Top Ten Tuesday : Les 10 meilleurs recueils de nouvelles

« Le Top Ten Tuesday (ou TTT, donc) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini. Ce rendez-vous a initialement été créé par The Broke and the Bookish et repris en français sur le blog Frogzine« .

Difficile de classer des livres, mais encore plus dur, je trouve, de classer des ouvrages qui regroupent plusieurs textes différents ! Ce top 10 ne sera donc pas vraiment qualitatif dans son défilement.

tree and leaf

Tree and Leaf, de J. R. R. Tolkien : Celui-là je me sens obligée de le mettre en premier parce que Le Professeur, et aussi que Leaf, by Niggle, et On Fairy-Stories sont deux textes immensément en lien avec l’écriture, mais aussi l’oeuvre spécifique de Tolkien, et les deux sont magnifiques et passionnants. Je ne l’ai pas encore chroniqué mais ça ne devrait plus trop tarder, j’ai une relecture prévue dans l’année pour le CRAAA.

 

 

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Silhouette

De Jean-Claude Mourlevat. 2013. Recueil de nouvelles. Joli coup de cœur.
silhouetteRésumé : « 10 NOUVELLES FORTES ET CRUELLES
Lorsqu’elle découvre que son acteur préféré vient tourner près de chez elle, Pauline, une mère de famille discrète, répond à une annonce pour être «silhouette» sur le tournage…
Puisque ses jours sont comptés, M. Duc n’a qu’une idée en tête : retrouver les personnes auxquelles il a fait du mal autrefois et leur demander pardon…
Dans le car qui l’emmène en colo, Guillaume, 14 ans, s’aperçoit qu’il a laissé son chat enfermé dans sa chambre. Il doit impérativement retourner le délivrer…
Que réservera le destin à ces héros ordinaires habités chacun de belles intentions ? Dix histoires très différentes, dont les chutes tombent toujours comme des couperets. Jean-Claude Mourlevat souligne avec humour noir et jubilation l’absurdité de la destinée humaine et la vanité de nos élans. »
Dix nouvelles à la fois contemporaines et quotidiennes, sur des gens communs, des gens comme nous, comme on en connaît tous, et leurs déboires suite à quelque chose qui, d’une certaine manière, change leur vie.

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Butcher Bird

De Richard Kadrey. 2012. Fantasy urbaine. Très bonne lecture.
Titre original : idem*, 2007.
butcherbirdRésumé : « Tout juste largué par sa copine, Spyder se rend dans le seul bar tibétain de San Francisco pour s’y saouler. Alors qu’il se demande quelle est la pire façon de mourir, il rencontre une aveugle fort désirable, Pie-grièche. En sortant du bar, le jeune tatoueur féru d’occultisme est agressé par un démon. Au moment où il va recevoir le coup de grâce, Pie-grièche intervient et décapite le monstre avec sa canne-épée. Le lendemain, perclus de douleurs, Spyder découvre une Californie hantée par des démons aztèques, tibétains, des créatures fabuleuses qu’il est le seul à voir. Une personne peut lui expliquer ce qui lui arrive : Pie-grièche. Mais on ne se mêle pas impunément des affaires de la belle tueuse de démons.
     Butcher Bird, mélange d’action débridée, de dialogues tarantiniens et de démonologie érudite, véritable concentré de fantasy urbaine, marque le grand retour en France de Richard Kadrey. »
Mon deuxième Richard Kadrey ! J’avais adoré Sandman Slim pour son style à la fois enjoué et familier, le rythme de l’histoire, et le cadre relativement original – de mon point de vue, je rappelle que je ne suis pas trop familière du genre fantasy urbaine adulte.
J’aime vraiment beaucoup l’environnement magico-démoniaque à mi-chemin entre faux sérieux et carrément comique, les références tant à la Divine Comédie / aux références de sorcellerie, de rituels et de mythologie qu’à des choses nettement moins académiques (dont quantité de films que je ne connais pas par cœur voire que je n’ai jamais vus). Beaucoup plus que dans Sandman Slim je me suis attachée aux personnages, et cette fois-ci je n’ai pas eu de mal à entrer dans l’histoire ; au contraire je considère le début du livre comme particulièrement bien amenée ! Le fond de l’histoire est assez intéressant, hésitant également entre tragique et comique, toutefois de manière un peu moins subtile et poignante que des auteurs comme Pratchett.
Quelque part j’ai trouvé que c’était écrit comme un conte, plus que comme un roman de fantasy, avec un (des) problème(s), des rencontres d’alliés/ennemis assez simples, des péripéties et un dénouement qui équivaut à la résolution des problèmes. Pourtant c’est très efficace : j’ai dévoré le livre, je ne me suis pas du tout ennuyée.
Un livre distrayant, mais qui pourrait également vous tenir en haleine de bout en bout si vous appréciez le style particulier !
* je viens de me faire avoir : en cherchant une image de la couverture, j’ai commis l’erreur de simplement taper « butcher bird », trouvant par là même une magnifique galerie de… pies grièches !

