Le Cinquième Bilan

bonhomme_de_neige_0006Comme l’année dernière j’ai décidé de regrouper mon bilan anniversaire avec mon bilan annuel, mon emploi du temps ni ma motivation ne me laissant beaucoup écrire ces temps-ci. Je finis/commence d’ailleurs l’année avec 3 chroniques  en attente, ce qui je crois ne m’étais pas encore arrivé !

Je disais que j’écrivais moins, il faut dire que je désespère toujours de voir mes chiffres produits lors des tous premiers temps – lorsque j’étais, convient de le préciser, à la recherche d’un emploi. Cependant avec 34 articles publiés dont 31 avis de lecture je fais à peine moins que l’année dernière, avec à peu près les mêmes conditions (travail, loisirs), ce qui reste très cohérent. Ma résolution d’écrire plus sera donc tombée à l’eau de manière très logique. ^^’ Lire la suite

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1, 2, 3 : Bilan

Comme chaque année j’aime faire un petit bilan de l’évolution du blog – qui a fêté hier ses trois ans – histoire de faire le point sur les avancées et possibles améliorations.

Je vous avouerai qu’au vu de ma vie privée et professionnelle en ce moment je ne prévois pas de grands bouleversements sur le blog d’ici peu, ayant trop peu de temps à moi d’une part et trop de pensées intrusives et moments de blues pour le moment d’autre part – mais j’espère que les choses se seront un peu tassées d’ici quelques mois. D’un autre côté le blog m’apporte quelque chose de constructif, un projet à tenir, et ça c’est important ; je suis toujours aussi ravie de voir que vous venez me lire, et lire et répondre à vos commentaires quels qu’ils soient. Lire la suite

Chihuahua, zébu et Cie : l’étonnante histoire des noms d’animaux

De Henriette Walter et Pierre Avenas. Robert Laffont (Points), 2007. Essai zoo-linguistique. Excellent. [315 p.]

chihuahuaRésumé : « Savez-vous que le loup a laissé sa griffe sous les termes lycée, Louvre et même lupanar ? Pourquoi le hot-dog porte-t-il un nom si étrange ? Et quels animaux se cachent derrière les mots butane et vaccin ? Quinze chapitres savants et malicieux débusquent les traces de nos animaux familiers au détour des conversations et des langues… Fourmillant d’illustrations et d’anecdotes, ce bestiaire fait escale aux portes de la mythologie et de la littérature. Un étonnant voyage dans les contrées animalières de notre langue. Amis des bêtes et amateurs de mots, ce livre est pour vous !« 

Voilà un documentaire au titre et au résumé aguicheurs de mon point de vue zoomaniaque et linguistiphile. (Non aucun de ces deux mots ne semble exister)

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Un tas de colis, et un défi !

Hier en revenant du boulot j’ai été accueillie par un gros tas de colis, un très gros de Flammarion, et deux petits de Gallimard (ça fait toujours plaisir !! Plus y’a de paquets, plus on rit 🙂 ) :

colis

Je remercie les éditeurs Gallimard et Flammarion de m’avoir envoyé tout ça, je me doute que la synchronisation d’arrivage n’était pas voulue, mais c’était bien agréable et rigolo. 🙂 Tous les livres sont arrivés en très bon état, accompagnés de petits mots.

 

Comme prévu le petit Gallimard contenait Armageddon Rag, gagné chez nymeria (merciii 🙂 ), et la deuxième enveloppe (une simple pochette, beaucoup plus fine) contenait le badge « pour aller avec » 🙂 (qui ira très bien avec plein d’autres choses aussi, j’en suis sûre !) – et un petit mot. J’espère que tous les vainqueurs des concours organisés par les bloggeurs (j’imagine que nymeria et la tête dans les livres n’étaient pas les seules à l’organiser !) l’ont bien reçu, ou l’auront bientôt – pour moi ça n’a pas traîné du tout.

gallimard

 

