La Volonté du Dragon

De Lionel Davoust. Critic, 2010. Fantasy. Excellente lecture. [165 p.]

Illustrations : couverture Cyrielle Alaphilippe, intérieures Frédéric Navez

lavolontedudragonRésumé : « Une reine dont les yeux émeraude lisent l’avenir… Un enfant-roi, passablement fou, gardien d’un savoir oublié… Du déroulement de leur partie d’échecs pourrait bien se décider l’issue de la guerre… Entre les derniers royaumes libres et les forces d’invasion de l’Empire d’Asreth se dresse l’imprenable Qhmarr, petit pays à peine sorti de l’ère médiévale. Gouverné par un roi trop jeune et un conseiller trop confiant, il ne devrait représenter dans le plan de conquête de l’Empire qu’une note de bas de page. Et alors que le généralissime D’eolus Vasteth s’emploie à négocier les modalités d’une reddition diplomatique, déjà, aux portes de la capitale, se presse l’implacable armada… La conclusion du conflit ne fait aucun doute. D’une manière ou d’une autre, Qhmarr passera sous pavillon asrien. Pourtant, malgré la défaite annoncée, Vasteth découvre des dirigeants qhmarri inflexibles, prêts à confier le destin de leur nation à d’absurdes croyances ancestrales. À travers le défi lancé par l’enfant-roi, ce sont toutes les certitudes du généralissime qui vont se voir ébranlées, tandis que, sur la mer, les soldats meurent, simples pions sur un échiquier qui les dépasse…« 

Il y a des chroniques qui me hantent et me démangent en même temps, que je repousse tout en bavant à l’idée de les écrire, et celle-ci en fait partie. J’ai tellement de choses à raconter, à exprimer sur ces malheureuses 160 pages que je ne sais pas trop par quoi commencer.

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Le Sentiment du fer

De Jean-Philippe Jaworski. Mnémos, 2015. Nouvelles Fantasy. Excellente lecture. [206 p.]

Collection Hélios. Contient : le Sentiment du fer, l’Elfe et les égorgeurs, Profanation, Désolation, la Troisème Hypostase.

sentiment-fer-pocheRésumé : « « J’ai quand même un ragot à vous servir, et du lourd ! Figurez-vous que ce n’est point avec moi que les elfes ont commencé à grenouiller dans les affaires de l’État. Bien loin de là ! Il y a deux bons siècles, déjà au moment de l’Émancipation de Ciudalia, ils nous ont joué un tour à leur façon. Et les marles en tâtent tellement pour la barabille que l’un d’entre eux, sans même pointer son joli minois dans notre belle cité, nous a tous jetés dans une sacrée flanche ! Jugez-en par vous-même. »  En cinq nouvelles comme autant d’étapes dans l’histoire cruelle et tumultueuse du Vieux Royaume, le monde créé par Jean-Philippe Jaworski dans Janua Vera et Gagner la guerre — déjà des classiques de la fantasy.« 

 

Je n’ai pas encore catégorisé un seul JPJ (soyons fans, soyons fous) en-dessous de « très bonne lecture », et je pense à créer une catégorie « Jaworski » qui serait un peu un genre de joker m’exemptant d’aller chercher des adjectif dithyrambiques ou même d’écrire une chronique tout court, et vous évitant ainsi une accumulation de propos trop subjectifs et enthousiastes certainement pour être honnêtes. Non ? Bah, allons-y pour un énième étalage bienheureux de qualités pléthoriques. Lire la suite

Comment Blandin fut perdu

De Jean-Philippe Jaworski. Folio, 2016. Nouvelles. Excellente lecture. [132 p.]

Première édition chez les Moutons électriques, 2009, in Récits du Vieux Royaume.

A46839_Comment_Blandin_fut_perdu.inddRésumé : « Pour avoir dessiné encore et encore, avec un talent ensorcelant, le visage de madone d’une jeune moniale aux yeux verts, le novice Blandin est chassé du monastère de Havreval. Le jeune enlumineur entame alors sur les routes du Vieux Royaume son apprentissage auprès d’Albinello, talentueux peintre sur fresque itinérant. Blandin dépassera-t-il son obsession amoureuse? Et l’élève surpassera-t-il le maître? « 

Ce court recueil comporte deux nouvelles : Montefellóne (45 p.), et Comment Blandin fut perdu.

