Le Mystère Sherlock

De J. M. Erre. Pocket, 2012. Policier humoristique. Très bonne lecture. [260 p.]

9782266233552Résumé : « Meiringen, Suisse. Les pompiers dégagent l’accès à l’hôtel Baker Street, coupé du monde pendant trois jours à cause d’une avalanche, et découvrent un véritable tombeau. Alignés dans la chambre froide reposent les cadavres de dix universitaires qui participaient à un colloque sur Sherlock Holmes. Le meilleur d’entre eux devait être nommé titulaire de la toute première chaire d’holmésologie de la Sorbonne. Le genre de poste pour lequel on serait prêt à tuer… Hommage à Sherlock Holmes et à Agatha Christie, rebondissements, suspense et humour (anglais) : « Élémentaire, mon cher Watson ! »« 

 

Un pastiche d’enquête de Sherlock Holmes, voilà qui m’a parlé tout de suite. En fait je me demande si je n’avais pas déjà croisé le livre sur les étagères de la médiathèque il y a quelques années – je devais avoir trop de livres en main déjà à ce moment, j’imagine !

Cela faisait un petit moment que je n’avais pas décrété qu’un livre était quasiment un coup de cœur dès les premières pages, ni que j’avais eu une furieuse envie de le prêter de gré ou de force à un maximum de personnes. Au bout d’une ou deux pages je me bidonnais toute seule dans mon arrêt de bus, je regrettais de ne pas avoir acheté Sherlock Holmes, une vie, aux dernières Imaginales (super, je sais quoi prendre à Xavier Mauméjean la prochaine fois ! 🙂 ), et j’avais plus ou moins Étoile des neiges en tête à cause du contexte montagneux trop clichéisé.

Le récit comporte un « tiroir » : le début et la fin se déroulent dans notre présent narratif et s’articulent autour du groupe de recherche et d’enquête qui découvre les corps des dix holmésiens, alors que la partie médiane du livre (90%) est composée d’extraits des journaux desdites victimes et de narration faisant le lien entre eux. C’est donc un assemblage assez sympathique et, j’ai trouvé, assez dynamique. Je ne suis pas toujours très friande des journaux intimes, en tout cas ce n’est pas quelque chose que je recherche même si je reconnais que le style sert assez bien certains genres ou histoires ; mais ici cela marche très bien car on nous offre à chaque fois un seul point de vue, c’est donc bien – vu – pour une intrigue policière. En effet, humour décapant et omniprésent ou pas, l’intrigue reste très prenante et assez classique dans son déroulé – une référence est donnée vers la fin du livre, mais je n’avais pas attendu l’auteur pour y penser et je pense que ce sera le cas pour beaucoup de lecteurs de littérature policière, déjà à la lecture de la 4e. Cependant, on peut regretter que Erre parte du principe que le lecteur ait lu Christie et nous dévoile la chute d’une de ses œuvres les plus célèbres…

L’enquête menée par les apprentis détectives (qui sont bien plus doués dans leurs maniaqueries respectives et leurs citations du Maître qu’en tant qu’enquêteurs !), bien que piétinant fortement, en apprend beaucoup au lecteur sur les nombreux suspects, leurs caractères et motivations, ainsi que pas mal de détails de leur vie. Compte tenu de la nature fortement humoristique du livre c’est autant intéressant que divertissant. J’ai regretté une petite longueur, un léger plombage dans la continuité de l’humour quand Eva von Gruber entre en scène. Les blagues graveleuses et la cour de ces messieurs, ça me va deux minutes, mais j’aime  bien alterner avec autre chose parce que je lis un pastiche de Conan Doyle, et pas le journal de Bridget Jones… En fait après quelques pages ça s’est calmé et l’on est revenu également aux autres contextes humoristiques.

Tous les clichés étaient convoqués pour faire de cette scène un moment inoubliable de beauté, de pureté et de Walt Disney.

Puisque tout se passait derrière lui et que sa parano commençait à se réveiller, le lieutenant Poséidon fit ce que des années d’entraînement au sein des troupes d’élite des soldats du feu lui avaient appris en termes de prise d’initiative et de réactivité : il se retourna. 

[L]e septième jour, au paroxysme de cet élan créatif sans précédent (et pour cause), Dieu inventa le farniente. Ce fut un choc. Dieu se dit que cela était superbon, et depuis on n’a plus de nouvelles.

Le meurtre moderne, c’est un peu comme la nouvelle cuisine : on va chercher des influences un peu partout, on fait des mélanges, et neuf fois sur dix, on est déçu. là, on avait un bon vieux crime à l’ancienne, une valeur sûre. Le surin dans le palpitant, c’est le pot-au-feu du meurtre.

La conclusion de l’enquête m’a fait sourire, mais j’ai surtout trouvé la chute du livre géniale. J.M. Erre tire un trait en dents de scie sur son enquête, abandonnant plus ou moins le lecteur à ses réflexions et ses doutes après l’avoir appâté, un peu comme ces fanatiques de Sherlock Holmes en huis-clos dans leur hôtel miteux. Personnellement, je choisis de croire à une de ses propositions en particulier…

Une enquête décalée avec un humour provoquant et cliché, pas toujours très subtil il est vrai mais incroyablement distrayant. A déguster.

 Chroniques d’ailleurs : Une tasse de culture, Des livres, des livres !

La page Facebook de l’auteur : J. M. Erre
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4 réflexions au sujet de « Le Mystère Sherlock »

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