 

La Méthode du crocodile

De Maurizio de Giovanni. 2013. Roman policier. Très moyen.
Titre original : Il Metodo di coccodrillo, 2012.
methodeRésumé : « Le crocodile, le prédateur le plus froid et le plus redoutable, rôde dans les rues de Naples…

Tapi dans l’ombre, à l’affût, il observe, attend, se prépare. Rien n’est laissé au hasard, il repère les lieux, les habitudes, les horaires de ses victimes. Et quand il frappe, il ne manque jamais sa cible. D’autant que rien n’est plus facile que de passer inaperçu dans une ville comme Naples, ou chacun vaque à ses occupations, indifférent à ce qui se passe autour de lui.
Quand à quelques jours d’intervalle, plusieurs jeunes sont retrouvés assassinés d’une balle dans la nuque, la presse se saisit de l’affaire. Le meurtrier, qui sème des mouchoirs en papier imprégnés de larmes sur les scènes de crime, se voit aussitôt affublé du surnom de Crocodile. Comme le prédateur, il semble pleurer en tuant ses victimes…
L’enquête est confiée à l’inspecteur Lojacono, Sicilien déraciné, personnage effacé voire invisible. Dans une Naples fébrile et pluvieuse, deux hommes solitaires vont se livrer bataille. Le flic contre le tueur. Lequel s’imposera ? »
Le gros défaut que j’ai trouvé à ce livre, c’est que j’ai largement préféré le début à la fin.
Dans les premières pages on ne connaît pas encore les personnages, il y a une atmosphère vraiment étrange, on se demande comment ça va tourner… et finalement petit à petit on retombe dans une certaine réalité quotidienne et une résolution d’enquête tout ce qu’il y a de plus banal, ou pas loin. Encore une fois, je cherche le « Thriller » estampillé en gros sur la couverture ! Car des frissons, je n’en ai point eu, ou plutôt les quelques-uns que j’ai ressenti ont fait place à quelque chose de beaucoup plus banal : une certaine misanthropie.
En fait, je dirais que ce roman policier est beaucoup trop proche de ce qu’on voit tous les jours pour ma satisfaction. J’aime quand ça va chercher loin, quand les gens sont ravagés, que les secrets sont honteux et bien planqués – mais ce que j’ai trouvé dans ce polar est la copie conforme des séries policières des grandes chaînes, sans chercher les plus tordues.
De plus, mettre des adolescents en avant était un excellent moyen pour que je ressente moins d’empathie pour les victimes et leur entourage, et donc aussi moins d’intérêt pour l’intrigue. Je ne regrette pas mes années collège-lycée, et la façon dont ce bouquin met les jeunes gens en scène ne m’aide absolument pas à me les remémorer avec tendresse, tant il dépeint une jeunesse délinquante, stupide et égoïste.
Dans les points positifs, je mettrais le personnage du flic, qui bien qu’un peu cliché, est somme toute sympathique, avec ses soucis de famille, sa petite vie et ses amis ; et la fluidité de l’écriture.
En bref, même si je ne peux pas dire que ce roman est mauvais, il est beaucoup trop terre-à-terre pour moi, sans rien qui ne m’ait plu plus que ça. Même le meurtrier et sa méthode m’ont laissée en quelque sorte blasée.
Chroniques d’ailleurs :  La biblio de Gaby