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Prédateurs

De Maxime Chattham. 2007. Thriller. Bonne lecture. [459 p.]
predateursRésumé : « Ils sont déjà parmi nous…Une guerre sans nom. De jeunes soldats sauvagement mutilés dans des mises en scène effroyables. Mais l’ennemi n’est pas le coupable. Pour le lieutenant Frewin, fasciné par le langage du sang, il ne peut s’agir que d’un psychopathe, un monstre de ruse et sadisme, un prédateur cruel et archaïque qui va les décimer un par un… Renouant avec la veine de sa Trilogie du Mal, Maxime Chattam nous propulse dans un vortex de terreur, imposant une fois encore son univers mystérieux et sanglant.« 
Après avoir lu plus d’une dizaine de ses bouquins, et n’arrivant jamais à tomber totalement d’accord avec les nombreux lecteurs et bloggeurs qui l’encensent, j’ai fini par mettre le doigt sur ce qui ne va pas : il me manque quelque chose chez Maxime Chattham.

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Le Syndrome Copernic

De Henri Lœvenbruck. 2007. Thriller. Bonne lecture. [442 p.]
A lire de préférence après le Testament des Siècles – ce livre en reprend des éléments, et risque donc de vous gâcher légèrement la lecture du Testament si vous le lisez après. Les deux romans sont néanmoins compréhensibles chacun de leur côté, et forment deux histoires séparées.
syndromecopernicRésumé : « Ils lui avaient dit qu’il souffrait d’une schizophrénie paranoïde aiguë.
Mais Vigo Ravel le sait : les voix qu’il entend dans sa tête ne sont pas des hallucinations.
Ce sont les pensées des gens.
Les vôtres.« 
Je n’ai pas eu le même ressenti après cette lecture qu’après celle du Testament des siècles. J’ai trouvé celui-ci moins équilibré dans son ensemble – un début très bon, qui m’a happée dans la tête de cet homme qui finit par douter de tout – le genre de situation que j’adore !! 😀 Toutes les réflexions et commentaires sur la schizophrénie m’ont intéressée, voire passionnée, et pour une fois j’ai trouvé qu’on ne tombait pas dans les clichés, on est vraiment dans le ressenti de la personne, et ça s’accordait très bien avec le début de l’intrigue.
Bien sûr, longue expérience de thrillers oblige, j’ai assez vite pris des paris sur la suite de l’histoire. Et c’est là que le bât a blessé : la tournure des évènements est à peu de choses près la même que dans un roman de Jean-Christophe Grangé*. Je ne vous dirais pas lequel, si vous avez lu les deux livres il y a de fortes chances que vous ayiez vous aussi fait le lien, mais en même temps je ne voudrais pas vous priver de la lecture de l’un ou de l’autre car les deux ont d’autres points intéressants que simplement l’intrigue. En tous cas inutile de vous dire qu’une fois mes hypothèses confirmées le livre a commencé à moins m’intéresser – de plus, et je reprends là mon argumentaire du premier paragraphe, la deuxième moitié du livre est à mon avis beaucoup moins bonne que la première. L’auteur commence par reprendre des éléments d’un de ses livres précédents, et s’assure par là même une espèce de deus ex machinaen tous cas c’est l’impression malheureuse que j’en ai eu ! Ensuite l’écheveau complexe qu’il semblait avoir tissé laborieusement, patiemment autour du personnage principal est plus ou moins dénoué en deux coups de cuillère à pot, et on enchaîne avec des scènes d’action, on fonce dans le tas, et bien sûr le méchant c’était bien le personnage ultra-secondaire que j’avais repéré dès sa première apparition dans le texte. Voilà, voilà. 😦
* et peut-être aussi que d’autres romans que j’ai pas lus, pour ce que j’en sais.
Dire que je ressors déçue de ma lecture est cependant inexact. D’abord la plume de Loevenbruck est toujours aussi fluide, assez cynique, et dans l’ensemble distrayante sans frôler le niveau des pâquerettes, si vous me suivez ! Au contraire c’est plutôt bien écrit, il a pas mal de vocabulaire, je dirais même qu’il en use énormément pour un auteur de polars – le genre ne se définit globalement que peu par sa poésie ou son niveau de langage ! 😉 Je ne sais pas trop pourquoi mais j’ai été frappé dans un certain paragraphe par l’utilisation du passé simple à la première personne du pluriel : « nous nous mîmes en route… » et autres terminaisons en -âmes, -îmes. Donc voilà, je trouve ça agréable et esthétique. 🙂
J’apprécie toujours autant l’humanité de ses personnages, le côté très terre-à-terre, quotidien, fragile. Ils sont facilement dépassés par les évènements qui leur tombent dessus, et j’arrive assez facilement à m’identifier à eux, ou en tous cas à éprouver de l’empathie, justement parce que ce ne sont pas des super-héros ou des personnages virils, stoïques et prêts à tout !
Ensuite, comme je l’ai dit plus haut, c’est mon énième roman policier de type thriller, et franchement je crois que je commence à me blaser, ou à en tous cas avoir fait le tour d’un certain nombre de possibilités de scénario, de type de personnages et de résolution d’énigme. J’aurais lu ce livre 10 ans plus tôt j’en serais peut-être restée plus ébahie, alors que maintenant dès les premières pages j’ai mes rouages qui se mettent en marche dans mon cerveau et j’échafaude un certain nombre d’hypothèses éclairées tout en cherchant les « indices » dans le texte.
Un bon thriller dans la veine contemporaine française. Je recommande aux amateurs de Grangé, Chattham, Thilliez, et tous les autres.

