De Jane Austen. Flammarion, 2015. Comédie romanesque. Très bonne lecture. [248 p.]
Titre original : Northanger Abbey, 1817.
Résumé : « Catherine Morland est une jeune fille dont l’esprit déborde d’imagination. Passionnée de littérature gothique, elle brûle de découvrir le monde, qu’elle se figure identique à ses rêveries. L’occasion se présente quand elle est conviée à séjourner dans la ville de Bath par ses voisins, Mr et Mrs Allen. Catherine prend alors conscience des tourments de la vie mondaine mais fait la rencontre du bel Henry Tilney. Quand ce dernier l’invite à passer quelque temps dans la demeure familiale, l’antique Abbaye de Northanger, Catherine est aux anges. Ses espoirs si romanesques seront-ils déçus?«
Lu dans le cadre d’un partenariat.
Lorsque j’ai reçu la dernière sélection Flammarion jeunesse je n’ai pas longtemps hésité à choisir ce classique parmi les autres titres (je trouve en plus l’édition très jolie). Même si pendant de longues années je n’avais pas envie de découvrir les écrits de Mlle Austen, les prenant pour des romances peu susceptibles de m’intéresser, ma première rencontre avec la grande dame anglaise a finalement été un moment très plaisant et beaucoup plus drôle que je ne l’aurais parié. Une seconde lecture de ce nom s’imposait donc !
N’ayant pas lu l’oeuvre originale je ne saurais émettre d’avis comparatif dans ce sens, et me dois de rester nuancée dans mes propos : l’aperçu qui suit s’applique à cette version, éditée en jeunesse donc peut-être arrangée pour un public plus jeune, et bien sûr traduit en français.
J’en profite pour éliminer ce point d’office : la traduction de Michel Laporte m’est apparue comme excellente, j’ai retrouvé la verve et le phrasé délicat – mais parfois très incisif ! – de l’auteure, et le style à la fois ancien et ampoulé. Superbe !
Le public visé m’a paru nettement plus jeune (et innocent ?) que celui visé par Orgueil et Préjugés : l’héroïne a 17 ans mais des réactions extrêmement naïves, et des préoccupations qui sont plus celles d’une enfant que d’une adulte en devenir. Tout en l’appréciant pour sa fraîcheur, et aimant me moquer d’elle régulièrement en compagnie de Jane Austen (qui se fait un malin plaisir d’encourager le lecteur dans ce sens), je n’ai pas réussi à me sentir proche d’elle, ou juste un peu en me rappelant ma propre jeunesse. Ceci dit le ton donné par l’auteur est clairement plus celui du divertissement que de la réflexion intense ou de la critique sociale détaillée que j’ai pu lire à côté, et toute la structure et les rebondissements de l’intrigue vont dans ce sens. Bien sûr, la société n’est tout de même pas oubliée, et l’on trouve des stéréotypes ridiculisés à foison, avec lesquels l’auteur joue comme avec des marionnettes, les faisant entrer et sortir de l’intrigue à la manière d’une pièce de théâtre. J’ai par exemple adoré détester John Thorpe et son attitude de coq prétentieux et mythomane ; j’ai beaucoup admiré la figure douce et fidèle d’Eleanor Tilney, une amie parfaite en tous points ou presque ! – et je ne vous dévoilerai pas tout sur les autres personnages ou vous n’aurez plus de raisons d’aller découvrir ce petit roman sans prétentions qui se lit très bien. En filigrane, l’auteure en profite également pour faire un plaidoyer en faveur du roman, genre déconsidéré à son époque.
« Si l’héroïne d’un roman ne peut pas être défendue par l’héroïne d’un autre, de qui peut-elle attendre soutien et estime ? Cela, je ne puis l’approuver. Laissons aux critiques le soin de maltraiter à volonté les effusions de fantaisie, et, chaque fois que paraît un nouveau roman, le loisir d’aligner des formules rebattues sur les insanités qui font se lamenter la presse actuellement. »
« (…) Combien d’individus endurcis par le crime Catherine n’aurait-elle pas pu citer ? Elle en connaissait des douzaines qui s’y étaient complu sans remords jusqu’à ce qu’un trépas sanglant ou le cloître ne referme leur destin. »
Catherine Morland, en effet, au cours de ses vacances, va faire plusieurs rencontres qu’elle aura bien du mal à apprécier à leur juste valeur ; on rit régulièrement de ses maladresses et de son imagination fertile – imagination qui tombe aussi parfois à zéro alors qu’elle aurait de quoi se nourrir…^^ J’ai été un petit peu étonnée que le titre ne corresponde qu’à une petite moitié du livre, je m’attendais à voir cette Abbaye en arrière-plan pendant plus de temps que cela. Cependant cette partie recèle quelques perles d’hilarité. Ceci dit je n’ai pas du tout été déçue de l’histoire dans l’ensemble, les péripéties (réelles et mentales) de Catherine m’ont parues très équilibrées sur toutes les pages, avec un ou deux points culminants bien placés.
Un classique très moderne dans son dynamisme et son approche, qui s’offre autant en comédie qu’en critique sociale légère. Jouant avec les clichés et les tourments de l’adolescence, Jane Austen nous divertit le temps d’un été anglais.
Chroniques d’ailleurs : Le Chat du Cheshire, La biblio de Gaby, Des livres, des livres !, Une tasse de culture
Finalement je n’ai lu qu’Emma et Orgueil et préjugés de Jane Austen, c’est une auteure que je dois découvrir encore avec ses autres romans!
Je ne sais même pas si elle en a écrit tant que ça… je n’ai pour le moment pas l’intention de tout lire d’elle à tout prix, mais j’en lirai d’autres à l’occasion je pense.
Ta mention d’adaptation pour la jeunesse et de la traduction me rappelle cet article réalisé par une professeur de lettres classiques à la retraite. Il y a d’ailleurs une petite ligne sur ta version : « Une traduction « condensée » de Michel Laporte, qui paraît dans la collection du Livre de poche jeunesse en 2011, bénéficie d’une fiche pédagogique à l’intention des classes de troisième et seconde. » 🙂
Cette édition n’a pas intégré de fiche pédagogique, elle a été plutôt conçue comme un objet de « collection » vu le soin apporté au décor du livre, même si cela reste un broché.
Vu qu’il ne s’agit pas du même éditeur, c’est en effet curieux que le traducteur ne soit mentionné que pour le Livre de poche jeunesse (à moins d’avoir mal regardé).
Ce livre est dans ma pal ! Hâte de le découvrir !
C’est un classique que je conseillerais sans hésiter à n’importe qui ayant envie d’une lecture légère pour l’été, mais aussi un très bon auteur.
Pas mon préféré de Jane Austen, mais excellent évidemment !
J’en ai lu trop peu (2) pour le moment pour les classer dans ma tête ! ^^
Je trouve aussi la plume de Jane Austen emplie de modernité ! Je n’ai pas encore lu celui-ci mais cela ne saurait tarder… Merci 🙂
J’ai failli ne pas découvrir cet auteur, j’en avais une vision très vieillotte avant de lire certains avis sur la blogosphère et de me lancer sur Orgueil et Préjugés.
Ce n’est pas du tout mon genre de lectures, mais je dois dire que rien que pour la couverture, je pourrais craquer 🙂
Honnêtement, ce n’est pas le genre de livre après quoi je cours d’habitude. ça n’aurait pas été du Austen que je ne l’aurais probablement pas lu.