De Max Brooks. 2009. Science-fiction « historique »/ uchronique. Impression mitigée.
Titre original : le même, paru en 2006. En fait, « World War I » est la dénomination anglaise (américaine aussi) pour la Première Guerre Mondiale (pareil pour WWII). Le titre équivaut donc à « Zombie Guerre Mondiale », ou « Guerre Mondiale contre les Zombies »
Résumé :« La guerre des Zombies a eu lieu, et elle a failli éradiquer l’ensemble de l’humanité. L’auteur, en mission pour l’ONU – ou ce qu’il en reste – et poussé par l’urgence de préserver les témoignages directs des survivants de ces années apocalyptiques, a voyagé dans le monde entier pour les rencontrer, des cités en ruine qui jadis abritaient des millions d’âmes jusqu’aux coins les plus inhospitaliers de la planète. Il a recueilli les paroles d’hommes, de femmes, parfois d’enfants, ayant dû faire face à l’horreur ultime. Jamais auparavant nous n’avions eu accès à un document de première main aussi saisissant sur la réalité de l’existence – de la survivance – humaine au cours de ces années maudites. Depuis le désormais tristement célèbre village de Nouveau-Dachang, en Chine, là où l’épidémie a débuté avec un patient zéro de douze ans, jusqu’aux forêts du Nord dans lesquelles – à quel prix ! – nombre d’entre nous ont trouvé refuge, en passant par les Etats-Unis d’Afrique du Sud où a été élaboré l’odieux plan Redecker qui finirait pourtant par sauver l’humanité, cette chronique des années de guerre reflète sans faux-semblants la réalité de l’épidémie. Prendre connaissance de ces comptes-rendus parfois à la limite du supportable demandera un certain courage au lecteur. Mais l’effort en vaut la peine, car rien ne dit que la Zème Guerre mondiale sera la dernière. »
Par quoi commencer ?
J’ai vu le film avec Brad Pitt il y a quelques semaines, encore un « blockbuster » (je vais faire comme tout le monde et l’employer sans être sûre du sens :p) – enfin un film avec de l’action, des zombies vraiment flippants parce que super rapides, un scénario à la « heureusement je suis là pour sauver le monde », et finalement 2h de divertissement agréable, à défaut de grand cinéma.
N’écoutez pas les gens qui vous disent que le livre est mieux.
Pas parce qu’ils ont tort, non, quelque part c’est très subjectif. Mais parce que comparer le livre et le film c’est à peu près comme comparer Harry Potter et le Seigneur des Anneaux : étranglez les gens qui le font, pendez-les, ou donnez-leur des coups sur le crâne en espérant que ça rentre un jour : on ne compare pas ce qui n’est pas comparable.
Le seul et unique vrai point commun entre les deux histoires c’est le fait que des personnes se transforment en zombies au niveau international, et déciment un gros tas de la population mondiale. Ensuite on peut en trouver un petit, car le « narrateur » du livre appartient à l’ONU. Mais son rôle n’est pas du tout, mais alors du tout du tout, celui du personnage principal du film.
Bref. Côté bons points on a un style très fluide et plutôt bon, des notes de bas de page pour expliquer les choses attenantes au côté dystopique / uchronique, un style d’écriture qui change avec les différents intervenants, ce qui donne un côté réaliste, et des témoins plutôt variés et hauts en couleurs.
Le reste peut être considéré comme bon ou mauvais, selon ce que vous aimez lire. Personnellement, j’ai trouvé ça longuet (à cause souvent des éléments sous-mentionnés), surtout dans les 100 dernières pages.
On sait dès le début comment ça s’est fini, ou plutôt que ce n’est pas encore tout à fait fini. Pas de grosse surprise dans le scénario global, pas de vrai retournement de situation, comme on peut s’y attendre ; en fait ceci n’est pas un roman mais bien une succession de « témoignages », repris de façons « réaliste » par le journaliste qui nous présente l’introduction, et qui se tient toujours là en filigrane, pour diriger les entretiens. On se retrouve donc à lire un genre de dossier, tout à fait dans la veine du journalisme littéraire, literary journalism, autrement dit des documents à valeur médiatique et informative, mis plus ou moins en forme pour former un tout et faire en sorte que le lecteur se retrouve immergé dans l' »ambiance ».
De ce que j’ai appris à la fac, il semblerait que le LJ marche très bien en particulier aux Etats-Unis, et en fait ça m’a très nettement rappelé certains textes qu’on avait étudiés à ce propos. Par contre le souci que j’ai eu c’est que mon cerveau était super conscient que tout ceci était de la fiction, parce que les zombies ça n’existe pas. Du coup j’ai été beaucoup moins touchée par ces témoignages que par ceux de la guerre du Viet-Nam, ou des survivants d’Hiroshima, qui eux sont bien réels. J’aurais aimé avoir plus d’éléments tenant de la science-fiction, de l’aventure, mais en fait, non.
Je pense que le côté réaliste de ces textes, et aussi les nombreuses références justement à ce qui a vraiment existé comme horreurs et guerres sont censées permettre au lecteur de s’immerger dans l’ouvrage tout comme s’il lisait effectivement des témoignages de guerre, je veux dire d’une vraie guerre. Moi je voulais lire un livre de S-F, je m’attendais à un truc genre Stephen King, mais ce n’est pas du tout ça. Je n’aime pas trop lire des livres d’histoire dans l’ensemble, pas si ce n’est pas romancé. De plus vu le nombre de personnages je n’ai eu le temps de m’attacher à aucun d’entre eux, d’autant plus qu’une fois de plus ils ne sont pas réels.
Quelques bémols et notes : j’aurais aimé quelques notes de plus de la part du traducteur ou éditeur, concernant les éléments qui ne font pas partie de la fiction mais du monde et de l’Histoire réelle. Mes cours sur l’histoire des Etats-Unis m’ont servi plusieurs fois, et encore il y a des détails que je n’ai pas compris / dont je ne me rappelais plus et que donc j’ai zappés. Ensuite j’ai fini par comprendre que « Zack » désignait la masse zombie, mais franchement le premier coup que j’ai lu ça je n’étais pas sûre.
Je pense que ce livre est censé se lire comme un livre d’histoire, et pas un livre de science-fiction. Il est très ancré dans les problèmes humains : sociaux, politiques, économiques, questions existentielles et psychologiques… En fait les zombies ne semblent qu’un prétexte pour remettre une fois de plus l’humanité en scène, dans un décor de S-F qui dessert un discours autour de la guerre, de toutes les guerres.
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