Les Mots

De Jean-Paul Sartre. Folio, 1964. Autobiographie. Excellente lecture + coup de cœur pour le style. [206 p.]
motsRésumé : « J’ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout ; défense était faite de les épousseter sauf une fois l’an, avant la rentrée d’octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées ; droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait.« 
Sartre met dans la bouche, dans la tête, de cet enfant qui n’est nul autre que lui-même, des pensées dont je ne sais pas toujours si elles sont de l’homme adulte ou du petit garçon, ou une analyse par l’homme de ce qu’il fut étant plus jeune – et qu’importe après tout ? La musique des mots, l’exubérance de l’être et de l’écrivain, ses rêves et idées les plus extravagantes mais aussi les plus profondes m’ont transportée sans aucun souci à travers ces pages – trop peu nombreuses.

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La Grande Épopée de Picsou, T.1 : La Jeunesse de Picsou 1/2

De (Keno) Don Rosa. 2012. Bande dessinée. Très bonne (re)lecture. [287 p.]
Titre original : The Life and Times of $crooge McDuck (douze histoires publiées entre 1991 et 1993)
Don-Rosa-la-jeunesse-de-picsou-1-glenatRésumé : « Digne héritier de Cari Barks, Don Rosa a conquis une nouvelle génération de lecteurs en explorant l’univers de Donaldville avec précision, humour et génie, décryptant la généalogie de l’oncle Picsou et dévoilant tous les secrets de son incroyable réussite.
Inédite en France, cette intégrale en 7 volumes s’ouvre sur le récit phare du grand maître, La Jeunesse de Picsou (en deux tomes).« 
Ce livre a atterri sur ma PàL en véritable Madeleine de Proust ! Cela fait des années que je n’ai plus mis le nez dans les Super Picsou Géant, les Mickey Parade ou les Picsou Magazine, au point de ne plus très bien savoir dans lesquels j’avais suivi cette saga qui m’avait beaucoup plu. La retrouver dans une grande édition, complète et reliée, est un vrai bonheur, et m’a également amenée à remarquer que je n’avais plus tout à fait la même vision de ces cases maintenant que je ne suis plus aussi jeune.
D’abord la finesse du trait de Don Rosa, son goût pour les détails d’arrière-plan et les nombreuses références m’ont beaucoup plus marquée que quand je découvrais tout juste les histoires de Picsou, Donald, et les autres. En parlant de références, même si beaucoup m’échappent encore, je suis certaine d’en avoir repéré beaucoup plus qu’à l’époque – dont certaines complètement fictives, comme par exemple le « Calisota », état dans lequel serait situé Donaldville (Duckburg apparemment) – j’ai bien vu que sa situation géographique était celle de la Californie, mais je ne vois pas le rapport avec le Minnesota… J’ai par contre reconnu Benjamin Franklin à la première apparition, ce qui n’était pas une évidence quand j’avais 10 ans. D’ailleurs, autant je me souvenais avoir lu certaines de ces histoires, autant d’autres n’étaient plus du tout fraîches dans ma mémoire, et étant donné le nombre de versions et de chassés-croisés dans les aventures de Picsou et ses neveux, j’avoue que je ne suis plus sûre de rien : je me souviens d’énormément d’éléments et d’aventures sans forcément me rappeler ce que j’ai lu en intégralité, ou ce qui a juste été évoqué dans mes lectures.
J’avais un peu peur de trouver des éléments très enfantins, ou qui me paraîtraient à présent ridicules plus que mignons ou drôles, mais en fait cela n’a pas du tout été le cas ! Au contraire les gags potaches alternent avec des moments plus sérieux, voire carrément dramatiques (explicitement ou implicitement), ce qui en fait une lecture plaisante et humoristique mais pas si superficielle. Alors oui, ça reste un univers « jeunesse », et ça n’a pas la portée philosophique d’autres livres, mais c’est à mon sens une plutôt bonne BD.
Le livre contient deux ou trois pages explicatives de la main de Don Rosa à la fin de chaque chapitre (portant sur ce dernier). On y apprend des détails sur ses sources, les difficultés rencontrées, les incohérences ou divergences présentes déjà chez Barks (le créateur de Picsou), quelques techniques de dessin, des références… Cela ne suffira sans doute pas aux spécialistes, mais pour moi qui suis bédéphile amateur c’était très bien, ça réhaussait la qualité du livre qui sans cela n’aurait été qu’une compilation de plus, et ça m’a donné envie d’en savoir plus. 🙂
Je me demande sur quoi va porter le tome 2 de la « jeunesse de Piscou », étant donné qu’on a ici un joli panel de son parcours entre son enfance et son accession au titre d’homme le plus riche du monde, installé dans son coffre en haut de sa colline. Peut-être sur des épisodes intermédiaires ? Je me rappelle entre autres une ou deux histoires à propos d’une certaine Goldie, qui n’a été que brièvement évoquée ici. 😉
Écrit avec un petit bouillon de volaille.
Chroniques d’ailleurs : Blog-O-Livre

