De François Baranger. Bragelonne, 2017. Thriller. Très bonne lecture. [570 p.]
Résumé : « Paris, 1907. Un mystérieux « tueur à répétition » fait trembler la capitale en s’attaquant à l’entourage de personnalités célèbres et aux policiers qui enquêtent sur son cas. En plus de la terreur, il sème derrière lui de curieux symboles ésotériques et, dans la gorge de ses victimes, un domino double. La presse accuse « Double Six », un ancien bagnard au torse tatoué, dont la rumeur dit qu’il aurait plusieurs vies. Le préfet Lépine confie l’affaire à l’inspecteur Lacinière, un Rennais sans attaches ni famille, qui monte une petite équipe constituée d’une jeune femme noble aux élans féministes et d’un jeune agent qui n’a pas froid aux yeux. Lacinière est convaincu que Double Six n’est pas le coupable. Pour le prouver, il doit retrouver sa trace entre chien et loup, dans le Paris du début du XXe siècle, et résoudre les énigmes que le véritable tueur élabore à son intention.«
J’avais croisé François Baranger aux Imaginales 2015 et j’avais un peu discuté avec cet illustrateur-auteur qui se trouvait aussi jouer à Diablo III. Je n’ai pas lu son dyptique Dominium Mundi (le space-op ou assimilé n’est pas spécialement ma tasse de thé, mais il a d’excellentes critiques donc je me lancerai peut-être un jour) mais en tant qu’illustrateur, notamment de couvertures de livres et de concept-art (films, jeux vidéos), j’ai déjà pu apprécier son travail. C’est d’ailleurs lui qui illustre ses propres livres.
J’ai suivi la sortie du livre via les réseaux sociaux, et je trouvais le résumé accrocheur – en plus j’adore les histoires qui se passent au tournant du siècle. Lorsque l’éditeur a lancé un concours pour remporter quelques exemplaires dédicacés j’ai tenté ma chance, et 10 jours plus tard je trouvais ce beau pavé dans ma boite aux lettres !
L’Effet Domino fait partie de ces livres auxquels je n’ai pas de reproche à faire : bien construit, narré par la plume précise, mi-figue, mi-raisin de l’auteur, le récit déroule son lot d’intrigues qui entoure les protagonistes et conclut mystères et tranches de vie de façon classique mais efficace. En somme, c’est un bon livre que je conseillerais à tous les amateurs de thrillers et romans policiers.
D’un point de vue plus détaillé j’ai adoré me retrouver plongée dans le Paris de 1907. Le tournant de ce siècle est une période que j’aime énormément (même si je n’aurais peut-être pas adoré y vivre, c’est une autre histoire), et si ça a été l’occasion de me rendre compte que j’avais de meilleures connaissances du monde anglo-saxon que de la France de cette époque, notamment en termes de personnalités, ce n’a pas été sans plaisir : les personnages historiques sont au mieux intégrés de près ou de loin à l’intrigue principale, au minimum évoqués dans le contexte historique – de même que les descriptions et explications du cadre, tout ceci passe très bien. Le passage sur la construction de la station Cité et des tronçons qui traversent la Seine était en particulier très impressionnant. On sent à la fois que Baranger s’est documenté sur son sujet afin de fournir au lecteur un contexte solide, palpable, mais sans transformer non plus son polar en roman historique, et c’est très bien ainsi.
Même si je sais que ce point est toujours sujet à débats chez les lecteurs, sauf en de rares occasions, je dois dire que j’ai plutôt apprécié les personnages, quasiment sans exception, et même quand je ne les aimais pas beaucoup je les trouvais intéressants. J’ai trouvé les héros « vivants », correctement campés dans leurs vies avec leurs mystères et leur caractère.
J’ai beaucoup aimé le personnage de Double-Six, autant le personnage en lui-même que le rôle qu’il joue – j’ai trouvé qu’il éclipsait quasiment le narrateur plus d’une fois, et je me demande si c’était voulu.
L’enquête policière elle-même est je trouve assez originale dans son contexte : en effet on se retrouve en face de ce qui ressemble très fort à un thriller : meurtres à répétition, scènes macabres, indices pittoresques laissés par l’assassin, mais le cadre est un peu ancien pour utiliser ce terme ! Pourtant le rythme est relativement soutenu même si l’enquête ne peut bien évidemment pas avancer aussi vite que dans un roman se déroulant de nos jours (qui eux-mêmes ont parfois recours à des raccourcis peu probables) et qu’il contient de nombreuses ellipses temporelles. J’ai beaucoup aimé le « changement de direction » lors de l’enquête, ainsi qu’une certaine volonté de s’affranchir des stéréotypes du genre, même si cela reste relatif.
Seul petit bémol : j’ai eu des soupçons sur le coupable un peu tôt, mais je me demande si je ne deviens pas de plus en plus tordue et soupçonneuse au fil de mes lectures… Honnêtement je pense que plein de lecteurs auront la surprise finale.
Côté style je n’ai pas non plus grand-chose à dire, l’écriture m’a semblé plutôt sérieuse tout du long, renforçant l’atmosphère sombre et parfois oppressante de l’intrigue, avec juste une touche de légèreté ou cynisme de temps à autre.
Un très bon premier thriller !
Je ne connaissais pas mais je pense que ça pourrait me plaire. Je ne lis pas souvent de thriller historique et pourtant, je trouve ça très sympa 🙂