Le Fantastique anglo-saxon

De Françoise Dupeyron-Lafay. 1998. Essai / publication universitaire. Excellente lecture.
Sous-titré : Au-delà du réel
fantastiqueRésumé : « Cet ouvrage s’adresse aux (futurs) lecteurs, étudiants et amoureux du fantastique, qu’ils soient ou non anglicistes, et couvre la période allant des années 1820 à la fin de la Première Guerre mondiale, ainsi que les prolongements du fantastique à l’époque contemporaine. Il vise à définir la notion complexe de  » fantastique  » et à délimiter les caractéristiques et les frontières génériques de cette écriture de l’altérité. La réflexion sur la narration, le temps, l’espace et quelques situations et thèmes récurrents du fantastique est conduite à travers l’étude pratique de textes d’origine variées (anglais, irlandais, américains) et de longueurs diverses, du roman à la nouvelle. Le choix du corpus, tout en étant guidé par la notion de certains passages obligés comme H. James, Poe, M. Shelley, Stevenson, Stoker, Wells ou Wilde, a été dicté par un souci de nouveauté. Car certains auteurs, moins connus, excellent aussi dans cette écriture de l’imaginaire et du voyage de l’autre côté du réel.« 
En ces temps obscurs où les masses abêties ne savent plus utiliser les mots avec discernement, cette lecture me fait l’effet d’un bon bain intellectuel ! :p

Bien sûr je ne suis pas suffisamment au fait des études littéraires diverses et variées qui ont déjà eu lieu autour de ce thème pour conclure à la bonne qualité universitaire de ce livre ; cependant je l’ai trouvé organisé, clair, et plutôt bien documenté – encore que, pour un ouvrage dit universitaire, j’aurais peut-être attendu un peu plus d’exemples d’auteurs au fil du texte, au lieu de simplement avoir une grande liste finale.
Cette synthèse sur le fantastique propose pour commencer une définition, ou tentative de définition, du genre. Même si les chercheurs ne sont pas tous d’accord sur les détails, on est bien – comme je me tue parfois un peu trop à le répéter à des gens bornés/ignares/persuadés que ce mot est « in » et peut tout désigner du moment qu’il y a du surnaturel dans l’histoire, peut-être aussi malheureusement un peu les victimes de certains éditeurs et journaleux – on est bien dans de la littérature de l’« altérité », de la « limite », tour à tour « écriture de la rupture », ou « irruption de l’inacceptable dans le quotidien », inacceptable « générateur de désordre, de chaos ». Après quelques paragraphes intéressants sur l’aspect (but) déstabilisant, que ce soit pour le héros ou le lecteur, l’auteur précise que le récit ou la nouvelle fantastique est, par convention, une « belle œuvre », quelque chose d’écrit soigneusement, justement afin de renforcer les codes et éléments à la fois du « miroir du réel » et de la rupture qui l’affecte*.
Après la partie définition vient une partie historique : en partant du gothique mais également avec quelques mots sur le merveilleux en contre-exemple, via les différentes facettes du fantastique qui ont pu se développer, puis les tendances périodiques et leurs composantes particulières, et un bon tas d’auteurs qui ont écrit du fantastique ou du gothique, plutôt cités que véritablement exploités en tant qu’exemples, mais que j’ai tout de même pris en note quand je ne les avais pas lus : Walpole, Radcliffe, M.G. Lewis, Clara Reeve, Jane Austen, Wilkie Collins, M.E. Braddon, Henry James, Gaskell, Nesbit, Fitz-James O’Brien, Vernon Lee…
J’ai beaucoup repensé à ce cours sur le fantastique que j’ai eu en 4e, il m’a semblé me souvenir de certains points au fur et à mesure de ma lecture, c’était agréable et enrichissant.
Un livre que je conseillerais autant aux débutants qu’aux personnes plus avancées dans la connaissance de ce genre littéraire, car il est en même temps facile d’accès et rapide à lire, mais il contient également un bon nombre de références.
* Tout ceci me rappelle un ouvrage que je n’ai pas encore dans ma bibliothèque, mais qui pourrait bien y entrer un jour : Masques dans le miroir, de William Schnabel (éditions la Clef d’Argent). L’auteur se focalise au départ sur l’œuvre de Lovecraft, mais, afin de l’expliciter, rappelle en les illustrant certains codes du fantastique qui ne se rapportent pas qu’à cet écrivain.
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