 

Le Vent se lève

De Hayao Miyazaki. 2014. Film d’animation. Grosse claque. [2h06]
Titre original : Kaze tachinu, 2013
leventseleveRésumé : « Dans les années 1920, le jeune Jiro Horikoshi, fasciné par le ciel et le vent, rêve de devenir pilote d’avion. Mais sa mauvaise vue l’en empêche. Il se fait alors embaucher dans une entreprise d’aéronautique : puisqu’il ne peut pas piloter, il dessinera le plus bel avion du monde…« 
Je sors tout juste de la séance – il était temps, je pense, car les horaires VO se réduisent de semaine en semaine, et je bosse (et je veux aller aux séances de 14h parce que c’est moins cher :p).
J’en suis encore positivement traumatisée. Je suis sortie du ciné avec cette étrange impression, que je vous souhaite avoir déjà expérimentée, que le monde réel n’est pas plus réel que celui dans lequel vous venez de vivre vos 10 dernières années 2 dernières heures – moins beau, moins fluide, un peu plus terne, moins éblouissant et étrangement familier.

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World War Z

De Max Brooks. 2009. Science-fiction « historique »/ uchronique. Impression mitigée.
Titre original : le même, paru en 2006. En fait, « World War I » est la dénomination anglaise (américaine aussi) pour la Première Guerre Mondiale (pareil pour WWII). Le titre équivaut donc à « Zombie Guerre Mondiale », ou « Guerre Mondiale contre les Zombies »
worldwarzRésumé : « La guerre des Zombies a eu lieu, et elle a failli éradiquer l’ensemble de l’humanité. L’auteur, en mission pour l’ONU – ou ce qu’il en reste – et poussé par l’urgence de préserver les témoignages directs des survivants de ces années apocalyptiques, a voyagé dans le monde entier pour les rencontrer, des cités en ruine qui jadis abritaient des millions d’âmes jusqu’aux coins les plus inhospitaliers de la planète. Il a recueilli les paroles d’hommes, de femmes, parfois d’enfants, ayant dû faire face à l’horreur ultime. Jamais auparavant nous n’avions eu accès à un document de première main aussi saisissant sur la réalité de l’existence – de la survivance – humaine au cours de ces années maudites. Depuis le désormais tristement célèbre village de Nouveau-Dachang, en Chine, là où l’épidémie a débuté avec un patient zéro de douze ans, jusqu’aux forêts du Nord dans lesquelles – à quel prix ! – nombre d’entre nous ont trouvé refuge, en passant par les Etats-Unis d’Afrique du Sud où a été élaboré l’odieux plan Redecker qui finirait pourtant par sauver l’humanité, cette chronique des années de guerre reflète sans faux-semblants la réalité de l’épidémie. Prendre connaissance de ces comptes-rendus parfois à la limite du supportable demandera un certain courage au lecteur. Mais l’effort en vaut la peine, car rien ne dit que la Zème Guerre mondiale sera la dernière. »
Par quoi commencer ?
J’ai vu le film avec Brad Pitt il y a quelques semaines, encore un « blockbuster » (je vais faire comme tout le monde et l’employer sans être sûre du sens :p) – enfin un film avec de l’action, des zombies vraiment flippants parce que super rapides, un scénario à la « heureusement je suis là pour sauver le monde », et finalement 2h de divertissement agréable, à défaut de grand cinéma.
N’écoutez pas les gens qui vous disent que le livre est mieux.
Pas parce qu’ils ont tort, non, quelque part c’est très subjectif. Mais parce que comparer le livre et le film c’est à peu près comme comparer Harry Potter et le Seigneur des Anneaux : étranglez les gens qui le font, pendez-les, ou donnez-leur des coups sur le crâne en espérant que ça rentre un jour : on ne compare pas ce qui n’est pas comparable.