Ensuite j’ai ouvert le gros paquet. Comme prévu, il contenait Passeurs de Morts, que j’avais lu en bêta et corrigé (cf. deuxième photo : je suis citée et remerciée – c’est classe, non ?? :p) cet automne, et que j’attendais plus ou moins depuis près de 4 mois (date de sa parution en février si je me souviens bien) ! Du coup je vais pouvoir le relire et le chroniquer, maintenant qu’il est dans sa version finie – ça ne me semblait pas juste de le critiquer alors que le travail n’était pas achevé. 🙂
J’ai aussi sorti de l’enveloppe deux livres « bonus ». (à cause du délai ? Fabrice Colin jure qu’il n’y est pour rien)
Je ne m’y attendais pas du tout, et j’apprécie le geste à sa juste valeur (non, sérieusement) ! 🙂 Deux livres en plus ce n’est pas rien, et ce n’était pas obligatoire. Merci.

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… vous ne pouviez malheureusement pas savoir que je faisais partie des quelques pour cents d’individus qui fuient les romances, chick-lit et autres littératures « de fille », de manière générale.
Je vais probablement suivre le conseil de Lynnae et faire une synthèse des genres que je lis ou non sur ma page où je recense les partenariats. 😉

 

Ceux qui me connaissent bien sont peut-être déjà en train de rigoler dans leur coin parce que ces deux titres sont selon toute probabilité hors de ma sphère de confort (de lecture). D’ailleurs mes premiers mots en les sortant de l’enveloppe ont été « c’est rose, dis donc », et je suis sûre d’avoir senti une partie mes neurones s’enfuir de tous les côtés rien qu’à la vue des titres et couvertures.

 

Hypothèse éclairée :  je me retrouve avec ces deux titres, précisément, entre tout ce qui existe, parce que :
1. Je suis une fille*
2. Passeurs de morts est probablement classé en « ado » à cause de l’âge de son héroïne, bien que ce soit pour moi du jeunesse « classique », pas de la romance additionnée de choisissez votre sauce (comment ça je suis rude avec ma définition du roman ado ?!) – donc je crois saisir une certaine logique qui expliquerait cette surprise plutôt cocasse, dans mon cas.
(3. c’est dans l’air du temps)
* Paie ta paire de chromosomes X ma vieille.

 

—————–>  Je vais prendre ceci comme un défi !  <——————–

Je vais lire et chroniquer ces deux bouquins même s’ils n’appartiennent pas vraiment à mes goûts littéraires habituels.
– un livre que je vois très souvent encensé sur des blogs qui ne partagent pas toujours les mêmes goûts que moi, et qui ne m’a jamais donné envie, car je suis à peu près certaine d’avoir ici une énième romance YA. Lune = symbole de la féminité, mauve = seconde couleur « girly » après le rose bonbon. C’est déjà un poil mal barré. Je sais que je suis mauvaise langue, mais c’est réaliste dans 90% des cas. (PS : je viens de feuilleter le livre au hasard pour me rassurer et je suis tombée sur « bisous brûlants dans le cou ». Au secours.)
– une histoire de deux filles et d’un cheval, pour il me semble la toute première fois de ma vie, moi qui à 12 ans commençait déjà à fuir ce type de livre de manière systématique (plus efficace sur moi que la citronnelle sur les moustiques). Ce sera peut-être le tiercé gagnant, ou peut-être pas.
La bonne, l’excellente chose, c’est que je m’attends tellement au pire que je risque assez peu d’être déçue ! 😉 Au pire ce sera aussi mièvre que je l’imagine, au mieux ce sera de bons moments de lecture, même si le coup de cœur est très improbable au vu des résumés/titres/coloris.
Et puis ils sont assez courts tous les deux. Et je sacrifierais aux Grands Anciens pour me faire pardonner par la suite.
Je vais peut-être même commencer par ces deux-là tout de suite, comme ça « ce sera fait », je me garde les autres bouquins pour me remettre. Parce que j’ai le droit de prendre mes précautions quand même hein on est d’accord.

