », merci Reverso) parce que l’éditeur n’était prétendument pas sûr d’arriver à les vendre [mode élitiste on] c’est sûr quand c’est pour importer du caca de vampires des pays anglo-saxons on sait qu’on a le public, mais pas pour de la fantasy allemande de meilleur niveau, sait-on jamais que les gens soient trop cons pour lire ça [/mode élitiste off]. Cinq tomes en tout sont parus en Allemagne.
Tome 1 : Nosferas (2008)
Tome 2 : Lycana (2008)
Tome 3 : Pyras (2009)
Tome 4 : Dracas (2010)
Tome 5 : Vyrad (2011)
(en cherchant ces infos, et d’autres sur l’auteur, j’ai découvert un blog qui a l’air génial. Et le blog de l’auteur.)