Le seul et unique vrai point commun entre les deux histoires c’est le fait que des personnes se transforment en zombies au niveau international, et déciment un gros tas de la population mondiale. Ensuite on peut en trouver un petit, car le « narrateur » du livre appartient à l’ONU. Mais son rôle n’est pas du tout, mais alors du tout du tout, celui du personnage principal du film.
Bref. Côté bons points on a un style très fluide et plutôt bon, des notes de bas de page pour expliquer les choses attenantes au côté dystopique / uchronique, un style d’écriture qui change avec les différents intervenants, ce qui donne un côté réaliste, et des témoins plutôt variés et hauts en couleurs.
Le reste peut être considéré comme bon ou mauvais, selon ce que vous aimez lire. Personnellement, j’ai trouvé ça longuet (à cause souvent des éléments sous-mentionnés), surtout dans les 100 dernières pages.
On sait dès le début comment ça s’est fini, ou plutôt que ce n’est pas encore tout à fait fini. Pas de grosse surprise dans le scénario global, pas de vrai retournement de situation, comme on peut s’y attendre ; en fait ceci n’est pas un roman mais bien une succession de « témoignages », repris de façons « réaliste » par le journaliste qui nous présente l’introduction, et qui se tient toujours là en filigrane, pour diriger les entretiens. On se retrouve donc à lire un genre de dossier, tout à fait dans la veine du journalisme littéraire, literary journalism, autrement dit des documents à valeur médiatique et informative, mis plus ou moins en forme pour former un tout et faire en sorte que le lecteur se retrouve immergé dans l' »ambiance ».
De ce que j’ai appris à la fac, il semblerait que le LJ marche très bien en particulier aux Etats-Unis, et en fait ça m’a très nettement rappelé certains textes qu’on avait étudiés à ce propos. Par contre le souci que j’ai eu c’est que mon cerveau était super conscient que tout ceci était de la fiction, parce que les zombies ça n’existe pas. Du coup j’ai été beaucoup moins touchée par ces témoignages que par ceux de la guerre du Viet-Nam, ou des survivants d’Hiroshima, qui eux sont bien réels. J’aurais aimé avoir plus d’éléments tenant de la science-fiction, de l’aventure, mais en fait, non.
Je pense que le côté réaliste de ces textes, et aussi les nombreuses références justement à ce qui a vraiment existé comme horreurs et guerres sont censées permettre au lecteur de s’immerger dans l’ouvrage tout comme s’il lisait effectivement des témoignages de guerre, je veux dire d’une vraie guerre. Moi je voulais lire un livre de S-F, je m’attendais à un truc genre Stephen King, mais ce n’est pas du tout ça. Je n’aime pas trop lire des livres d’histoire dans l’ensemble, pas si ce n’est pas romancé. De plus vu le nombre de personnages je n’ai eu le temps de m’attacher à aucun d’entre eux, d’autant plus qu’une fois de plus ils ne sont pas réels.
Quelques bémols et notes : j’aurais aimé quelques notes de plus de la part du traducteur ou éditeur, concernant les éléments qui ne font pas partie de la fiction mais du monde et de l’Histoire réelle. Mes cours sur l’histoire des Etats-Unis m’ont servi plusieurs fois, et encore il y a des détails que je n’ai pas compris / dont je ne me rappelais plus et que donc j’ai zappés. Ensuite j’ai fini par comprendre que « Zack » désignait la masse zombie, mais franchement le premier coup que j’ai lu ça je n’étais pas sûre.
Je pense que ce livre est censé se lire comme un livre d’histoire, et pas un livre de science-fiction. Il est très ancré dans les problèmes humains : sociaux, politiques, économiques, questions existentielles et psychologiques… En fait les zombies ne semblent qu’un prétexte pour remettre une fois de plus l’humanité en scène, dans un décor de S-F qui dessert un discours autour de la guerre, de toutes les guerres.
Chroniques d’ailleurs : L’Aléthiomètre