Bilan annuel

Des chiffres et des livres ! (Principalement)
J’ai finalement réussi à me trouver un peu de temps à peine trois jours après le premier anniversaire du blog. Mes statistiques ne devraient donc pas être trop faussées ! 😉
Je ne vais pas vous donner *tous* les chiffres, d’abord parce que vous pouvez en consulter un certain nombre, visibles dans les catégories, et aussi parce que d’autres sont peu significatifs, ou correspondent à des aspects mineurs du blog (entendez par là des choses qui ne me tiennent pas spécialement à cœur), ou encore parce que je pense qu’ils n’ont que peu d’intérêt pour vous.
J’ai 185 articles en tout, dont 151 qui correspondent à des critiques de livres => mon objectif premier de partager mes lectures est donc tenu !
Hors critiques de livres j’ai 6 critiques de films, 6 recettes et 15 billets d’humeur / idées / découvertes, ce qui n’est pas énorme.
Mon bilan va donc être focalisé sur les livres ! 😀
Sur mes 151 chroniques, 24 correspondent à des œuvres qui ne sont pas de la fiction, soit 15,8 %.

 

categories

 

Les catégories illustrées ci-contre sont mes principaux choix de lecture, il ne s’agit pas d’un classement logique (genre ou support). « Imaginaire » regroupe SF, Fantasy, Fantastique et Merveilleux ; j’ai choisi d’afficher les BD et mangas bien que je n’en ai lu que très peu cette année.
Je ne ferai pas de bilan « Imaginaire » cette année pour la simple raison que je pense réorganiser ces catégories dès que possible, entre autres pour intégrer « Aventure » dedans, et ainsi en faire ressortir les ouvrages qui ne sont que légèrement teintés de magie, et n’appartiennent donc pas tout à fait au genre. Je pourrais également séparer « SF » et « Fantasy », que j’ai pour le moment regroupés car le résumé d’une oeuvre suffit généralement pour décider à laquelle des deux catégories le livre appartient, ou si c’est un hybride affreusement inclassable, cauchemar des bibliothécaires, libraires, et bloggeurs !! 😀 :p
J’ai compté les chroniques « Thriller » qui correspondaient vraiment au genre ; là encore j’aurais des choses à mettre dans une catégorie « Aventure ».

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The Literary Fantastic

De Neil Cornwell. 1990. Essai littéraire. Très bonne lecture.
litfantasticRésumé : « This wide-ranging book examines the role and development of the fantastic in literature from the rise of the Gothic in the second half of the eighteenth century, through its heyday in the horror classics of the nineteenth century – from Frankenstein to Dracula – to its appearance in postmodernist fiction of the present.« 
Cet ouvrage s’ouvre sur une très bonne introduction à la fois chronologique et analytique: où, quand et comment est « né » le fantastique, de quoi découle-t-il, quelles sont ses grandes tendances et codes principaux. On retrouve, comme dans l’ouvrage de Françoise Dupeyron-Lafay les concepts de doute, de fracture, de rationnel vs irrationnel. Cornwell va cependant plus loin, il cite des critiques et explique en quoi le genre a eu du mal à se trouver des définitions, surtout quand il était jeune. Suivent des citations d’études portant sur le fantastique, de grands noms comme Todorov (qui paraît-il a d’abord été édité en français), et aussi des noms un peu moins illustres, mais qui ont aussi tenté d’expliciter et d’unifier le genre à leur époque et à leur manière.
Ce qui m’a beaucoup changé d’autres livres que j’ai lu à ce sujet, c’est la manière d’appréhender l’élément « fantastique » : souvent on parle de thèmes (cimetières, manoirs, vampires, fantômes…) ou d’auteurs, mais ici ça va un peu plus loin, même, que les structures narratives évoquées dans l’autre livre que j’ai lu il y a peu de temps et cité ci-dessus (ce qui était déjà très bien). L’auteur parle beaucoup de l’élément de « fantasy ». Il s’agit de ce qu’on pourrait traduire par « fantaisie », « irréel » – cet élément qui permet à la fiction de devenir non-réaliste, en partie ou totalité. De là, l’étude se focalise sur le fantastique, essentiellement, mais aborde aussi la high fantasy, les contes, et mêmes le nouveau roman (en ce qu’il « brise » les règles établies du roman, donc se positionne sur un autre plan de « rationalité »). Le livre s’achève sur Rushdie, Eco et quelques autres auteurs analogues, dont la présence dans l’ouvrage est justifiée parce qu’ils détournent les buts avoués du roman pour construire une narration illusoire : elle se veut rattachée à une certaine réalité, mais sert en fait à analyser/démontrer/dénoncer autre chose. (A ce que j’ai compris 😉 )
Une approche moins commune que d’autres sur la littérature de l’irréel, qui m’a ouvert de nouvelles perspectives.

