Le Passager

De Jean-Christophe Grangé. Le Livre de poche, 2014. Thriller. Excellente lecture. [977 p.]

Première parution : Albin Michel, 2011.

lepassager

 

Résumé : « Je suis l’ombre.
Je suis la proie.
Je suis le tueur.
Je suis la cible.
Pour m’en sortir, une seule option : fuir l’autre.
Mais si l’autre est moi-même ?…« 

Je trouve que les éditeurs de Grangé jouent la facilité depuis quelques œuvres : privilégier les phrases courtes, choc, avec le moins de mots possible. :p Mais ce n’est que mon avis. Si au moins ça pouvait leur éviter de balancer des spoilers comme avec Miserere… que je m’étonne de ne pas trouver dans mes chroniques, j’ai vraiment lâché cet auteur ces dernières années, alors que je l’aimais beaucoup au début – je pense que c’est dû aux quelques déceptions que j’ai eu avec des titres comme la Ligne noire (gore mais pas franchement trépidant – je l’ai trouvé franchement longuet et le héros bêtasse comme c’est pas permis), ou la Forêt des Mânes (hyper bizarre). Pourtant je trouve qu’il rebondit correctement avec cet opus, qui m’a énormément plu !

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Refuges

De Anne-Lise Heurtier. Casterman, 2015. Roman / société ado. Excellente lecture. [233 p.]

refugesRésumé : « Mila, une jeune italienne, revient sur l’île paradisiaque de son enfance, espérant y dissiper le mal-être qui l’assaille depuis un drame familial. Très vite, d’autres voix se mêlent à la sienne. Huit voix venues de l’autre côté de la Méditerranée qui crient leur détresse, leur rage et la force de leurs espérances.« 

J’ai lu ce roman dans le cadre d’un partenariat.

J’ai lu ce roman en deux fois, on pourrait dire en deux lampées – deux longues, lentes, prenantes bouffées d’air méditerranéen.

Quand on parle de Méditerranée on pense souvent, encouragés par les agences de voyage très certainement aussi, à ses airs de mer pépère pour qui a l’habitude de paresser sur ses plages courant juillet.

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Dans le livre des rêves

De Mikkel Birkegaard. 2013. Science-fiction. Excellente lecture. [509 p.]
Titre original :  Fra drommenes Bog*, 2012
* Mes neurones conditionnés à la trad’ s’activent, trouvent : « fra » = « from » ; « drommenes » = « Traum-« / »dreams » ; « Bog » = « Buch »/ »book » ; autrement dit le titre « Ex Libris Somnia » aurait pu être simplement donné, car je trouve qu’on perd un chouïa la signification de l’expression en la passant ainsi en français : « dans le », au lieu de « from »/ »ex »/ »von », indiquant tous la provenance. « Du livre des rêves » aurait peut-être sonné de manière bizarre ? Ouais, je sais, on s’en fout un peu, le titre est loin d’être mauvais. C’était juste une pensée sauvage.
lelivredesrevesRésumé : « Copenhague, 1846. Arthur avait 10 ans quand son père est mort dans des circonstances inexpliquées. Il en a 17 quand son chemin croise celui de Mortimer Welles, restaurateur de livres anciens et détective amateur à ses heures perdues. Ensemble, ils tentent d’élucider une série de disparitions étranges… Dans le pays, l’heure est à l’obscurantisme et à la censure. Le roi lutte contre la divulgation des idées. Mais Arthur entend parler d’une mystérieuse bibliothèque ou seraient conservés tous les ouvrages interdits par le ministère du Livre. Y aurait-il un lien entre cette bibliothèque et la mort de son père, fonctionnaire de ce ministère ? Aurait-il découvert des informations compromettantes ? Pour le savoir, Arthur et Mortimer plongent dans un univers aussi déroutant que menaçant… Décidément il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark.

Un roman onirique, brillant et inventif à mi-chemin entre les univers de Jules Verne et d’Arthur Conan Doyle, une aventure littéraire fabuleuse. »

Difficile de classifier ce livre sans donner de fausses idées aux lecteurs ! 😉
Petit rappel : la science-fiction donne des explications scientifiques à des phénomènes « improbables » qui vont sous-tendre une intrigue, un univers. On est donc bien ici, en principe, dans de la S-F. Certains trouveront dans le cadre oppressif du Ministère du Livre une idée de dystopie – effectivement ça cadre avec la définition globale (qui fait partie de la grande famille de la S-F, ne l’oublions pas même en ces temps où la dystopie est en train de devenir un genre à part, quelque chose que j’aurais d’ailleurs vraiment envie de qualifier de néo-dystopie, car très loin en termes de codes et d’atmosphère de ce qui se faisait dans les années 1920/60 !). J’ai aussi, malgré tous les éléments de S-F, trouvé un petit air gothique à tout ceci : les vieux livres, le concept onirique, la vieille Copenhague du XIXe… Cependant ce n’est pas à strictement parler du fantastique, à cause justement des explications « rationnelles » citées ci-dessus.