Le Prince et autres textes

De Nicolas Machiavel (Niccolò Machiavelli). Folio, 1980. Essai politico-historique. Très bonne lecture.
Titre original : De principatibus (des principautés), 1532* ; traduit par Il Principe, « le Prince », lors de la première traduction italienne.
* achevé circa 1513
princeRésumé : Ce livre est dédié à Laurent de Médicis (sur la couverture), dont l’auteur a été le conseiller. Machiavel se pose en homme de son temps, non seulement passionné mais impliqué dans la politique de son époque, ses grands, son peuple, sa nation. Ce livre n’est donc pas tant philosophique que politique et social : comment fonctionne le pouvoir qu’un grand, un « prince » pour reprendre le terme qu’il affectionne (et qui correspond peut-être bien à une réalité du XVIe), a sur son peuple, et comment le peuple le lui rend, ou pas, et pourquoi ? Quelles relations entretenir avec les autres princes, plus ou moins puissants ? Quelles qualités doit avoir un prince ? Est-ce que la morale doit vraiment être laissée de côté ?
Contrairement à ce qu’on peut penser, Machiavel n’a rien de machiavélique. Cependant il a eu de nombreux détracteurs qui lui reprochaient sa froideur apparente, sa logique parfois implacable, et son ouvrage qui somme toute explique clairement des choses que certaines personnes auraient préféré ne pas voir publiques, au moins en son temps et aussi un peu après. Lire un tel ouvrage en 2013 en ayant eu un minimum d’éducation scolaire n’a cependant rien de choquant.
J’ai apprécié avoir une préface pour définir le cadre historique et politique, savoir un peu qui était l’auteur, etc., même si l’auteur de la préface paraissait aller un peu trop loin dans l’analyse du livre et des ambitions et points de vue « réels » de Machiavel. Toutefois d’après ce que je lis un peu partout la polémique n’est pas finie, mon impression sur le livre pourrait donc bien être justifiée tout autant que la sienne. En tous cas je suis assez contente d’avoir enfin lu ce livre, que j’ai dans ma PàL mentale depuis 2004, lorsque notre prof de philosophie nous en a fait lire un extrait et que je suis tombée sous le charme de son style [insérer une blague italienne ici] !
Le côté pas si bon que ça c’est que la politique c’est pas mon rayon, et je me suis pas mal ennuyée à cause de ces histoires de princes et de guerres et de dates et de batailles et de noms de familles, de dynasties… Je suis déjà perdue juste en France au XVI, alors une telle initiation à l’histoire de l’Italie, où c’était tout autant le bazar à ce moment, ça m’a un peu ralentie dans ma lecture – jusqu’au moment où j’ai décidé de zapper les exemples qu’il donnait quand vraiment je ne voyais pas de quoi il parlait – car son essai est suffisamment bien structuré pour ce faire : chapitres, titres explicatifs, thèses accompagnées d’exemples, antithèses par moments, etc.
Son style est très clair et très fluide, on sent qu’il s’adresse à un auditoire auquel il tente d’expliquer quelque chose ; il ne donne pas l’impression de quelqu’un qui aime s’entendre parler. De plus, son ton est très posé, assez pédagogique, ce qui rend la lecture très agréable. Je le comparerais assez à Aristote ou Épicure, auquel il me fait penser par bien des côtés (le plus notable étant que Machiavel n’a jamais conseillé de faire brûler les gens tous vifs pour le plaisir et d’être un tyran parce que ça en jette ; pas plus qu’Épicure n’a conseillé de s’adonner aux pires vices et abus parce que c’est cool et qu’il faut profiter de la vie). Sa présentation très modérée et pragmatique des choses, très « Il faut tenir le peuple par la crainte car c’est sécurisant et efficace… mais bon c’est aussi bien de se faire aimer un minimum » m’a fait sourire à plusieurs reprises. Il arrive même à incorporer volontairement une pointe d’humour dans certains passages, quelque chose d’assez subtil. Il m’a donné l’impression de quelqu’un de cultivé et de posé, et aussi d’assez diplomate. S’il était encore en vie j’aurais certainement été voir s’il avait un compte sur un réseau social cherché à le rencontrer par curiosité.
Le reste du livre est composé d’une étude sur des écrits de Tite-Live, que j’ai passé sans le lire car définitivement basé sur la stratégie, la politique – comme le Prince, mais en moins connu et axé sur la politique romaine antique et non pas de la Renaissance. Vient ensuite un recueil de lettres dites « familières », que j’ai lues en grande partie ; certaines sont une fois de plus adressées à des magistrats et traitent de « choses publiques »** (ce « jeu de mot » était présent plusieurs fois dans le livre), mais souvent il écrit aussi à propos de choses futiles, de sa famille, d’un bon moment qu’il a passé, des amours mouvementées d’un magistrat avec lequel il correspond… Bref des petits textes assez plaisants à lire et qui me confortent dans l’idée que décidément cet homme ne méritait pas la réputation d’insensibilité qu’on lui a fait !
Je conseille cet auteur à ceux que l’histoire et la politique intéressent, et cet ouvrage aussi à ceux qui ont envie de lire le livre comme moi, par curiosité, car il est assez court (100 pages) et se lit somme toute très bien.
Texte intégral en ligne : http://classiques.uqac.ca//classiques/machiavel_nicolas/le_prince/le_prince.html (d’autres liens existent si jamais celui-ci ne vous convient pas, ou meurt prématurément 🙂 Mais d’après ce que j’ai vu la traduction est plutôt sympa et la mise en page très agréable)
** en latin « choses publiques » se dit res publica – d’où république.