Le Fantastique anglo-saxon

De Françoise Dupeyron-Lafay. 1998. Essai / publication universitaire. Excellente lecture.
Sous-titré : Au-delà du réel
fantastiqueRésumé : « Cet ouvrage s’adresse aux (futurs) lecteurs, étudiants et amoureux du fantastique, qu’ils soient ou non anglicistes, et couvre la période allant des années 1820 à la fin de la Première Guerre mondiale, ainsi que les prolongements du fantastique à l’époque contemporaine. Il vise à définir la notion complexe de  » fantastique  » et à délimiter les caractéristiques et les frontières génériques de cette écriture de l’altérité. La réflexion sur la narration, le temps, l’espace et quelques situations et thèmes récurrents du fantastique est conduite à travers l’étude pratique de textes d’origine variées (anglais, irlandais, américains) et de longueurs diverses, du roman à la nouvelle. Le choix du corpus, tout en étant guidé par la notion de certains passages obligés comme H. James, Poe, M. Shelley, Stevenson, Stoker, Wells ou Wilde, a été dicté par un souci de nouveauté. Car certains auteurs, moins connus, excellent aussi dans cette écriture de l’imaginaire et du voyage de l’autre côté du réel.« 
En ces temps obscurs où les masses abêties ne savent plus utiliser les mots avec discernement, cette lecture me fait l’effet d’un bon bain intellectuel ! :p

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Incursion dans le boudoir des vampires de la nuit de l’ombre des ténèbres éternelles*

vampire
* Ou comment tenter de faire la lumière sur un sujet parfois obscur, obscurci, abscons.
  Lorsque j’ai dit que j’avais bien aimé Orgueil et préjugés on m’a fait la réflexion : « Mais… d’habitude tu n’aimes pas les romances ? » – et je trouve que c’est une réflexion très pertinente.
Pourquoi est-ce que cette lecture a été si plaisante, alors que le résumé de Twilight et sa première page (lus après quelques critiques de copines) m’ont fait immédiatement reposer le livre sans aucun regret, que je n’ai lu une paire de Harlequin que pour « être sûre » que le style ne me plaisait pas (mon Dieu qu’est-ce que c’est ch***t !!), et que maintenant forte de mes expériences j’ai tendance à évincer de mes choix de lecture toute romance, ou presque,  clairement définie comme telle ?

Une question d’intolérance

      Au risque de passer pour une élitiste, ce que je suis peut-être tout simplement :p, je dirais que le style m’importe beaucoup, dans certains cas. Je crois que c’est en grande partie pour ça que les sous-genres bit-lit, urban fantasy et autres me rebutent autant. Lire du cucul, du moralisateur, du trop stéréotypé, pourquoi pas, après tout Le Petit Lord Fauntleroy, le Jardin Secret, et d’autres livres du même acabit, dont quelques romances (d’Emily Brontë principalement), font partie de mon patrimoine de lectrice depuis longtemps, et même si ce sont des classiques ce ne sont pas toujours à proprement dit des chefs-d’œuvre ! La grosse, l’énorme différence que je fais entre ces derniers (par exemple) et les tendances romanesques YA actuelles (par exemple aussi, puisqu’on en parle beaucoup), c’est le style, la manière dont c’est amené, même si le fond peut toujours paraître gnangnan (ou l’est carrément).
wuthering heights
      On accuse beaucoup les gens qui ne suivent pas la vague (je me sens visée parfois) de faire preuve d’intolérance. J’évite de sortir « Twilight, c’est de la merde » en face des gens, bien que je n’en pense pas moins. La forme exacte et polie est « je n’aime pas cette histoire, et le style très médiocre ne me permet pas de passer au-dessus de la romance omniprésente et des personnages sans saveur qui je le sais vont me soûler extrêmement rapidement ». Mon sentiment n’est pas tant que les gens qui lisent ça font preuve de manque de culture, ou d’estime de soi. Bien sûr je me sens très éloignée des gens qui ne lisent pas du tout les mêmes genres que moi, comme tout un chacun. « Chacun est libre de lire ce qu’il veut, d’aimer des genres différents ou un seul genre, de détester d’autres genres », ça tout le monde le dit, c’est assez vrai, et ça n’empêche pas les gens de ne pas copiner sans regrets quand ils ont des goûts littéraires opposés, et de prendre un peu de haut les gens qui lisent des trucs plus « faciles » que nous (on aime bien le mot « tolérance », mais je pense qu’il y a ici une certaine réalité sociale ou psychologique – on est toujours assez content de soi quand on lit un truc compliqué, vous ne pensez pas ? Comportement à corriger, certes ;)).
(Je suis partie sur les tendances romanesques dites « fantastiques » actuelles, plus que sur les autres tendances romantiques, tout simplement parce que ni Danielle Steel ni Nora Roberts ni les romans populaires ni leurs lectorats n’ont de ce que je sais déclenché de polémique, de revendication du genre, etc. aussi passionnés – et que j’en suis toujours à réfléchir sur le pourquoi du comment des réactions de part et d’autres des deux « camps »)

