De V. M. Zito. Calmann-Lévy (Orbit), 2013. Science-fiction / zombies. Très bonne lecture. [368 p.]
Titre original : The Return Man, 2012.
Résumé : « L’infection zombie a séparé les États-Unis en deux. L’Est, la Zone Libre, est complètement bouclé : personne n’y entre, personne n’en sort. L’Ouest, la Zone Occupée, a été abandonné aux morts. Henry Marco est pourtant resté dans le Nevada. Mercenaire au service des familles de l’Est, il traque et tue les zombies qu’on lui désigne, permettant aux proches de faire leur deuil. Maintenant le Ministère de l’Intérieur a besoin de lui pour une mission délicate : retourner en Californie, où tout a commencé. Retrouver un homme. Rapporter un secret.
Mais dans l’Ouest ravagé de l’Amérique, tout est possible. Surtout le pire.«
Comme je l’ai déjà dit, je reste une néophyte en termes de zombies : si je reconnais les images de la licence Resident Evil et suis maintenant la série de comics The Walking Dead, mon expérience ne va pas tellement plus loin – question ciné je suis très impressionnable donc j’évite ce qui est estampillé « horreur » sauf avis éclairé d’un proche, et côté bouquins ça se limite à peu près à ce que vous pourriez trouver sur ce blog : World War Z et l’Évangile cannibale, avec peut-être Simetierre de King (?). Par exemple, au dos de ce bouquin on parle de Romero et Matheson… Voui, voui, mon ignorance va (pour le moment ! :p) jusque-là ! (J’ai noté Matheson en tant qu’auteur à découvrir, cependant)
Après cette petite parenthèse qui je suis sûre vous a divertis, mon avis général : j’ai beaucoup aimé, et trouvé plein d’idées originales ! Néanmoins il m’a manqué un petit quelque chose, peut-être vers le milieu / fin de l’histoire, pour être comblée.
La mise en scène de l’histoire m’a bluffée : l’auteur nous dépeint cet Ouest américain retourné à la vie sauvage, redevenu synonyme de danger et d’inconnu, avec ce héros presque londonien perdu dans sa maison fortifiée, tantôt en proie à des démons intérieurs et tantôt semble-t-il en parfaite harmonie avec l’univers qui l’entoure, morts-vivants y compris, qu’il tue pour se défendre ou pour des primes (son « métier »), mais pas « pour le sport », ni de manière paranoïaque. J’ai ici ressenti quelque chose d’assez nouveau pour moi dans le genre : une grande sérénité se dégage des premières pages, et même l’attaque d’une horde de zombies ne provoque ni haine ni peur panique insurmontable chez cet homme habitué à eux, et aussi d’un certain stoïcisme ! Impossible de trouver ça par exemple chez TWD, où tous les humains semblent résolus à poutrer du zomb’ et, de manière générale, ne trouvent aucune paix à partager un territoire avec eux, même de loin. Cette approche « douce » de la mort et de la Résurrection (nom du phénomène ici) m’a beaucoup plu, et est je trouve traitée plutôt bien dans disons une grande partie du début du livre. En même temps, l’homme souffre non pas du présent hostile mais de sa vie passée, qui le hante fréquemment (je n’en dirais pas plus, c’est un des grands axes du roman !).
Ce qu’on nous présente comme l’intrigue principale, cette histoire de voyage jusqu’au cœur du problème, est à la fois hyper prévisible et commun et aussi assez logique quelque part – il y a eu un souci, on essaie d’y remédier (ou pas… :D). Et justement c’est à ce moment-là que l’auteur décide de nous surprendre une fois de plus en s’engageant non pas purement dans le survival horror, mais dans un certain jeu de pouvoir entre les différents protagonistes et parties qui nous ont été présentées. A propos de protagonistes j’ai beaucoup aimé le personnage de Wu également, même si lui aussi a semblé avoir un « coup de mou » question qualité et développement vers la fin du récit.
L’opposition et parfois le rapprochement entre les deux personnages principaux crée une atmosphère particulière, inhabituelle par rapport à tout ce que j’ai pu lire dans le genre jusqu’à présent, qui semble se focaliser plus sur les groupes. Zito trouve son équilibre entre tension et introspection, refusant l’hystérie au profit de la méditation, de la remise en question et aussi d’une acceptation générale qui transparaît parfois sous forme de froideur ou de recul par rapport à la situation, mais n’est jamais synonyme de résignation. Les scènes sanglantes ou gore, inévitables et assez nombreuses, semblent en fait continuellement balayées par les préoccupations personnelles des personnages qui paraissent s’en accommoder d’une manière ou d’une autre, même si elles ne sont pas sans affecter leur psyché sur le long terme.
Le ton assez scientifique m’a beaucoup plu, là aussi on s’éloigne des styles populaires pour se rapprocher presque de Crichton par moments, même si l’œuvre n’est pas dénuée de sentiments. Le style de l’auteur est assez classique, cynique et humoristique mais pas franchement original : disons que ça se lit bien sans être de la littérature de grande qualité. Néanmoins je laisse un certain doute en sa faveur car j’ai trouvé une ou deux coquilles typo (« tâche » au lieu de son homologue sans accent) et de traduction (« Pourvu qu’elle récupère ses billes. » – qui m’a fait exploser de rire à l’arrêt de bus –‘ Pourtant « to lose one’s marbles » n’est pas une expression rare !).
Un bon ouvrage assez complexe dans sa structure et son développement, sur le thème de l’apocalypse zombie (au niveau américain), qui m’a beaucoup plu. J’ai seulement regretté que les scènes d’action et les évènements trop prévisibles finissent par prendre le pas vers le milieu du livre, jusqu’à la fin ou presque – malgré quelques retournements de situation un minimum assumés, me laissant au final une moins bonne impression que celle que j’avais après avoir lu 30 pages.
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J’ai apprécié le héros, il fait des choix peu évidents (que je n’aurai sans doute pas pu tenir à sa place). Et le métier de tueur de zombies, ça, c’était nouveau ; je ne l’avais encore jamais croisé au fil de mes lectures. Iras-tu voir l’adaptation cinématographique ?
Oui, ce point en particulier m’a beaucoup plu, ainsi que son côté « ours solitaire » : en général c’est l’inverse, les gens dans ce type de littérature ne souhaitent qu’une chose, c’est retourner vers les autres humains, coûte que coûte ! 🙂 Je ne sais pas pour l’adaptation, j’ai tendance à être beaucoup plus impressionnable quand je regarde un film que quand je lis.
Ce n’est pas vraiment le genre de littérature que je lis régulièrement… tout ce qui touche aux zombies me rend un peu perplexe, et j’ai souvent peur que cela tombe trop dans le gore ! malgré ta petite déception, je me dis que pourquoi pas pour celui ci 🙂
C’est un roman qui m’avait fait de l’œil au moment de la sortie mais les chroniques n’avaient pas été complètement transcendantes oscillant entre le bon et le moins bon. Après avoir lu ta chronique je vais peut-être finalement me laisser tenter.