Eternalis

De Raymond Khoury Pocket, 2008. Thriller. Médiocre. [566 p.]

Titre original : The Sanctuary, 2007 ; trad. par Jacques-Hubert Martinez.

eternalisRésumé : « Bagdad, 2003. L’armée américaine fait une étonnante découverte : un laboratoire souterrain dans lequel sont entassés les cadavres de dizaines d’individus ayant visiblement servi de cobayes pour de terribles expériences. Seul indice, sur le mur d’une des cellules de torture a été tracé un ouroboros, serpent qui se mord la queue. Beyrouth, 2006. Mia, généticienne en mission au Liban, assiste à l’enlèvement de sa mère, Evelyn.Archéologue passionnée, cette dernière négociait l’achat d’un livre rare, un codex orné d’un ouroboros. Prête à tout pour la retrouver, Mia fait équipe avec un agent de la CIA, et se lance dans une véritable course contre la montre à travers tout le Moyen-Orient.« 

Croyant attaquer un énième et sympathique thriller sauce ésotérique, ce livre comporte tellement d’incohérences qui m’ont sauté aux yeux que je le finis sérieusement agacée et très peu divertie.

Pourtant, ça ne commençait pas si mal : si le titre français en dévoile peut-être un peu trop (et le titre anglais pas assez), la couverture à l’Ourobouros et les quelques premières pages aiguillent après tout assez bien le lecteur averti – et pour être honnête je pense que même le lecteur non-averti aura imaginé le « Grand Secret » assez rapidement.

Cependant j’ai aussi trouvé un arrière-plan de type assez journalistique sur les difficultés socio-politiques du Moyen-Orient, avec une focalisation sur l’Iran moderne (années 2000) et le trafic d’œuvres archéologiques volées tout à fait intéressante et instructive pour ma part. Plusieurs personnages secondaires sont développés en ce sens, et franchement je m’attendais à ce que même les « méchants » aient de vraies motivations réalistes au-delà des motivations ésotériques que je m’attendais bien à trouver (et qui tiennent également sur un timbre-poste).

En fait il y a de bons éléments dans ce livre, et à la limite je me dis peut-être aurait-il mieux fallu que l’auteur s’en tienne à de l’historique ou du politique pur ? Parce que là en fait c’est le mélange des deux qui ne va pas. D’un côté on a un contexte sérieux, qui semble très réaliste (je ne m’y connais pas, mais bon au moins ça y ressemble), et à côté des personnages de fiction qui ne sont pas toujours très cohérents dans leurs actions ou motivations, et un scénario « thriller ésotérique » qui pour moi n’en est pas vraiment un, et tient avec de la ficelle bon marché, quand l’auteur n’est pas passé au scotch ou à la patafix. J’ai pour tout dire eu l’impression que ce livre avait été écrit à quatre mains par deux auteurs aux styles et maîtrises complètement différentes : même au niveau de la forme, si la syntaxe se révèle presque toujours bonne voire très bonne, il y a quantité de dialogues étranges pour ne pas dire bizarres, de répliques boiteuses ou de passages qui ne font pas vraiment sens, dans les parties narratives « thriller ». Par contre la partie « documentaire » se tient beaucoup mieux.

Si vous souhaitez vous faire du mal / ne jamais lire ce livre, voici les détails que j’en retiens :

Le traître : ok, je ne m’y attendais pas. Mais après qu’il ait trahi tout le monde plusieurs fois car c’est un être vil, cupide et égoïste et qu’il a même tué des innocents en passant pour servir uniquement son ambition personnelle, la (pas si) jeune et naïve héroïne décide de…  lui refaire confiance ? Mais, mais ?? Et par le pouvoir de sa confiance et de sa gentillesse sa prise de risque est récompensée et le méchant se repent sincèrement d’être un salaud… Eh les gars je crois qu’on tient un scénario de Disney, là ! (au moins)

Les personnages « enquêteurs » qui ne pensent qu’à un élixir de jeunesse / recherche d’immortalité qu’au bout de 400 pénibles pages, alors qu’ils ont l’ourobouros depuis le début et que c’est un symbole ultra commun de renouveau / éternité – je suppose qu’au cours de ses recherches autour de la page 200 l’héroïne a du zapper tous les documents qui en parlaient justement. Pas de chance. Et quand ils ont enfin l’idée que le grand vilain docteur fou cherche à obtenir la jeunesse éternelle, ils ne vont pas tenter de comprendre pourquoi ou comment, pour le rechercher plus efficacement et délivrer au plus vite la môman de la demoiselle, non, non, ils préfèrent discuter pendant deux pages des possibilités médicales actuelles de rallonger la vie.

Le coup du père disparu qui se révèle être un des personnages principaux. Parce que.

La mère ne sert à rien sauf à se faire enlever alors que c’est le personnage principal des premières pages, qu’elle est archéologue, et qu’elle non plus l’ourobouros, pfff : connais pas, pas d’idée.

La Vengeance est un plat qui se mange froid. Mais très très froid. Et j’avoue ne pas avoir toujours suivi les motivations de ce personnage, qui en 500 ans aurait sans doute mieux fait d’aller consulter un psychothérapeute et de se mettre au yoga au lieu de s’exciter comme ça. (Je pense que le fil narratif s’est retrouvé trop dilué au fil des pages, ça m’a perdue)

Certains ont aimé, d’autres pas. Je fais partie de la catégorie qui relevait les incohérences une par une avant la moitié du bouquin. Y’a des fois comme ça.

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2 réflexions au sujet de « Eternalis »

  1. Bien bien bien ; j’en avais lu un autre du même auteur, auquel je reprochais à peu près les mêmes choses, je vais donc passer mon chemin sur la suite 🙂
    (Avec en bonus, à la fin : « On tient enfin le document qu’on cherche depuis le début, après 500 pages d’une lenteur exaspérante pour le lecteur.
    – Non mais je pense que ça traumatiserait la communauté chrétienne de savoir ce que renferme potentiellement ce truc, vaut mieux s’en débarrasser sans l’ouvrir.
    – Ok, faisons, ça !
    Et hop, jeté dans la mer. »
    Mais, mais, MAIS… Quel était l’intérêt, du coup ?!)

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