Objectivité, diversité

      Non, ce qui me hérisse c’est quand les lecteurs de bit-lit (ou autre, mais encore une fois c’est ce qui est au-devant de la scène littéraire en ce moment) me sortent des inepties qui dénotent de mon point de vue un manque total de regard objectif sur leurs propres lectures : « Stephenie Meyer elle écrit trop bien.«  [t’as pas dû lire grand chose dans ta vie, alors… et sauter toutes les lectures scolaires, qui bien que souvent ennuyeuses de mon point de vue, sont là pour te montrer quels styles il peut exister, les différences de niveau, etc ! Dis simplement que tu aimes son style fluide, ne tente pas de me faire croire que c’est le nouveau Proust -_-] « Dans X il y a de la magie, j’aime X donc j’aime aussi Y. » [sans commentaire, surtout quand les gens me le sortent tout à fait sérieusement – enfin celui-ci est plus drôle que triste] Comparaison (positive, égale) plus que fréquente entre Bram Stoker et les univers vampiriques actuels. [Mis à part les vampires en tant que personnages… je vois pas °_° Vous avez lu Stoker, bien sûr ?… Ah bon, en plus, vous l’avez vraiment lu ???] Je me hérisse autant quand des gens regardent de haut Harry Potter, le considérant comme de la « lecture débile pour les gamins » – ceux-là en général ne connaissent pas plus d’auteurs jeunesse que ceux cités plus haut n’ont lu de fantastique (des siècles passés).
      Dites que vous aimez, n’aimez pas, n’accrochez pas, ou aimez ou pas les univers. Mais arrêtez juste de comparer ce qui n’est pas comparable. Je ne me pique pas de lire du Sir T. Mallory en lisant du Tolkien. Crichton n’est pas C.S. Lewis. S. Meyer n’est pas A. Stoker. La littérature jeunesse n’est pas comparable avec les albums, ni les premières lectures. Morpurgo m’a l’air plus mature que beaucoup de romans édités en « Black Moon », d’après ce que je lis, ce qui n’empêche pas certains de se retrouver plus dans les héroïnes ados que dans les enfants héros des romans de Morpurgo, je le conçois. Les styles diffèrent autant que les thèmes larges ou univers, et peuvent d’autant plus différer lorsqu’ils sont écrits à des époques différentes. Je peux vous trouver 10 livres sur les vampires qui s’adressent à des publics différents, de manière différente. Malgré les subdivisions en genres et sous-genres chaque auteur a sa propre plume (sauf ceux qui n’écrivent ni avec originalité ni avec style, mais c’est assez rare). C’est là toute la diversité, toute l’âme de la littérature. La urban fantasy, c’est la urban fantasy, point barre (pareil pour les autres catégories). Je veux bien croire qu’il y a dedans des auteurs meilleurs que d’autres, des histoires mieux racontées, des séries plus vendues, mais n’allez pas me faire prendre ça pour les « dignes successeurs » (au sens de « compatriotes », « voisins », « collègues », voire « frères et sœurs ») de Shelley, Sheffield, Dunsany ou Le Fanu ! Ce sont deux générations différentes (voire trois…), des styles tout à fait différents, des ambiances différentes… c’est tout aussi ridicule que de comparer certains titres de S-F avec de la fantasy, ou certains auteurs très spéciaux entre eux. D’ailleurs les lectorats ne se croisent pas forcément du tout, au contraire de ce que certaines tendances « geeks, nous sommes tous geeks et aimons ce qui est fantastique«  aimeraient le faire croire :D.
Il est vrai que la publicité des éditeurs les conduit fréquemment à mélanger torchons et serviettes, à comparer par exemple Pullman et Tolkien (vu dernièrement). J’ai lu les deux, et mis à part qu’ils aient vécu tous deux à Oxford et utilisent des éléments merveilleux dans leurs livres, il n’y a juste aucun point commun entre les deux styles, ni leurs univers. Je pense que j’en trouverai d’autres tantôt, c’est vraiment très commun de nos jours (snif, dire que les éditeurs sont censés transmettre la culture… je ne sais pas à quel niveau il y a souci, mais c’est parfois cocasse !).