Tunnels

De Roderick Gordon et Brian Williams. 2007-2013. S-F / aventure jeunesse. Excellente lecture, un de mes coups de cœur de ces dernières années !
Série constituée de 6 tomes :
T.1 : Tunnels [Tunnels // The Highfield Mole: The Circle in the Spiral – titre 2005 quand il a été auto-publié]
T.2 : Profondeurs [Deeper]
T.3 : Chute libre [Free Fall]
T.4 : Plus proche [Closer]
T.5 : Spirale [Spiral]
T.6 : Armageddon [Terminal]
Attention : Les tomes se suivent directement – l’action s’arrête parfois même sur des cliffhangers* ; c’est une histoire complète sectionnée, pas du tout un ensemble de tomes lisibles séparément !
tunnels-1Résumé : « Will Burrows, un jeune garçon de quatorze ans, vit à Londres avec sa famille. Mais lui et les siens ont peu de choses en commun. Il partage cependant une passion avec son père : ensemble, ils adorent creuser des tunnels. Lorsque Mr Burrows disparaît brutalement au fond d’une galerie inconnue, Will décide de mener l’enquête avec l’aide de son ami Chester. C’est ainsi que nos deux héros se retrouvent bientôt dans les lointaines profondeurs de la terre. Là les attend un terrible et sombre secret qui pourrait bien leur coûter la vie.« 
J’ai collé mon homme sur cette série, et du coup j’ai été prise d’une irrépressible envie de la relire (1ère relecture), parce que ça m’avait tellement plu ! Du coup là c’est foutu, je commence cette critique alors que je suis en plein dedans, toute excitée, en manque du tome 4 qu’on n’a pas encore (ré)emprunté ! ça me plait toujours autant, aujourd’hui j’ai lu tout le tome 3. *** MODE FAN ***
Je ne me rappelais plus que l’histoire commençais si lentement, cependant. Il ne se passe que très peu de choses dans les 150 premières pages. Mais franchement, si le style et les personnages ne vous rebutent pas, accrochez-vous jusqu’à ce moment au moins. 🙂 Après, si le tome 1 vous déplaît, n’insistez peut-être pas.
Ce qu’on aime :
      Les personnages ados MAIS pas neuneus, pas gagas, et pas totalement cons ni immatures – heureusement, parce que Will et Chester sont les deux personnages principaux dans toute la série et que ça deviendrait lourd, sinon. La foultitude d’adultes qui les entourent et contribuent aussi à l’atmosphère particulière, les aident à l’occasion, etc. Les personnages en général sont multiples en nombre et en type psychologique, et ont quasiment tous de la substance. On a même parfois quelques grosses (bonnes) surprises, un personnage qui paraissait secondaire qui se retrouve au cœur de l’action, tandis que d’autres s’effacent pour des raisons logiques. On apprécie aussi d’avoir des vrais méchants, eux non plus pas idiots, bien retors, et paranoïaques. Après tout c’est bien le minimum requis pour se montrer mégalo, ça permet d’avoir un vrai fil conducteur, et encore une fois d’instaurer une ambiance un brin tendue, au lieu d’avoir un bête livre d’aventures un peu creux.
