Sans parler du chien

De Connie Willis. J’ai Lu, 2003. SF humoristique. Bonne lecture. [574 p.]

Titre original : To Say Nothing of the Dog, 1997. Traduit par Jean-Pierre Puigi.

sans-parler-du-chienRésumé : « Au XXIe siècle, le professeur Dunworthy dirige une équipe d’historiens qui utilisent des transmetteurs temporels pour voyager dans le temps. Ned Henry, l’un deux, effectue ainsi d’incessantes navettes vers le passé pour récolter un maximum d’informations sur la cathédrale de Coventry, détruite par un raid aérien nazi. Or c’est à ce même Henry, épuisé par ses voyages et passablement déphasé, que Dunworthy confie la tâche de corriger un paradoxe temporel provoqué par une de ses collègues, qui a sauvé un chat de la noyade en 1888 et l’a ramené par inadvertance avec elle dans le futur. Or l’incongruité de la rencontre de ce matou voyageur avec un chien victorien pourrait bien remettre en cause… la survie de l’humanité !« 

J’ai eu une expérience très bizarre avec cette lecture.

Connie Willis est une auteure dont j’entends énormément parler depuis quelques années (depuis que j’ai mon blog en fait), toujours en bien voire en très élogieux, et j’étais très contente que Lynnae me prête son exemplaire du titre susmentionné même si le titre ne m’inspirait guère et que je n’avais fichtrement aucune idée de quoi ça pouvait parler.

Après examen de l’objet il m’est apparu une référence à Trois hommes dans un bateau de Jérôme K. Jérôme, un livre que je n’ai pas du tout envie de lire depuis qu’on me l’a présenté au collègue (et pourtant les cours de français ont réussi à me faire penser que des livres comme Mme Bovary pouvaient me plaire ! La blague…), mais aussi une histoire de voyage dans le temps qui m’inspirait plus, et des péripéties et intrigues cocasses en série, ce qui a achevé de me conforter dans mon choix le choix de Lynnae ma lecture.

Je vais commencer par une évidence pour toute personne feuilletant un peu cet ouvrage : c’est effectivement cocasse, et l’humour alterne entre situations rocambolesques, jeux de mots, répliques qui tuent et personnages burlesques. J’y ai trouvé un côté très British, très plaisant à ce niveau, et j’ai bien ri et souri. Cependant je trouve que ça se délite un peu vers le milieu de l’histoire (quand le narrateur ne souffre plus de son déphasage temporel qui le rend lyrique et lui cause beaucoup de problèmes de compréhension pendant quelque temps), pour revenir vers la fin.

S’il existait des êtres capables de tenir Lady Schrapnell à distance, c’étaient bien ces Grandes Inquisitrices qu’étaient les infirmières.

L’intrigue en elle-même tourne autour d’un objet « de quête », à retrouver à toute force : la potiche de l’évêque. Où est donc passée cette maudite potiche, nul ne le sait mais les héros s’escriment à la retrouver sur plus de 500 pages et je dois féliciter Miss Willis d’avoir su tenir une intrigue aussi simple sur autant de temps. Cette intrigue majeure s’accompagne d’une deuxième intrigue : retrouver la Princesse Arjumand, dont je ne vous dirai pas plus dans cette chronique.

Mais. Malgré un début très fun, des personnages attachants, une incroyable incursion dans Oxford (aaaaah Oxford <3), bref, tout un tas d’éléments qui ne pouvaient manquer de me plaire, je me suis ennuyée. Pas énormément, pas au point de lâcher le livre non plus, mais beaucoup trop considéré le potentiel de plaisir que j’avais entre les mains. La faute à ? Un rythme que j’ai fini par trouver lent, paresseux, qui se traîne à n’en plus finir sur les 200 pages du milieu, ou l’intrigue principale nous est régulièrement rappelée sans qu’elle semble avancer d’un iota, au milieu d’évènements pas folichons et pas si nombreux que ça qui me distrayaient mais sans plus. J’ai mis 3 mois à lire ce livre et ce n’est juste pas possible, et c’est un peu de sa faute même si je ne suis pas dans une période de grande lecture. Heureusement j’ai retrouvé un peu d’entrain (j’ai eu l’impression que les personnages aussi, en fait) sur la fin, mais le gros passage à vide m’a véritablement gâché l’hilarité et l’exaltation pétillante que je ressentais sur les premières pages et que je n’ai pas réussi à retrouver.

Si j’ai globalement beaucoup aimé les personnages principaux il y en a un ou deux secondaires qui m’ont assez agacée, même si je comprends très bien leur valeur narrative. Je me suis également sentie un peu perdue au début au milieu de cette foule de chercheurs, mais finalement ce n’était pas très important de bien tous les différencier, il y en a plusieurs qui sont très mineurs à l’histoire.

En fait ce livre regorge : de personnages, de vannes (et d’écluses aussi), de poissons, d’animaux de compagnie parfois très encombrants, mais aussi de beaucoup, beaucoup de références majoritairement littéraires. J’en ai reconnu beaucoup (parfois ce n’est pas compliqué car très explicite) mais je pense en avoir raté pas mal aussi, et si c’est quelque chose qui vous botte ce livre devrait vous plaire juste à cause de ça, si le reste de l’histoire de vous rebute pas bien entendu. Pas mal de références ne font pas partie de choses que j’apprécie ou que j’ai envie de lire, et là aussi ça m’a un peu refroidie, mais j’applaudis le geste qui devrait mieux marcher avec d’autres lecteurs.

Lorsque je parle de voyage dans le temps cela ne devrait pas faire peur même aux très faibles amateurs de SF, ou ceux qui le sont sans le savoir encore : s’il y a bien entendu des considérations d’ordre physique ça reste relativement passager, l’essentiel de l’action et de la narration étant axée sur le XIXe siècle où sont propulsés nos deux voyageurs dans 80% du bouquin. Le côté SF, même si présent, reste donc très léger. J’ai trouvé un côté assez austenien au reste, en fait, avec toutes ces considérations sur la société, les fanfreluches, la place des femmes, la superficialité, l’Histoire… de très bonnes idées plutôt bien menées. On en oublierait presque la potiche ! Et si vous vous référez deux paragraphes au-dessus ça a justement été mon problème. Mais ça fait quand même un point qui n’est pas si mauvais.

Au final si cette lecture a déçu mes attentes je ne peux pas en dire vraiment du mal car je lui trouve plein de qualités. Peut-être aurai-je plus de chances avec un autre titre de l’auteure ? J’ai toujours très envie de lire le Grand Livre, par exemple, qui m’a l’air d’être sur un autre registre.

Chroniques d’ailleurs : Lynnae, Sia d’Encres

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4 réflexions au sujet de « Sans parler du chien »

    • Oui, comme je le disais elle m’a perdue en route mais je ne pense pas que ce sera le cas pour la plupart des lecteurs non plus, je ne saurais honnêtement déconseiller ce livre.

  1. Je l’ai lu, ainsi que Le Grand Livre ! J’ai beaucoup aimé les deux, même si je reconnais que Le Grand Livre reste mon préféré, justement pour son côté beaucoup plus prenant que celui-ci ! Je t’encourage donc à le découvrir sans hésiter 😉

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