Les limites de la tolérance – les goûts, la subjectivité – d’où le besoin d’analyse ?

       imitationJ’ai lu un certain nombre de choses débiles mais distrayantes, quasiment à chaque fois sur le ton comique, même si j’éprouve le besoin de lire aussi d’autres choses plus intellectuelles en alternance. Dans la catégorie « lectures difficiles à mettre en avant » j’ai lu Lord of the Ringards (parodie du Seigneur des Anneaux), j’ai bien ri malgré les obscénités et stupidités récurrentes, je l’ai même relu. Cela n’en fait pas le bouquin de l’année, ni un livre que je vais recommander à n’importe qui. Quand des gens me disent : « j’ai pas pu lire le Seigneur des Anneaux, cet auteur est chiant, il fait trop de descriptions », je n’ai rien à répondre. L’argument est juste. Je ne recommande pas non plus Tolkien à tous. A la décharge de l’urban fantasy (et alii), on peut considérer Le Fanu (qui a aussi écrit sur les vampires) comme un vieux type moralisateur qui écrit de manière totalement archaïque et parfois pédante (et si ça ne s’applique pas tout à fait à lui, ça s’applique à Stoker et Dunsany).
      Par conséquent quand je dis « je ne veux pas essayer de lire Twilight parce que je n’aime pas les romances« , et que la lectrice fana en face de moi essaye malgré tout de m’embobiner et m’amener à perdre mon temps à lire ça en me parlant de questions politiques qui seraient aussi présentes dans le livre, etc, [alors que partout  j’entends que oui, la romance est le cœur de l’histoire, et que oui c’est totalement stéréotypé – y compris de copines qui me connaissent, qui ont une  culture littéraire diversifiée, et ont elles lu le livre en entier (et même le tome 2), et me répètent que franchement le style est très simple et l’univers pas plus développé que ça entre les scènes de mamours] —- j’ai vraiment l’impression d’être prise pour une abrutie… Et ce genre de discours a tendance à se répéter.
      Pourquoi ? Les lecteurs de Danielle Steel se cantonnent eux toujours à un : « j’adore les belles histoires d’amour » tout à fait légitime et non opposable. Qu’a donc apporté cette nouvelle vague littéraire « populaire » ? Qui sont vraiment les lecteurs imbus d’eux-mêmes (ou « aveuglés »), intolérants ? (Je sais que la dernière phrase peut paraître désagréable, mais je pense que la question vaut la peine d’être creusée dans les deux sens). Je veux bien tenter d’être conciliante, mais arrêtez aussi de placer ce p**** de piédestal sous vos propres lectures, ou de raconter du n’importe quoi n’importe comment juste pour convaincre tout le monde que si vous aimez quelque chose ça a forcément toutes les qualités possibles et que ceux qui n’aiment pas ne sont que des aveugles face à la si belle prose de vos auteurs préférés…