     Le fait que les personnages en prennent plein les dents : après tout, en étant tour à tour et régulièrement en même temps pourchassés et dans un environnement hostile, le contraire n’aurait pas été crédible. En parlant de crédibilité, les évènements / personnages / péripéties sont de manière générale plutôt bien justifiés, construits, et approfondis. Une des choses que j’ai le plus appréciées c’est les limites de la littérature jeunesse, que je trouve que ces auteurs repoussent : oui, ce sont des ados, oui le style est plutôt jeunesse qu’adulte, mais franchement c’est parfois hard – beaucoup plus que la moitié des ouvrages jeunesse ou même YA, appellation d’origine contrôlée ou pas ! Des morts, des blessés, des scènes horribles, des thèmes comme la maladie, le cannibalisme, la vieillesse, la folie, sont traités sans plaisir évident ni tartinage à qui-mieux-mieux, mais sans vraiment de gants non plus. On se trouve dans un univers sombre, au milieu du danger, et les Styx ne sont pas des Bisounours, donc pas de raison de censurer des choses qui sont en fait en adéquation avec ce qu’on sait. Je ne dis pas que j’aime lire ce genre de choses (qui empirent je trouve un peu à partir du tome 4), mais vu l’univers décrit ici je trouve que ça aide tout simplement à se mettre dans l’ambiance, à donner un fond réaliste.
      Le style en lui-même est excellent, très fluide, plutôt trépidant, mais avec suffisamment de pauses également, que ce soit dans la narration, l’enchaînement des péripéties (très nombreuses), ou le choix des scènes/personnages (on alterne entre différents groupes dans chaque livre, comme les personnages se séparent et se retrouvent).
      L’humour : pas possible d’en intercaler dans chaque page, bien sûr, car la série ne se veut visiblement pas comique, mais pourtant il y en a, que ce soit dans les dialogues, dans les situations ou certains personnages, et c’est très appréciable.
      Personnellement j’apprécie aussi qu’on ait gardé les noms anglais.
Ce qu’on (peut) regrette(r)
      Le début de l’histoire, un peu longuette à se mettre en place. Will découvre la Colonie vers la page 170 du tome 1.
      Les descriptions des paysages souterrains qui sont parfois mal fichues, qu’on a du mal à se représenter. Heureusement ça ne dure jamais trop de lignes, mais c’est tout de même dommage parce qu’il y a des moments où c’est juste pas possible d’imaginer ce qu’ils veulent dire (ou alors c’est la traduction ?…).
     Certains personnages semblent increvables, même si c’est souvent justifié je comprendrais que certains lecteurs puissent s’en plaindre. Pareil avec les personnages qui sont censés être morts ou disparus et qui reviennent dans l’action. Je trouve qu’ils n’en abusent pas trop, mais sur l’ensemble de la série c’est tout de même quelque chose qui se répète.
      On peut aussi, hélas, regretter le tournant final de l’histoire. Cependant j’avais aussi été déçue (et agacée) par certains aspects de Harry Potter sur la fin, et pourtant les deux restent de très bonnes séries jeunesse que je ne peux pas décemment déconseiller juste parce que je trouve que les auteurs ont quelque peu dérapé dans la dernière ligne droite *soupir*.
* cliffhanger : action stoppée en plein milieu, souvent dans un contexte de suspense, par exemple quelqu’un tire sur quelqu’un d’autre et… rendez-vous à l’épisode suivant pour savoir si la personne en face est morte, blessée, ou a esquivé au dernier moment 😉 (Etymologie: se tenir suspendu à une falaise)