Oscar a toujours raison

De Xavier Darcos*. 2013. Essai. Bonne lecture, très instructive. [231 p.]
*Académicien, ancien ministre de l’Éducation, engagé politique. Le choix de mon bouquin n’a rien à voir avec son auteur, illustre ou pas – j’ai même googlé son nom pour piqûre de rappel, étant là tout de suite plus concentrée sur les dates, faits et gestes d’Oscar. Je crois même que c’est le premier Immortel que je lis. :p
oscaratoujoursRésumé : « Oscar Wilde aimait les artistes, le monde du théâtre et des salons, les quartiers interlopes, les gentlemen qui mènent une double vie, les miroirs, les poètes, le nonsense et les objets baroques. Cet esprit si libre est une cure de jouvence en ces temps de morosité mondialisée et moralisatrice.
Wilde se méfiait des doctrinaires et des théoriciens. Il voyait la société comme une farce, ou chacun joue la comédie. Il en révèle les déguisements et les feintes, s’ en amuse au lieu de s’en offusquer. C’est de cette lucidité stimulante que je veux ici témoigner. Je prends Wilde comme il est, touche-à-tout, dispersé, indiscret. Je le laisse gloser sur tout, comme s’ il était là, parmi nous, toujours titillé et, plus encore, consterné par le spectacle du monde.« 
Sur ma lancée wildienne, j’ai lu ce livre directement après le Portrait de Dorian Gray, et j’en ai encore un autre en réserve (des contes) ! C’est la première critique que je lis sur Wilde, et également le premier livre de Darcos – j’ai donc conscience d’avoir bien peu de recul sur les deux, ou peut-être qu’au contraire j’en ai plus que certaines personnes qui pourraient avoir des a priori ? Bref, je n’ai pas les données nécessaires pour saisir en quoi cet ouvrage pourrait être pertinent ou pas (je suis toujours tentée d’utiliser « impertinent » comme antonyme :p), mais ça a été une lecture agréable, divertissante et aussi enrichissante.

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Le Vent se lève

De Hayao Miyazaki. 2014. Film d’animation. Grosse claque. [2h06]
Titre original : Kaze tachinu, 2013
leventseleveRésumé : « Dans les années 1920, le jeune Jiro Horikoshi, fasciné par le ciel et le vent, rêve de devenir pilote d’avion. Mais sa mauvaise vue l’en empêche. Il se fait alors embaucher dans une entreprise d’aéronautique : puisqu’il ne peut pas piloter, il dessinera le plus bel avion du monde…« 
Je sors tout juste de la séance – il était temps, je pense, car les horaires VO se réduisent de semaine en semaine, et je bosse (et je veux aller aux séances de 14h parce que c’est moins cher :p).
J’en suis encore positivement traumatisée. Je suis sortie du ciné avec cette étrange impression, que je vous souhaite avoir déjà expérimentée, que le monde réel n’est pas plus réel que celui dans lequel vous venez de vivre vos 10 dernières années 2 dernières heures – moins beau, moins fluide, un peu plus terne, moins éblouissant et étrangement familier.

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