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The Woman in White

De Wilkie Collins. 1860. Roman (~thriller psychologique). Excellente lecture.
Titre français : La Dame en blanc.
womaninwhiteRésumé : « Dans la fournaise de l’été, en ce milieu du XIXe siècle, William Hartright, jeune professeur de dessin émérite, s’apprête à quitter Londres pour enseigner l’aquarelle à deux jeunes filles de l’aristocratie, dans le Cumberland. Il laisse derrière lui la vie trépidante de la ville et ses étranges incidents, comme cette rencontre en pleine nuit avec une jeune femme terrorisée, toute de blanc vêtue, semblant fuir un invisible danger… Mais la campagne anglaise, malgré ses charmes bucoliques, n’apaise pas le jeune William autant qu’il le souhaiterait. La demeure de Limmeridge recèle en effet de bien lourds secrets, et lorsque resurgit la mystérieuse Dame en blanc, il est bien difficile d’affirmer qu’il ne s’agit pas d’un présage funeste… »
Une des forces de ce roman est son mélange des genres : il commence avec un air fantastique, dont les codes vont être repris de temps en temps par l’auteur à l’intérieur de l’intrigue, qui elle appartiendrait plutôt au genre « thriller » victorien (enquête, résolution d’un problème tordu), additionnée de romance mais aussi de développements sociaux et psychologiques. En fait d’un roman véritablement « fantastique », les aspects fantastiques ne sont là qu’en renfort du suspense qui se dégage du livre. Ce procédé sonne je trouve très juste, et est tout à fait en accord avec le cadre de l’histoire (bords de lac, vieux village…).

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Celui qui a peur du loup

De Karin Fossum (Norvège). 2005. Policier. Bonne lecture.
Titre original : Den Som Frykter Ulven (ne me demandez pas si c’est bien traduit !!)
celuiquiRésumé : « Au cœur de la forêt, une vieille femme est retrouvée morte devant sa maison par Kannick, un pensionnaire de l’orphelinat local. Celui-ci raconte aussitôt à la police qu’il a aperçu un individu dissimulé entre les arbres, ressemblant fort à Errki Johrma, un jeune marginal échappé du centre psychiatrique. Le lendemain de cette découverte macabre, la banque de la ville est cambriolée. Le braqueur prend un jeune homme en otage et s’enfuit dans les bois. Le commissaire Konrad Sejer se doute qu’il existe un lien entre les deux affaires. Tout semble accuser l’énigmatique Errki, que -seule sa psychiatre juge incapable d’un tel acte. Au cœur de la forêt norvégienne, l’étau se resserre.  »
Je n’ai pas trop l’habitude de lire de la littérature nordique ; ma seule autre expérience notable a été les Arto Paasilinna, qui est finnois et n’écrit pas que du policier (s’il en écrit, je n’ai lu que de la littérature « générale » de lui). Pourtant comparé aux auteurs anglais, américains ou français que je lis d’habitude, je ne peux m’empêcher de tirer des comparaisons, des différences notables, qui semblent regrouper les auteurs du Grand Nord de l’Europe : le calme de l’écriture, du ton ; l’environnement très local, très limité ; l’omniprésence de la forêt, espace de silence, de quiétude, de fuite. Et aussi un certain goût pour l’étrangeté de certaines situations et de certaines personnes, auquel après tout il est si facile de s’habituer, surtout quand c’est si bien amené.
Tout ceci n’est qu’une impression, et je m’excuse d’avance de mettre finnois et norvégiens dans le même paquet, peut-être que d’autres lectures me feront faire la différence entre les deux de manière tout aussi claire que je la fais à présent entre ce type de littérature, et celles qui me sont habituelles. 😉
Cette lecture a été plaisante, et aussi assez dérangeante, dans le bon sens. Je me suis sentie totalement dépaysée, tout en suivant l’enquête qui se déroule de façon assez conventionnelle : interrogatoires, recherche de preuves, discussion entre enquêteurs…
J’ai dans l’ensemble beaucoup aimé les personnages, dont certains sortent du lot, et qui sont plutôt bien amenés et semblent tous très humains, avec leur complexité. J’ai eu l’impression d’une histoire courte, en une traite, pourtant le livre fait presque 400 pages.
Et là est la seule raison, ou presque, pour laquelle je n’ai mis qu’un « bonne » lecture : le rythme était un peu trop lent à mon goût, axé plutôt sur la psychologie que sur l’enquête ou les rebondissements. Cependant je dois reconnaître que c’est dans cette lenteur, cette langueur, cette torpeur qui se dégage du livre que l’auteur donne du sens à ses personnages.
Un très bon bouquin, donc, quelque part ; même si à moi il ne m’a pas tout autant plu que d’autres.

Le Briseur d’âmes

Roman policier allemand, de Sebastian Fitzek. 2012. Thriller psychologique. Pas mal du tout.
briseurd_amesRésumé : « Un psychopathe sévit dans les environs de Berlin. Lorsque la police retrouve ses victimes, elles sont vivantes et ne présentent pas la moindre trace de maltraitance physique. Mais elles sont psychiquement anéanties, comme privées de conscience… D’où le surnom que la presse lui a donné : le Briseur d’âmes. Caspar, un amnésique interné dans une clinique spécialisée, n’aurait jamais imaginé croiser son chemin.
Et pourtant, en cette veille de Noël, alors qu’au-dehors une tempête de neige fait rage, lui, le personnel médical et quelques patients se retrouvent enfermés dans l’établissement, coupés du monde, en compagnie du Briseur d’âmes. Et cette fois, il tue ! »
J’aime beaucoup l’intrigue dans l’intrigue, les histoires qui s’encastrent les unes dans les autres. Le rythme est bon, les indices laissés au compte-gouttes, l’intrigue très probablement résolvable à mi-lecture, mais hélas je suis trop bon public pour arriver à prendre du recul, me sortir de atmosphère oppressante, et y réfléchir sérieusement. Je me laisse bêtement happer par l’histoire, qui est assez prenante, et je me contente de sourire sadiquement quand le héros se prend les revers de médaille :D. Mais bien sûr ! C’était donc ça… Juste un bon livre.
Chroniques d’ailleurs : La tête dans les livres