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Résumés des autres tomes
(Je ne conseille pas trop de mettre le nez dedans d’un coup car il se passe beaucoup de choses dans chaque tome, dont des retournements de situation, apparition/disparition de personnages, etc. donc vous risquez de vous spoiler – lisez plutôt au fur et à mesure : le résumé du tome 2 quand vous avez fini le 1, et ainsi de suite ;))
Tunnels2T.2 : « L’aventure Tunnels est loin d’être terminée pour le jeune archéologue Will Burrows. Alors qu’il est toujours à la recherche de son père, Will s’enfonce de plus en plus dans les profondeurs souterraines. Et comme si les choses n’étaient pas assez compliquées, il fait la découverte d’un complot des Styx qui pourrait avoir de terribles conséquences pour le monde d’en haut. Sa sœur n’en a décidément pas encore fini avec lui…« 
tunnels3T.3 : « Will, le jeune archéologue, cherche toujours à retrouver son père dans les profondeurs de la terre quand lui et ses amis dégringolent au fond d’un gouffre. Un monde terrifiant s’ ouvre alors à eux. Des araignées géantes et carnivores, de dangereux Lumineux… Et, pire encore, des jumelles démoniaques qui veulent leur régler leur compte, une fois pour toutes.« 
tunnel4T.4 : « Au centre de la Terre, Will pense être à l’abri du danger. Ce nouveau monde où règne étrangement la lumière s’ouvre à lui comme une promesse. Mais il ne semble pas être le premier à fouler le sol de cette florissante jungle souterraine… Pendant ce temps, les Styx poursuivent leur traque pour prendre leur revanche. Alors que ses compagnons sont disséminés entre les entrailles de la Terre et le monde d’en haut, Will pourra-t-il empêcher ses ennemis de lancer leur plan de destruction massive contre la race humaine ? Il lui faudra faire vite pour retrouver la Surface et tenter de contrer leurs desseins diaboliques…« 
tunnels5T.5 : « Sortis des profondeurs de la Terre, Will Burrows et ses amis pensaient être enfin libres de rentrer chez eux. Mais leur répit est de courte durée. Les Styx s’apprêtent à déployer une terrifiante armée de soldats hybrides pour conquérir le reste du monde. Abandonnés par le gouvernement, les jeunes explorateurs trouvent le soutien d’un étrange réseau de résistants. Cet appui imprévu leur sera utile, car les femmes styx, encore plus dangereuses que leurs compagnons, sont sur le point de se réveiller… Will va devoir se battre jusqu’au bout pour protéger la Surface et sauver ceux qu’il aime.« 
tunnels6T.6 : « Les Styx, accompagnés de leur terrible progéniture, les Armagi, parcourent l’Angleterre, semant mort et destruction dans leur sillage. Rien ne semble pouvoir arrêter ces guerriers invincibles et seul un miracle pourrait sauver la Terre. Or, très loin dans les profondeurs, alors qu’ils errent dans la jungle oppressante de la Nouvelle-Germanie, Will et Elliott découvrent d’antiques secrets qui sont peut-être à la source de toute vie, qu’elle soit humaine ou styx. Pourraient-ils être la clé pour empêcher l’extinction de la race humaine ?«