Sandman Slim, T.1

De Richard Kadrey. 2013. Fantasy (« urbaine » ?). Très bonne lecture.
VO : même titre, 2009.
sandmanslimRésumé : « ‘La meilleure série B que j’ai lue ces vingt dernières années. Hautement satisfaisant, un chef-d’ œuvre d’humour et de mauvais esprit’. William Gibson
Victime de ce qu’il croyait être ses meilleurs amis, le magicien James Stark est expédié vivant aux enfers, où le général Azazel en fait un gladiateur puis un tueur à gages. Apprenant la mort de l’amour de sa vie, Alice, Stark arrache le cour d’Azazel et revient chez lui avec trois objets magiques : une clé, un couteau et une pièce qui ne ment jamais.
Si Stark est revenu chez les mortels, c’est évidemment pour se venger. Mais il lui faudra bien plus qu’un couteau, une clé et une pièce magique pour éliminer les membres du Cercle de magie et la véritable menace qui se cache derrière eux. »
J’ai été attirée par la 4e de couverture, qui promettait quelque chose de très original comparé à mes lectures habituelles, et un style particulier d’écriture. Les 100 premières pages ne m’ont ni vraiment accrochée, ni vraiment ennuyée – quand tout d’un coup je me suis retrouvée dans une partie d’INS. Autrement dit, c’est devenu en même temps très drôle et très prenant. INS, si vous ne connaissez pas, c’est l’abréviation pour In Nomine Satanis (/MV pour Magna Veritas, pour compléter le titre, mais cette partie-là est moins jouée) – un jeu de rôle (JDR) axé sur la guéguerre entre anges et démons, en gros. On voit plus de gens jouer des démons car c’est juste plus drôle, on est plus libre de ses actions, et ça a tendance à tourner au n’importe quoi. Oui, c’est un peu (carrément, la plupart du temps) un jeu défouloir.
Bé oui, j’ai quasiment pas lu de choses en fantasy « urbaine », je crois que ça c’en est, et je n’ai donc pas de comparaisons littéraires à faire.
Le décor dans une L.A. décadente (d’aujourd’hui, en fait, mais présentée de façon négative) et envahie par les monstres et les sorciers est assez sympa, et bien tenu par l’auteur. Par moments ça m’a pas mal fait penser à du Stephen King : les gens bizarres, le langage fleuri, l’atmosphère glauque (tout sauf le côté horrible/oppressant, en fait).
Le héros, qui a mentalement 19 ans au début, évolue heureusement au cours de l’histoire. Il m’a franchement énervée dans les premières pages, vengeance ou pas j’avais surtout envie de lui coller des baffes. Finalement il m’est devenu sympathique au cours de l’histoire, en partie parce qu’il est à la limite de l’anti-héros : un peu con, suffisant, cruel – mais pas de façon immodérée non plus (C’est marrant j’en discutais l’autre jour avec d’autres lecteurs sur Facebook, ce fameux sujet des héros pas si parfaits mais qui sont tout de même très intéressants) – en fait il est relativement « normal », avec un côté bad boy :D. Les autres personnages, assez peu nombreux, sont je trouve très bien dosés : des secondaires, des extra-secondaires, qui sont là où ça paraît logique qu’ils soient, avec des réactions cohérentes. Pour de la fantasy, j’ai trouvé ça somme toute assez réaliste dans l’ensemble, et ça fait très plaisir 🙂 L’intrigue, bien que simple, est bien menée sans que ce soit lourdingue ; de plus elle s’enchevêtre avec d’autres questions, d’autres mini-intrigues, ce qui fait qu’on reste plutôt facilement accroché au récit, surtout dans la deuxième moitié.
Le style, bien que très familier (et comportant un certain nombre de scènes sanguinolentes et violentes), est également fluide, et parsemé d’humour (bon / noir / de bas étage). J’ai adoré, mais je préfère prévenir ; je sais que ça ne plaira pas à tout le monde. Néanmoins l’auteur se débrouille bien, je trouve qu’il a du vocabulaire et un certain talent pour tourner ses phrases et enchaîner ses paragraphes, ce qui lui a valu un bon point de ma part :).
Un livre qui ne paye pas de mine au départ, mais qui n’en est pas moins bon : fluide, original, moderne. J’en sors hilare à cause de la situation finale (rassurez-vous, ce n’est pas un cliffhanger), et j’attends le deuxième tome.
Chroniques d’ailleurs : Blog-O-Livre