Vers un début de compréhension

    cn  L’autre jour, aux Imaginales, je suis passée à l’attaque. Ce genre de question/conflit me taraude, me titille, et j’ai abordé le stand du Chat Noir (éditeur spécialisé en bit-lit, urban fantasy et steampunk, je crois), auquel se trouvait entre autres un jeune homme* qui m’a agréablement surpris. J’ai délibérément choisi de montrer mon côté « élitiste » en approchant du stand, ne me suis pas cachée de mon dédain pour le genre en manipulant les livres, toujours à la recherche d’un auteur, un titre qui ne me rebuterait pas autant que les autres (malgré tout mon fiel, je reste quelqu’un d’obstinément curieux ! 🙂 ), et ai attendu impatiemment la réaction adverse (vicieuse ? oui, mais à des fins constructives :D).
*Mathieu Guibé, auteur de son état ! (je l’ai su par la suite)
      Quelques minutes plus tard j’étais engagée dans une conversation – une vraie ! Pas une bataille de « C‘est de la merde » – « Non c’est pas vrai c’est génial« . Moi, expliquant mes réticences sur le genre, tentant de mettre des mots sur ce qui ne me plaît pas, me dérange, n’arrive pas à aimer en aucun cas. Lui, écoutant, écoutant vraiment, concluant que Oui, la romance reste présente dans leurs collections à un sacré pourcentage, et oui, souvent centrale au livre. Et les super héroïnes, les gonzesses qu’ont tellement de qualités qu’elles en sont imbuvables ? Oui, assez vrai aussi, cependant pas entièrement. Quelques titres n’en font pas partie – Mais ceux-là non plus ne me plaisent pas, ne m’attirent pas, trop simplistes peut-être ? A moins que je me trompe, après tout je n’en ai quasiment pas lu, juste quelques pages ici et là, et les résumés, plein de résumés, qui toujours, avec les échantillons de texte, me rebutent… « Ah, mais oui, ça reste du divertissement. C’est un des points forts du genre : style simple, histoires simples aussi, ou mises à la portée de tous. Pareil pour les personnages, un minimum diversifiés mais parfois aussi assez semblables d’un livre sur l’autre. Pour divertir les lecteurs, avant tout, pas les faire réfléchir ou quoi que ce soit.*
>>> Illumination, quelque part. Le roman populaire est assez fameux pour son rôle de divertissement. Ce genre m’agace aussi prodigieusement. CQFD ? Je n’aime pas les livres intrinsèquement divertissants ? à confirmer.
 * Je reporte cette conversation d’après mes souvenirs, ce que j’en ai retenu qui a alimenté ma réflexion. Cela n’est en aucun cas imputable aux éditions du CN elles-mêmes, leur discours officiel ou commercial, etc.

Conclusion

         J’aimerais que plus de gens sachent faire la différence entre « aimer » et « apprécier à sa juste valeur »**.
      Je ne parle pas d’assumer ses lectures ou pas, ou de classer les lectures en « vaut le coup » et « ne vaut rien », ce qui reste imputable à chacun et rarement justifiable. Il s’agit plutôt d’être capable de parler d’un livre non pas en termes de ventes, de public visé ou de thèmes, mais en termes de contenu effectif : style simple, fluide, ou plus recherché, voire difficile ; histoire simpliste, moyenne ou très élaborée ; mise en œuvre de stylistique, d’originalité dans la conception du texte, des évènements, de l’intrigue ; reprise ou pas d’un thème, avec plus ou moins de brio, etc. Je pense très sincèrement qu’une grosse partie de ce genre de conflits ou de tensions résulte de l’ignorance ou de maladresses. J’espère avoir l’occasion de mener plus de conversations constructives comme celle présentée ci-dessus, même si je doute jamais adorer les sous-genres abordés ici, mais l’un n’empêche pas l’autre.
** Je me rends compte que tout ça peut être considéré comme un problème de fond qui dépasse largement le domaine des livres, même si je ne me lancerais pas plus loin. Education, personnalité, curiosité, entourage et conseil aussi… sans parler de la culture littéraire au sens le plus large. Beaucoup de facteurs qui me semblent pouvoir faire partie de l’équation.